[Guest : Polly Steab]
Allo* !
Cet été j’ai traversé pour la première fois l’Atlantique pour atterrir dans la ville qui me faisait les yeux doux depuis déjà pas mal de temps, la bien nommée Montréal ! Deux mois passés au Québec ont suffit à me rendre complètement addict à cette contrée transatlantique. Alors bon voyons le topo, puisqu’on est là pour parler culture en sachet, au programme : reviews et petit guide musical…
NB : L’article est parsemé d’expressions québécoises sinon ça ne serait pas câlicement* bon… Allez pour vous aider, je mets des astérisques quand c’est le cas.
Kriss*, tous ces shows, ça a pas d’allure* !
La rumeur court que Montréal est un éden musical et comme je suis plutôt une fille sceptique, j’ai immédiatement voulu tester le mood de l’Acadie Québécoise. Dès mon arrivée, j’entasse les lectures fondamentales chez moi : NightLife.ca/ (Le guide de la vie urbaine à Mtl), Mirror (News, Arts, Film, Music), ou encore le précieux Camuz (calendrier musical).
Quoi d’autres pour la Lyre ? Deux disquaires : Atom Heart et sa précieuse liste de shows (Sherbrooke) + Cheap Trills (Meltcalfe). Et un foisonnement de salles : le Cabaret Mile End, le Café Campus, Casa del Popoplo + Sala Rossa, le Club Soda, Le Divan Orange, la Fédération ukrainienne, les mythiques Foufounes électriques, le Metropolis, Il Motore, Le National, le Parc Jean Drapeau (en été pour les festivals), la Place des Arts, Le Plaza, le Quai des Brumes, La Tulipe….
Tabernacle de Belmont !
Le 16 juillet dernier, deux phares de Mtl, Blue Skies Turn Black & Pop Montréal organisaient un gig au Belmont Sur le Boulevard (un Night Club, bar et spectacle, située sur Saint Laurent à l’angle de Mont Royal). Au programme : ISLANDS, des enfants du pays, accompagnés par des amis de Brooklyn (Steel Phantoms / Side Project du batteur Aaron Harris ).
En première partie, GREGORY PEPPER & HIS PROBLEMS, siffle un verre aussi vite que son set de pop. Il a beau être souriant et communicatif, je n’accroche franchement pas et je préfère naviguer jusqu’au bar au son de cette musique bon enfant. Greg lâche un « Montreal’s physically attractive », bon raisonnement mec !
Je baigne dans un milieu à tendance anglophone et branchouillarde, des gueules d’amours traînent leurs savates en attendant la succession des Unicorns. Je parcours un peu les lieux, Rickards (bières trois étoiles !) en main, quand les premières notes de STEEL PHANTOMS résonnent… Le set est court mais intense. J’accroche bien sur la chanson « Fast Stop » et la voix soutenue du chanteur.
( Et j’ai même conversé thé avec eux … « Do you like tea ? _ Do we like cheese? _ Noo, do you like teea, like you know, having a teatime ... _ Oh yes, we do ! ». Ok, mais « Coucou je suis française et je vous parle pour écrire un article sur Cheesezine », aurait pu le faire aussi, non ? Ils sont krissement* cool, et m’invites à Brooklyn à la fin d’une conversation franco-anglaise complètement barrée.
Quant à ISLANDS ! Un mec me dit que leur dernière prestation au Plaza (en novembre pour la sortie de Vapours) avait été décevante. Je redoute donc le Nick Diamonds blasé dont tout le monde parle (et depuis Telepathe au Midi Festival 2009, j’ai peur des groupes lassés)… Le set s’enchaîne parfaitement et Nick capte toute l’attention avec son ample capuche et ses mouvements de bras ondulatoires. Diamonds dégage quelque chose de beau est quasi mystique (sur Swann), il mène le show en Nike blanches/Lunettes de soleil et fait sensation avec les meilleures tunes* du groupe (Rough Gem). Les nouvelles chansons, globalement plus calmes, d’une qualité rythmique, répandent des sonorités qui laissent le public béat.
On va avoir bin du fun à swere* à La Sala Rossa !
