L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S

28.5.09

J'aimerais être une sirène chevauchant une licorne



ITW BAT FOR LASHES
TEA a rencontré Natasha Khan (Bat For Lashes) dans un jardin nantais, histoire qu'elle nous parle un peu plus de son nouvel album et qu'on sache qui elle est vraiment. Les licornes étaient de la partie pour l'interview la plus plaisante que TEA ait connu.


TEA : Ça fait maintenant près d'un mois que Two Suns est sorti, est ce qu'il a produit l'effet que tu recherchais ?
Natasha Khan : C'est une question intéressante parce que, pour moi, l'effet que je cherchais était simplement de faire un album dont je pourrais dire "c'est l'album que je souhaitais". Donc j'ai déjà ce que je voulais. J'ai vraiment travaillé dur et je l'ai fini. Après... bon, je suis contente que les gens aiment l'album, mais je trouve que ça révèle plus de la maison de disques... Mais c'est quand même bien hein !

Et dans ta vie, qu'est ce que Two Suns a changé ?
Ça veut surtout dire que je suis très occupée. Je ne peux pas rentrer à la maison, je suis dans le bus... L'album m'a arrachée de chez moi pour aller faire plein de concerts, photos, interviews... C'est beaucoup de travail, mais c'est bien d'être occupée. C'est étrange car j'adore créer, et quand je suis occupée comme là, je ne peux rien faire.



Pourquoi Bat For Lashes et pas Natasha Khan ? Beaucoup de gens pensent que tu es un groupe...
Oui, c'est vrai. La raison c'est que je pense que je voulais essayer de séparer la musique de ma vie privée. Quand je fais Bat For Lashes, je sais que c'est juste la musique, les vidéos, les artworks... Je peux contrôler tout ça, si c'était Natasha Khan, peut être pas.
Et il y a Pearl aussi. Va-t-elle rester longtemps ou a-t-elle été créée juste pour Two Suns ?Seulement pour Two Suns je pense. Sur le premier album, il y avait déjà la chanson "Sarah", avec cette femme blonde, sur Two Suns, il y a Pearl. Pearl, c'était New York, je veux dire, le caractère de New York, Andy Wahrol et David Lynch... Pour les prochains albums, j'aimerais vraiment créer des personnages cinématographiques, tout un univers... Oui, ce serait bien.

Ça fait quoi d'avoir Scott Walker sur son album ? 
C'est pas mal... (rires) Non, je suis vraiment très fière, très heureuse. On s'est échangé des mails, et quand j'ai reçu sa participation, "Wow !". En plus il parait qu'il est très secret, fermé...
C'est quoi le mieux : un clip sur un vélo ou un clip dans une voiture ?Sur un vélo. Ça fait mal... au derrière! (rires) J'étais vraiment fatiguée en faisant ce clip, et il faisait froid, mais ça rend bien, et c'était plutôt cool.
Qui est Daniel ?Daniel est le garçon qu'on aime toutes à l'adolescence. C'est être à la maison, avoir un petit ami, être une adolescente, pensant à s'échapper avec son copain, les longues nuits d'été, pendant les vacances... Mais c'est un peu triste aussi, parce que c'est moi regardant en arrière, souhaitant que ma vie redevienne comme cela. Mais parfois les choses ne se passent pas comme on veut, en grandissant.



Pire concert ?
Ils ne sont jamais tous horribles, mais la pire chose qui me soit arrivée, c'est au début de la tournée. On a eu un très gros concert en Angleterre, avec genre 2000 personnes, et mon piano s'est arrêté. Je jouais et rien ne sortait, et tout le monde qui t'attends et toi qui te dis "Oh merde!"... C'était dur parce qu'on l'a réparé mais il est retombé en panne, ça a vraiment cassé l'atmosphère. Quand tu fais un bon spectacle, tu veux vraiment créer un univers, tout le monde doit rêver, et quand ça s'arrête, c'est vraiment horrible.



Pourquoi ce maquillage avec des fausses larmes ?

Je pense que ça va avec cet album. C'est pleurer parce que tu es heureuse et parce que tu es triste. Pleurer parce que tu aimes quelqu'un et que ça ne marche pas, tu as beau savoir pourquoi ça ne fonctionne pas, tu es quand même triste. Et quand tu regardes l'art religieux, les peintures de la vierge Marie ou les autres icônes féminines, les femmes ont beaucoup de larmes. C'est la douleur de se sentir un être humain.


Où te sens-tu à la maison ?

Pour cet album, je ne sais pas vraiment. Il sonne comme un voyage. Mais maintenant j'ai acheté [en français] un petit appartement dans le sud de l'Angleterre qui s'appelle Brighton, près de la mer, cinq minutes... très bien.



On t'imagine parfaite, dis nous quelque chose que tu fais et qui ne l'est pas du tout.
(rires) Oh mon dieu, beaucoup de choses ! Le matin je peux être de très mauvaise humeur, surtout quand je n'ai pas mangé... Mes cheveux sont horribles quand ils ne sont pas séchés correctement... Je pense que la fille parfaite est celle qui est bien partout... Je n'aimerais pas l'être. Parce que si tu es toujours sympa, il y a plein de choses intéressantes que tu manques... C'est ennuyeux, ça n'a qu'une dimension. Je pense que ce qui n'est pas parfait en moi est la partie la plus intéressante de mon être, le côté un peu fou, d'aimer des choses étranges...


On s'appelle TEA, tu aimes le thé ?

Oui, parce que je suis anglaise. On boit beaucoup de thé avec du lait. Mais en France vous le prenez avec du [en français] citron... mais en Angleterre avec du lait froid, c'est très bon.


Comment te vois-tu dans dix ans ?

J'espère avoir une famille et continuer à faire de la musique à la maison, dans mon jardin, à la campagne, un endroit paisible. Je veux pouvoir encore faire ce que je veux.


Sirène ou licorne ?


(rires) Les deux ! Comme je l'ai déjà dit toute à l'heure, toutes les filles aiment la magie, la beauté, mais aussi l'obscurité, la jalousie, la folie... je pense que c'est la combinaison des deux qui est parfaite.
Alors une sirène sur une licorne ? Oui, je veux être une sirène chevauchant une licorne.