L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S

16.5.10

Pachyderme en Djellaba


Dimanche soir gris dans une salle noire, on prend ce qu'y a. En l'occurence, Mammuth de Benoit Delépine et Gustave Hervern.

Ovationné par un gentil critique suisse (Antoine Duplan - le nom tellement parfait que ça peut difficilement être un fake), le film valait-il vraiment le détour? Plutôt oui, dirais-je, tant ce film m'a fait sourire (une rareté en période de révisions, vous comprendrez).

Road trip aux couleurs saturées façon ton-application-iphone-à-photos-soooo-rétro agrémenté d'un paquet de soleil, l'histoire débute sur un gros plan de cadavres de cochons. Charmant haut le coeur. Mais il en faut plus pour désarçonner un acteur de la trempe de Depardieu. L'ami Gérard donc, campe un jeune retraité tout déboussolé après avoir passé sa vie à travailler (dernier job en date: dans l'abattoir desdits cochons). Completely bored, il tourne et tourne en rond comme un vieux lion en cage pendant que sa bonne femme Yolande Moreau vend des morues au Super U. Seulement voilà... selon tout un barzingue administratif, il manque quelques "papelards" au gros lard et comme il faut que l'argent rentre, le vieux réhabilite sa vieille bécane (une Mammuth - encore un nom qu'on a cherché loin) et part à la recherche des quelques fiches de salaire manquantes. La quête semble perdue d'avance mais sert de prétexte à un parcours initiatique de "comment-rendre-sa-vie-moins-pitoyable". On en attendait pas moins.

Oscillant entre pathos et rigolos, le scénario de base pas super inspiré, et l'esthétique pas méga exaltante auraient suffit à condamner d'office le film. Mais c'est surtout les personnages un peu fous qui font le charme de Mammuth. Entre le pachyderme chevelu sur sa moto et le fantôme de son amour de jeunesse, la fausse éclopée voleuse et la folle sculptrice de bébés glauques, la faune bigarée se veut être le portrait de la "France d'en bas" humaine et attachante. Reflet d'un monde où l'on aime les choses simples parce que c'est comme ça, où on se fait traiter de con sans broncher parce qu'on sait que c'est la vérité et où le bonheur se conquiert en djellaba sur un vélo-moteur.

Trop beau. Un peu faux, mais on s'en fiche. Mammuth est de ces films à égayer une morne soirée. Et après ça, promis, j'arrête de complexer sur la taille de mon nez.