Le 23 Juillet : direction la Sala Rossa pour un concert de la clique de Los Angeles… A peine arrivée je tombe sur un Ariel Pink pailleté en entrevue dans la rue pendant que le set des MAGIC KIDS touche à sa fin. Je suis en retard, mon excuse : je viens de m’enfiler deux a-ma-zing burritos à la Casa Del Popolo, le bar-resto juste en face. Ces deux places, aux consonances hispaniques, sont des hauts lieux historiques de rassemblement politique, culturel et réactionnel à Montréal et elles sont occupées par le Centro Social Espanol depuis maintenant trente ans. Sans rire, c’est un lieu idéal, une programmation bien rodée chaque mois, une ambiance libre et décalée…
En juin dernier, Pearl Harbor devenait PURO INSTINCT. A la vue du graphisme du nouveau logo, les novices les méprendront avec un groupe de pop russe (cf. le logo pailleté couronnant leur blog ) mais les deux sœurs, Piper et Skylar (23 et 15 ans) sont bien dans la tendance L.A. du moment avec leur duo de pop désenchantée à « ambition spirituelle ». Je mets un moment à accrocher au set puis, je me laisse saisir à la visite d’Ariel Pink sur scène. En fin de set, Luv Goon me fait toujours autant triper et je sors fumer une clope sous la pluie plutôt satisfaite. Je tape la discute aux frangines qui sont franchement adorables. On parle famille, Californie, Geneva Jacuzzi, Ariel Pink, lumières nocturnes et trottoirs trempés.
ET puis : ARIEL PINK’S HAUNTED GRAFITTI ! L’alliance adhère parfaitement à l’esprit du lieu et entame son premier morceau dans une osmose plutôt rock. Les visages s’illuminent et je m’approche pour tâter du Pink de plus près… Ce dernier se fait attendre avant d’apparaître scintillant et acharné, tel un phœnix faisant danser la foule. On se pousse, on fume du pot*, on lance ses bières à terre, on slamme, on transpire, on sautille, on remue, on boit dans la bière d’Ariel, on embrasse le batteur -raide comme un piquet mais mignon- (aha…), chacun entre dans le jeu de la déconnade avec Ariel. Et puis le monde se calme un instant sur Round and Round pour reprendre de plus belle sur Alisa. WOW, un concert intense ! Ces mecs ont littéralement changé ma vision de la musique et des gigs: Allez les voir en Europe cet Automne !
O she ha ga ! Ou comment apprendre à parler le Mohawk après le québécois.
Bon après une série de petits concerts sur Montréal, je me suis décidée pour un gros festival : Osheaga 2010: The Walkmen, Owen Pallett, Jamie Liddell, Beach House (j’ai pleuré), Pavement et Arcade Fire servis sur un plateau doré, des petits fours dont je me suis délectés jusqu’au dernier MAIS…
…Mais n°1 : j’ai le complexe du gros festival : les sets trop courts, la course car machin joue en même temps que machin, c'est définitivement pas mon truc. Par contre, je salue l’ambiance de Osheaga, comparée à la souffrance qu’ont été les RES et Musilac pour moi, c’était vraiment le pied…
…Mais n°2 : Voir Arcade Fire à Montréal, c’est un peu comme voir les baleines à Tadoussac : les gosses de la banlieue étaient en tête d’affiche pour une de leur toute première date de The Suburbs. Première fois pour moi, qui a rimé avec grosse déception. L’intensité des albums n’est pas desservie à sa juste valeur, c’est triste à dire mais les Canadiens sonnent bien trop lisses sur scène…
Et pour finir, Governor Island !
Imaginez-vous… votre première fois à Nyc, vous arrivez de Montréal par le bus de nuit, un peu dépassé par votre premier jour dans la Grosse Pomme (cliché), vous prenez le ferry pour vous rendre sur Governors Island, les deux pieds sur la terre ferme, vous voilà marchant au travers d’une foule de hipsters brooklynois (cliché) qui se sont donné le mot pour un concert gratuit. Face à vous la baie de l’Hudson et le Downtown Manhattan, là où se trouvaient les feu Twin Towers (cliché). Vous marchez dans le sable, ah… vous aviez oublié cette sensation estivale puisque vous avez passé l’été en ville vous contemplez les palmiers en vous régalant de la vegan & healthy food servie. Elle contraste amèrement avec toute cette junkfood ingurgitée journalièrement et contre laquelle la réplique régime sera fatale à la rentrée… (cliché). Ah, l’été touche presque à sa fin mais The Beach At Governors Island a fait danser et fera danser jusqu’en novembre (Panda Bear le 9/11 pour les chanceux qui traînent à Nyc). Alors, vous profitez des derniers rayons du soleil (cliché cliché cliché) quand retentissent les premières notes de NITE JEWEL, alors abruti par tant de pepaxitude, vous-vous en allez en devant de la scène. Vous avez loupé les MINIATURE TIGERS, un crew made in BK, dont paraît-il le show était excellent.
