L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S

26.10.11

On a failli interviewer S.C.U.M

En presque une cinquantaine d'interviews, il ne m'est presque jamais arrivé un pépin. Si on excepte cet entretien de Violens impossible à retranscrire à cause de tout le boucan qu'il y avait autour, ou encore cette fois où je devais interviewer Florence & The Machine à l'hôtel mais je ne savais pas quel était son fichu hôtel à Nantes, enfin au final ce n'était pas très grave parce que je ne l'aimais pas trop cette rousse. Bref, on peut considérer à peu de choses près que j'avais fait un sans faute depuis trois ans. Jusqu'à la date fatidique du jeudi 20 octobre 2011, où il m'est arrivé une histoire vraiment pas cool.   

Je devais interviewer pour TEA le groupe anglais  S.C.U.M à l'Heretic, une cave qu'on aime bien à Bordeaux. J'étais assez contente parce que le groupe m'avait beaucoup impressionnée en 2008 avec leur single "Visions Arise" à la composition minimaliste et à la voix d'outre tombe. Depuis je l'avais totalement oublié il est vrai, jusqu'à ce que la bande sorte en septembre dernier son tout premier album, Again Into Eyes.
L'interview avait été calée via l'agence de promo qui s'occupe des sorties du label Mute où S.C.U.M est signé, super. Le soir S, je me pointe à l'Heretic armée de mon dictaphone, mon carnet, et mon appareil photo, prête à poser mes petites questions à Thomas Cohen et sa bande.  Sauf que là, pour la première fois de ma courte "carrière" amateur, il y a eu un hic. Impossible de rentrer dans la salle. Une femme d'une trentaine d'années, l'organisatrice de la soirée (de l'association Organ'Phantom, autant balancer) refuse de me laisser passer la porte. Je ne suis pas sur la liste. J'explique sereine qu'il y a dû avoir une erreur et que je peux prouver sans problème en montrant mes mails que mon interview est bien programmée. Non, ça ne se passe pas comme ça. La femme m'explique qu'elle travaille avec les labels, les tourneurs, les managers, et que si il y a eu une erreur, c'est de la faute de l'agence promo et que la seule chose qu'il me reste à faire est d'envoyer un mail pour dire au mec qu'il a mal fait son travail. J'ai beau lui dire que je m'en fous, que je veux juste aller interviewer le groupe, que j'ai travaillé pour ça, mais ça ne sert à rien. Au final, après quinze minutes de débat (dont cinq où la fille m'a ignorée et a préféré parler à des amis qui passaient, en rajoutant quelques noms sur la fameuse liste si des potes lui demandaient), on m'a plus ou moins dit qu'on en avait rien à battre de mon blog, et je n'ai pas eu d'autre choix que d'abandonner. J'étais vénère. Après enquête, il semblerait qu'il y ait eu un problème entre Mute et le tour manager, et je garde une énorme rancune pour la fille de Organ'Phantom et son zèle incroyable.

J'ai quand même décidé de poser mes questions pour S.C.U.M, mais puisque je n'ai pas pu avoir le groupe, j'ai demandé à Marie, docteur ès East London et qui frôle parfois les spécimens, d'imaginer les réponses que Thomas Cohen, le leader un peu mégalo, aurait pu sortir. 


TEA : Je n'ai aucune idée de l'impact de la sortie de votre album au Royaume-Uni, vous avez eu une bonne couverture médiatique ? Les gens sont contents de votre boulot ? 
Thomas : Quand tu parles du Royaume-Uni, je suppose que tu veux dire l'Est de Londres? 
Non, pas vraim... 
Non parce que tu vois, ça me fait plaisir que tu me poses cette question - notre album marche vraiment bien ici. Tout Shoreditch ne parle que de ça, toutes les boutiques vintage de Brick Lane le passent en boucle, Vice l'a mentioné à plusieurs reprises... C'est vraiment la folie ! Les gens m'arrêtent dans la rue à Dalston pour me féliciter, j'arrive à peine à y croire. Quoique, maintenant que j'y pense, on le merite vraiment, parce qu'on est quand même super bons. 


Il parait que si vous n'avez presque rien sorti ces dernières années, c'est parce que vous vouliez que votre premier album soit parfait. Vous le trouvez sincèrement parfait ? 
Quelle question ! Bien sur qu'il est parfait. Enfin, je dis ça, mais je ne l'ai jamais réécouté. Tu sais, l'enregistrement a été tellement intense que je n'ai pas encore la force de l'écouter. Tout s'est passé en quelques jours, sans pause ; on est tous rentrés dans une transe incroyable, et on s'est réveillés dans le studio, un matin, et même si on ne se souvenait de rien, on savait qu'on avait créé quelque chose de grand. Notre manager était en train de pleurer, et deux des ingés son se sont suicidés peu après. Je crois qu'ils n'ont pas pu supporter tant de génie. Ou alors ils ont compris que l'oeuvre de leur existence était accomplie, et qu'ils pouvaient mourir sans crainte. 

Thomas, ton attitude sur scène fait très théâtrale, on ne t'a pas dit que tu en faisais un peu trop ? 
Non, jamais. Je ne vois même pas de quoi tu parles. Personne n'a jamais mentionné quoique ce soit de négatif à propos de ma prestance scénique. En même temps, je ne parle qu'aux membres du groupe, notre équipe, Peaches et ma maman. Et la presse, parfois. Donc non, je ne pense pas en faire trop. Question suivante. 

C'est marrant, il y a quelques années la mode dans l'Est était plutôt au post-punk et à l'esthétique gothique ou du moins sombre. A ce moment là vous avez sorti Visions Arise et les Horrors Primary Colours. Maintenant il semblerait que ce soit plutôt le psychédélique et la new wave 80s qui marche, et votre album sonne comme ça, tout comme le dernier Horrors... C'est quand même super consanguin l'East London non ? 
Alors, je vais tout t'expliquer, c'est pas compliqué : tous les six mois, le Haut Commité Central De La Hype nous envoie un communiqué avec des instructions très strictes qu'on doit tous suivre et... (chuchotant dans son oreillette) Pardon ? Je ne dois pas.. ? Quoi ? Un secret ? Je suis navré, votre Grandeur, je pensais... Non, je ne le referai pas, je vous le promets... (haussant le ton). Mais de quoi tu parles ? Il n'y a jamais eu aucune ressemblance entre la musique des Horrors et la notre. Simple coïncidence. Tu es sure d'être journaliste musicale ? Je ne comprends même pas comment tu as pu nous comparer a eux. Quel manque de professionnalisme. 

Ok, super, et du coup, quels sont les groupes et les trucs trop à la mode pour de vrai dans l'est là ? 
Je refuse de répondre aux questions qui ne parlent pas de nous. Cette interview est ridicule. Et de toute facon, je dois me recoiffer et repasser le col de ma chemise. J'ai un photoshoot avec Vice dans une demie heure, je n'ai pas de temps a perdre avec des gens qui ne me vénèrent pas. Adieu.