L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S

25.6.12

Kilbi III: The Final Countdown

La dernière soirée de Kilbi démarrait sous un étendard très rock. Entre vieilles sensations remises au goût du jour (Mudhoney, Afghan Whigs) et nouvelles perles de la région (Hubeskyla, La Gale), il y en avait pour tous les bouchons d'oreilles. On y a vu une jolie prestation de The War On Drugs ainsi qu'un bon nombre de trucs étranges. Par exemple, ce drône qui prenait des photos du festival depuis le haut. Puis un gars qui s'est arrêté en plein pogo pour lire l'inscription d'une affiche scotchée sur le dos d'un festivalier ("cherche colocataire"). Il y avait aussi une fille qui essayait de faire la maligne en étalant son vocabulaire extrêmement fourni (se résumant peu ou prou à "Meerschweinchen") devant un suisse-allemand. Et puis l'improbable groupe Praed dans lequel semblait se concentrer toute l'absurdité du monde. Cela dit, heureusement qu'il y avait des trucs rigolos à voir parce qu'au final, malgré la joliesse de l'affiche, le samedi est le jour où l'on s'est le plus ennuyé de tout le Kilbi.


 BAD BONN KILBI 2012
31, 32, 33 mai, Düdingen
(dernière partie)

Samedi 33: "Ca veut aller ce rock'n'roll ou bien?"
Ca avait pourtant super bien commencé. Il faisait toujours beau et chaud et on se mettait bien avec les fribourgeois Hubeskyla. Ces mecs jouent super fort de la noise super lente et ce faisant, s'excitent bien comme il faut sur leur instrument. Le groupe est un véritable distributeur à acouphènes et c'est super. Un peu plus et l'on entrait en transe comme le type devant nous qui s'est vu offrir un LP en guise de récompense pour ses danses-tortillement inspirées. Après cette belle prestation, on s'attendait à en voir encore plus, encore mieux auprès de Action Beat mais malheureusement, ça n'était pas vraiment le cas. Premièrement, ils n'avaient "que" 3 batteries (au lieu de 5) et ne puis ils ne jouaient pas dans le public (raisons logistiques excusables). On s'est alors dirigés vers La Gale pour passer le temps et là, trop dur, on ne sait toujours pas quoi en penser. D'un côté, le rap, on y pige pas grand chose alors on pourra pas dire si c'est mieux ou pire qu'un autre artiste. De l'autre, la meuf en question a un truc tellement rock'n'roll qu'on a bien aimé. Avec son look vieille punk et ses tatouages, sa voix un peu rauque et ses intonations agressives, elle plaide pour la Palestine, crache (au figuré, contrairement à Lee Scratch Perry) sur les grands méchants de ce monde tandis qu'un type balance des beats binaires assez chouettes. Selon moultes médias, elle est la sensation suisse du moment (même qu'elle joue dans un film actuellement dans les salles. Encore une meuf trop parfaite). On n'est pas encore entièrement converties mais elle vaut à coup sûr la peine d'être surveillée.



Après ça, ça a été la déconfiture niveau concerts. On a donc bien eu le temps de grignoter des carottes et de profiter tranquillement du soleil sans courir d'une scène à l'autre tant la prestation de Other Lives était plate et longue et celle de The Dead Western lassante une fois qu'on avait fait le tour de toutes les mimiques hyper exagérées du chanteur. Au passage, on a entendu beaucoup de bien de Za!, un duo de tarés espagnols, mais on n'a pas souvenance de les avoir vus, allez savoir pourquoi. En fait on attendait surtout Lee Ranaldo (de Sonic Youth) sauf que là encore, déception. Ca se trainait, ça n'était pas intéressant (sauf pendant les cinq premières minutes où l'on voulait absolument voir Lee tel l'animal de foire) et voilà. Après Lee, Mudhoney, une légende du légendaire label Sub Pop, y est allé de son petit recyclage spécial "salut, on n'est pas encore morts t'as vu" mais on se demande un peu où est le sens de la chose. Bien sûr, au début, c'était sympa. Du grunge comme on n'en fait plus pourrait on dire. Mais à la longue, ça manquait de folie, de rognures d'ongles, de n'importe, pourvu qu'on oublie que les mecs sur scène ont passé la cinquantaine et que le faîte de leur carrière est déjà loin derrière eux. The Afghan Wigs ne nous ont pas marqués non plus. Par contre, après, il y a eu les sus-nommés Praed et ça, c'était quand même quelque chose. Imaginez deux types un peu vieux. L'un derrière un macbook, portant une chemise hawaïenne encore pire que celle de Peter Hook et arborant un air réjoui à se frotter le visage contre des cul rebondis sur un plage à Rimini. L'autre, impassible, flegmatique, inébranlable, faisant pourtant des machins complètement barrés sur sa clarinette. Le tout avec un potentiel de marrade magnitude 7 à la sauce arab-disco.


Histoire de sauver les meubles, il y a quand même eu un autre bon concert - The War On Drugs - en fin de journée. Enfin de vraies mélodies, putain, merci. Et on y a fait des bulles de savon au grand dam d'un mec pas très folichon devant nous. Cette quasi-clôture était belle, lumineuse et entraînante comme ce qu'on pouvait attendre de mieux du groupe ricain.

Après ça, il y a eu Coroner sur la grande scène et ca n'était pas notre tasse de thé mais ça nous a permis d'apprendre quelques trucs sur le "mosh pit" autrement dit la danse des métalleux. On nous a décrit plusieurs possibilités, toutes aussi fun et tendres les unes que les autres : d'une part, on peut pratiquer le mosh pit "de base" autrement dit le pogo où l'on saute partout en donnant des coups dans l'air. Ensuite, il y a le "wall of death" où les danseurs se divisent en deux groupes avant de se jeter l'un contre l'autre. Enfin, il y a mon préféré, le "circle pit" lors duquel, comme son nom l'indique, on est prié de tourner en rond. Ca change du oscillage de chef.


Et puis ça a été le toujours terrible moment de rentrer à la maison et de quitter le festival une bonne fois pour toute, concluant une édition 2012 globalement moins intéressante niveau concerts que la précédente mais Ô combien agréable avec son soleil radieux. Quelques déceptions auront marqué le week-end (Lee Ranaldo, Moonface, ...) mais on se souviendra surtout des belles découvertes qui font le charme du festival. Rien que pour retrouver le sourire de demi extase qu'on a sur les photos, on a déjà hâte de l'an prochain.
Photos: Jeremy