Les seconds à jouer sont donc les NITE JEWEL, et vous-vous demandez si oui, vous aussi vous êtes bien réel (cf. EP des NJ). Le band nous livre un disco éthéré, des vagues 80s passées au synthé-compresseur made in LA. Il y a une bon vibe mais je m’insurge à la vue d’une nouvelle que je décrirais, par euphémisme, comme peu utile. La pauvre (Julia Holter de Human Ear Music apparemment) remue du mieux qu’elle peut mais non, tout le monde se demande : Whaz that girl doin here ? Je me demande aussi si Nite Jewel n’était pas mieux quand ce n’était encore qu’un projet arty-disco-solo bricolé par Ramona Gonzalez dans sa chambre…
Enfin, c’est au tour de DOM, une bande de mecs du Massachusetts qui marche fort en ce moment. DOM est un groupe lama-phile, remarqué par le Pitchfork et présent sur de nombreuses compilations de l’été 2010 avec leur entraînante chanson de trois minutes : Living in America. Ils servent un show aux faux airs grunge, pogo à l’appui et à tendance visuelle hallucinatoire, des projections de jésus et autres trucs barrés limite porno sont là pour vous hanter toute la nuit.
Bon ! Les NEON INDIAN, commencent à se faire attendre et la foule s’emmerde sec sur le mix de PREFUSE 73, qui passe pourtant crème sur album. La plupart du public est en fuite, d’autres tombent sur le sol, une meuf avec une coiffe indienne piaffe d’impatience réclamant sa dope de glo-fi et le crew de djs achève en se faisant semi-huer-applaudir. Au tour du prince Texan de la chillwave de montrer le bout de sa touffe capillaire vêtue d’une croûte de cuir rouge et d’un T New City – mh, le touriste. Et avec comme invitée surprise Erika Forster d’Au revoir Simone pour une reprise live du remix de Another Like Story de ARS. Neon New York Indian = c’est dont bin cool*, ça à pas d’allure*! Un gig écœurant les chums* !
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Déclinaison d’identité :
Polly Steab, de son vrai nom Nikita Garvich, est née en Russie de mère suédoise et de père français. Déjà petite (elle le restera toute sa vie), à huit ans, sa passion pour le dessin expressionniste aux crayons gras et à la betterave lui vaudront une reconnaissance régionale dans la ville lacustre où ses parents immigrèrent (alors qu’elle était à peine âgée de six mois, bye bye Moscou). Dès lors, elle dû mener une existence bien trop paisible dans cette ville nommée Annecy, où tout le monde se la coule (trop) douce « entre lac et montagne ». Mais bien vite, elle réalisa que cette « petite Venise » de carton pâte n’avait rien de bon à lui offrir si ce n’est des soirées estivales blasantes les pieds dans l’eau à se faire tourmenter par des cygnes rageux. Après un séjour en prépa où elle se fit fouetter pour rendre dans le moule de l’élite ; elle quitta Pony Land, direction la capitale des Gaules avec pour ambition de fissafissa devenir photographe, rien que ça. Pour l’instant, à tout juste vingt ans, elle se cherche encore… mais espère se spécialiser rapidement dans la photographie de fleurs artificielles dans un atelier de rotogravure du ghetto lyonnais (Bron).
Après des années de pérégrinations sur le net, elle a tout tester : les pseudos de rebelles sur msn, la pseudo-gloire sur skyblog qui -de cause à effet- fut équivalente au pseudo-cyber-suicide, les vrais myspace, fb, flickr, tumblr, deviantart, blablah, pour finalement se poser sur blogspot. C’est là que survit un blog anorexique nourri tous les soixante deux du mois. Polly Steab n’est cependant pas un animal. Elle aime le thé et ENCORE PLUS Teazine, la preuve en est nominative : pollysTEAb. Myope, elle porte parfois ses énormes lunettes pour faire semblant d’étudier l’Histoire de l’art, le ciné et la photo à l’Université. Tandis qu’elle songe faire le tour du monde, un Minolta détraquée vissé sur l’œil en compagnie de Boris Vian.
Elle remercie Bertrand pour cette déclinaison d’identité (non) réussie.