L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S

14.5.11

"Je vois un rhinocéros"

MIDNIGHT IN PARIS
de Woody Allen 

Cannes, ça a l'air assez cool à vivre, comme expérience. Malheureusement, cette année, TEA ne sera pas présent sur la croisette parce qu'on est trop occupées ailleurs. Ca n'empêche tout de même pas d'aller voir le  nouveau Woody Allen au cinéma, Midnight In Paris, film d'ouverture de la 64ème édition du festival de Cannes.

Cet énième long-métrage de l'américain prend place dans la capitale française (sans rire), on suit l'histoire de Gil (Owen Wilson), un scénariste pour Hollywood qui se verrait bien écrire un grand roman, nostalgique d'une époque et d'un lieu qu'il n'a pas connus : le Paris des années 20. De passage à Paname avec sa fiancée insupportable Inez (Rachel McAdams) et ses beaux parents conservateurs au possible, il préfère délaisser la compagnie de sa future famille et vadrouiller dans les rues, sous la pluie de préférence, en quête d'inspiration, tandis qu'Inez sort avec un ancien camarade de classe, présomptueux jusqu'à la caricature, et sa femme. On se voit déjà dans un film névrotique à la Allen, les problèmes d'un couple bourgeois mal assorti, avec des péripéties aussi énervantes que déjà-vues.

Sauf que pour une fois, Woody Allen sort un peu de ses propres sentiers battus et propose un voyage dans le temps, moins fun que Retour Vers Le Futur, mais pour autant très plaisant. A minuit, tous les soirs, une vielle Peugeot sortie dont ne sait où embarque Owen Wilson dans les années 20. Et pas avec n'importe qui, sinon ce n'est pas intéressant. Gil va rencontrer le couple Fitzgerald, Ernest Hemingway, donner son manuscrit à Gertrude Stein, voir Cole Porter à un piano et discuter dans un café avec Dali (Adrien Brody, tellement excellent qu'on regrette de ne le voir que si peu), Luis Buñuel et Man Ray (entre autres). Lors d'une de ces folles nuits, il rencontre et tombe amoureux de la maîtresse de Picasso/Hemingway/Modigliani, la Française Adriana, campée par une Marion Cotillard même pas agaçante, pour une fois. 

Comme pour s'excuser d'avance, Woody Allen explique qu'il a voulu faire de ce film une carte postale, un Paris fantasmé. Ouais, il n'empêche que pour nous Français, on peut être agacés rapidement par cet abattement de clichés, ah, les plans sur les monuments de Paris, sur les boutiques de luxe (on notera quand même la présence de Tati Or dans le décor), les parisiens à la bohème, etc. Le réalisateur a même tenu à avoir des français dans le casting, ainsi, en plus de Marion Cotillard, on trouve Léa Seydoux dans le rôle de la citadine adorable, Carla Bruni en guide touristique (une apparition tellement furtive qu'on ne peut pas vraiment la juger), ou encore Gad Elmaleh en guest star encore plus discrète que la première dame. Il y a fort à parier que le film ne sera pas perçu dans l'hexagone comme il le sera dans les autres pays. 

Midnight In Paris se révèle être un film agréable à regarder, un bon divertissement qui donnera même envie à certains de se plonger à leur tour dans l'ambiance des années 20, voire carrément de se mettre au jazz, pour les plus motivés. On aimera aussi la réflexion, ou le début de réflexion plutôt, sur le fait que nous rêvons toujours de vivre à une autre époque que la nôtre. Enfin, Owen Wilson confirme encore son talent d'acteur et est très convaincant dans le rôle du type gentil et trop rêveur. Midnight In Paris n'est peut être pas un film très marquant, il a ses petites faiblesses, mais il reste la promesse de vous faire passer un sympathique moment au cinéma, c'est déjà ça.