L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S

30.8.11

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J'arrive en dernière comme un cheveu sur la soupe, bien immergée mais voilà, je suis là, je flotte, entre deux céléris qui surfent. J'ai mis énormément de temps avant de trouver un sujet passable à vous proposer. Je me demandais vraiment qu'est-ce que j'allais pouvoir aborder concrètement comme point sur un site de sons. La musique, je n'arrive pas à en parler. C'est comme une seconde peau qui s'aglutine à celle que je possède d'origine, tellement fine que je n'arrive pas assez à la tirer pour en faire ressortir les veines et les décrire. Du coup, ce thème mis de côté, je me sentais un peu bête. "Quelles foutues histoires je vais bien pouvoir leur présenter ?"

Je n'ai pas eu un quotidien du feu de Buddha cet été, pas de voyages, pas de festivals, juste une arrivée sur Paris définitive, longuement attendue et dont l'entousiasme s'est ramolli aux fil des mois d'été de la capitale d'un vide intergalactique et de l'installation bordélique. Pas de grand tour de la Scandinavie via Interail comme l'été dernier, pas de stages trop ouf dans des studios parisiens, pas d'engueulades de la mort avec ma famille, ni de nouvelles rencontres avec Jane Birkin, rien de tout ça à raconter, RAS. Bon.

Ce qui est étonnant, c'est que sur mon blog, quand il faut en placer une, je balbutie comme un bébé, ça gazouille sans fin. Mais ici, je ne savais pas à qui j'avais affaire et pas de ligne directrice. L'équipe Tea a essayé de m'en donner (adorables les muffins) mais queneni, je les loupais toutes. J'aurais effectivement pu vous parler de mon bouquin préféré, "L'homme qui rit" de Victor Hugo (lu l'été dernier d'ailleurs) qui est à mon sens le meilleur livre de ma courte vie ou alors de celui que je lis en ce moment, c'est à dire "Sexus" d'Henri Miller, qui me fout le minou en l'air...mais non.

J'aurais pu aussi parler de ma nouvelle vie parisienne qui démarre, de l'orgasme que ça fait d'en finir avec les études et de quitter Montpellier, de mon appart trouvé en une semaine jour pour jour, de ma proprio mi-gentille/mi-glaciale, de mes parents qui m'offrent pour mes 20 ans le fait d'être garants et une peluche Petit-pied trop douce, de leur scandale pour ne pas signer une caution solidaire (faites attention à ces bêtes là, ça suçe le compte bancaire au moindre jet de sang), parler de mon appart de flemmarde avec boulangerie, boucherie, chinois en bas et le tabac en face, de ce que ça fait d'habiter avec son copain, des grosses engueulades sur la déco, de la récup des meubles dans la rue, des muscles que je me suis fait pour les porter jusqu'au deuxième étage, d'avoir une boîte aux lettres rien qu'à son nom, de passer ses journées à regarder Fringe dans SON salon en attendant le nouvel épisode de True Blood...Mais non.

J'aurais pu faire un effort et balancer quelques notes musicales, exprimer mon dégoût de ne pas avoir assez de thune pour voir Lykke Li en concert à RES, vous dire à quel point Soundcloud m'a guérie de la disparition de mes sites de stream préférés et énumérer la longue liste de Noël des artistes dingues que j'ai vu en live, de la drogue dure que ce fut, de la fosse, des hématomes...Hum, non.

J'aurais pu aussi tout bonnement vous parler de mon blog de mode, de comment c'est d'être étiquetée comme tel et de tout ce qui en a découlé, qu'est-ce qu'on ressent quand on passe à la télé dans un reportage sur M6 où une voix-off décrit ta vie, quand on est en couverture de magazine avec une tête non-souriante/so fashion détestable dictée par le photographe au point de se cracher dessus, quand on pose comme une quiche auprès de vraies modèles pour des lookbooks, quand des inconnus (souvent chouettes) vous reconnaissent dans la rue, dans le métro, au macdo, dans les bars ou en Suède, quand on apparait en photo deux fois sur des tee-shirts Zara et autres allucinations du genre mais à vrai dire, je ne sais pas ce que ça fait en fait, j'ai jamais cherché à savoir, ça a été, c'est tout. Mais j'aurais pu parler de fringues, de mon amour pour les friperies, du lancement de la mienne en ligne, des tendances à venir, de mes goûts en chaussures execessif, des innombrables motifs et imprimés "aztékiffants" qui pullulent dans ma garde robe depuis des années...Non plus.

J'aurais pu parler de photographie, de mes projets, du 5D Mark II qui miroite dans mes rêves, de mes modèles favorites, de l'école d'art privée et particulièrement pourrie que j'ai fini, à quel point celle-ci a cassé en moi un truc que j'avais avec la photo, comment la technique a pris le dessus sur une certaine insouciance visuelle... Encore non.

Finalement, j'ai décidé de parler de tout...en parlant de rien.

Bonne rentrée !

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Je suis une cuillère à absinthe perdue en l'an 2000. Photographe à mes heures libres, je tente de vivre ce que je n'ai jamais vécu.