Que vous aimiez boire ou non, les soirées au Romandie sont toujours un peu bizarres. A commencer par la faune : les gens "alternatifs" et "arty" s’y affichent en veux tu en voilà et paient leurs 15CHF (amis français, ceci est le signe pour dire "franc suisse") d'entrée sans rechigner et sans connaître ne serait-ce que le nom du groupe programmé. Mais on s’en fiche, parce que la prog’ est en général bonne. Vendredi dernier, on y allait pour Buvette et Oh No Ono. Non, vraiment ?
L’apéritif se prend donc ce soir là à la buvette. Le jeune homme en t-shirt à rayures est caché derrière ses samples et ses claviers et nous fait comprendre un peu mieux la notion de "collage musical" (l’explication perso dans son interview à venir). Cumulant les couches sonores, il plonge la salle dans une ambiance un peu méditative et comment dire…spatiale. Des rythmes, des voix lointaines ou live, des claviers, des maracas. Tout est calculé, joué avec minutie. Cela s’apparente à la bande son d’une fin de soirée passée dans le flou, une berceuse ou encore mieux, l’atmosphère d’un lever de soleil ou un fond marin. Indéfinissable en soi, le style de Buvette mélange les influences et les époques (c’est d’ailleurs un garçon extrêmement cultivé qui s’occupe du service). Tantôt dansant (comme "Motril" – le tube ! - à écouter sur son myspace) ou carrément glauque, il y a toujours quelque chose d’un peu pesant ou légèrement flippant. C’est ce qui rend le projet attirant.

Total changement de registre lorsque l’on passe au plat principal. Oh No Ono, quintette danois débarque sur scène dans un tourbillon de ponchos multicolores et guitares à pois. Dignes héritiers du post-Oracular Spectacular, les 5 compères affichent leur look et leur musique indie-pop-rock-friendly. Seule la voix fait vraiment la différence. En effet, le grand échalas ébouriffé qui sert de chanteur à la formation semble n’avoir jamais mué. Pire, il a un jour avalé l’hélium d’un ballon et n’a jamais récupéré. Cela peut avoir son charme mais lasse vite une partie de la salle. Dommage.


Aussi adeptes des collages. Peut être un peu moins subtiles. Plus efficaces dans le sens qu’on se retrouve droit au but sans s’encombrer d’intro interminables, les petits blonds forment un groupe réconfortant pour les mauvais jours. Joyeux sans être niais, faussement naïfs, parfois un peu graves, leurs morceaux touchent quand même là où il faut. On danse, on ferme parfois les yeux et lorsqu’on les ouvre à nouveau on peut se dire que décidément, oui, on aime la Scandinavie.