Ce n'est qu'après avoir quitté l'enceinte du For Noise que j'ai réalisé que je venais de vivre mon dernier festival de l'été. C'est triste un peu. Alors pour bien remuer le couteau dans la plaie avant de retourner dans les salles sombres, on va ressasser les souvenirs de la 15e édition du festival de Pully.
FOR NOISE 2011
Situé au fond d'un véritable trou, le festival vaudois te met à l'aise dès l'entrée. Que ce soit la petitesse du lieu, la faune bigarrée (allant des vieux habitués aux familles entières, enfants compris), les odeurs de bouffe chinoise ou la colline idéalement placée en face de la grande scène, tout est super. Même si bon, jamais on y viendrait autrement que pour assister aux concerts. A moins qu'on ne soit plutôt du genre à squatter paresseusement les canapés de l'espace presse. Ou qu'on préfère boire des bières hors de prix dans des gobelets non consignés, avant de se soulager sur des toilettes sèches très écologiques.
JEUDI //
Le premier jour commençait avec Suuns, toujours pas terribles alors que bon, "Armed For Peace" ou même "Sweet Nothing" et son son d'alarme auraient grave de quoi asséner de sacrés coups en live. Mais non, c'est plat. Gageons qu'à une autre heure et peut-être en salle, les Canadiens finiront par me convaincre. Ou pas. Après cela, les suisses Meril Wubslin envahissaient littéralement la salle exigüe de l'Abraxas (si mes souvenirs sont exacts, ils étaient cinq, ce qui est vraiment beaucoup pour un espace aussi petit). Il faisait très chaud alors on n'a pas eu le courage de rester jusqu'au bout de ces longs morceaux envoûtants, pleins de guitare, de clarinette et d'effets bizarres (si bien que ça m'a fortement rappelé Broken.Heart.Collector aperçus en mai dernier au Kilbi, d'ailleurs c'est pas la même meuf au saxo basse ?). Après eux, les Raveonettes c'était franchement pas très captivant. We Loyal, quant à eux, ont commencé à remonter le moral, portés par un batteur très énergique. Au final, il y a eu Elbow menés par Guy Garvey (une sorte de nounours à la James Murphy) aka le chanteur qui te raconte sa vie sexuelle avant de remarquer qu'il y a des underage dans l'assemblée. Aka l'entertainer qui remet de la lumière dans ta soirée. Aka le concert où nous nous sommes crues très drôles en brandissant nos coudes alors qu'il demandait aux gens de la foule d'agiter leurs bras. Cela dit, musicalement, nous avons aussi fini par être lassées. Étrangeté de la setlist qui commence énergiquement, passe par "Grounds For Divorce" et finit sur du calme voire carrément badant. On a préféré rentrer.
VENDREDI//
VENDREDI//
La soirée a attiré beaucoup de monde et il y avait de quoi. Premièrement, il était d'extrêmement bon goût de s'afficher dans un open air encadré d'arbres en pleine ambiance post-Pukkelpop. En plus le ciel était gris et un peu menaçant. Deuxièmement, on a vu s'enchaîner Twin Shadows, Wild Beasts et Blonde Redhead, rien que ça. Twin Shadow, parlons-en justement, vu que c'est lui et et sa troupe qui ouvraient la marche. On était bien. Déjà, c'est vrai qu'il est super bogoss, ensuite, sa musique est mille fois mieux en concert qu'en album. En tout cas, "When We're Dancing" donnait vraiment envie d'agiter son popotin sous les quelques rayons de soleil et surtout, le batteur qui battait très très vite et qui avait beaucoup beaucoup de cheveux tirait bien l'ensemble vers l'avant, alors que sur CD, c'est un peu poussif. Donc on était bien. Et puis George Lewis Jr. est un petit rigolo aussi, on sourit quand il dit qu'il n'est qu'un stupide américain. Après, selon lui ça justifie le fait qu'il ne sache pas placer la Suisse sur une carte alors que trop pas. Pour la peine, on s'est retenues de se proposer quand il cherchait un(e) guide pour aller se baigner dans le Léman.
Après lui, il y a eu Wild Beast. La base, l'orgasme des oreilles, le meilleur concert de la soirée (si ce n'est du festival). Avec "Lions Share" au début on était déjà contentes et puis se sont égrainés les morceaux puisés indifféremment dans chacun de leurs trois albums. Hayden Thorpe et Tom Fleming s'alternaient au chant, enchaînant sans difficulté avec la guitare ou le synthé. Même qu'à un moment, la sangle de la guitare de Tom s'est cassée et aussi, sur "All The Kings Men", il a bien failli arracher sa chemise en hurlant "Watch me, watch me!". C'était beau. Cela dit, bizarrement, "Albatros" ne figurait pas sur la setlist et c'est bien dommage parce qu'on aurait bien continué sur leurs belles mélodies toute la nuit.
Après ça, on était un peu sur un petit nuage. Pas particulièrement dans l'esprit pour apprécier à sa hauteur Oy, la suissesse toute en bidouillages et cliquetis. Son "House of Caca" et autres tergiversations sur le sexe ne collaient pas trop à l'humeur alors on est allées à la Silent Disco. En effet, cette année, exit le karaoké et les licornes en carton. En lieu et place, une piste et des casques sans fil permettaient de danser dans un silence relatif. C'était golri surtout si on enlevait nos casques pile au moment où tout le monde hurlait "take on meeeeeeee". Et "Around The World" nous a fait rater l'entrée en scène de Blonde Redhead. Carrément. D'ailleurs, le concert en question était plutôt étrange : autant on est d'accord pour "Blonde Redhead c'était mieux avant", autant les ambiances planantes à la Penny Sparkle sont cool quand même. Mais pourquoi incruster des choeurs samplés là ? Amedeo chante bien pourtant. Reste que Kazu Makino est captivante avec ses danses habitées et son chant un peu murmuré (elle avait aussi une robe très courte et on a même vu sa culotte). Suivait le concert plutôt attendu de Trentemoller. C'était pas ouf. Bon, le début ça allait, mais à chaque fois qu'on pensait enfin avoir atteint le point où il allait se dépêtrer des longues basses monotones, une meuf mal fagotée se ramenait au chant et le soufflé retombait aussi sec. Même le beauf à côté de moi était dépité: "Où est-ce que je vais faire péter mon slam ?".
SAMEDI //
Le dernier soir a sûrement été, contre toute attente, le meilleur de tout le festival. En tout cas, même si on était bien fatiguées, on s'est bien éclatées. Et pas forcément là où on le pensait ("contre toute attente" on a dit). La preuve : alors qu'on portait les Antlers dans notre coeur (et pas seulement pour le tatouage en forme de volcan trop mignon du chanteur), on s'est bien ennuyées pendant leur set. A l'avenir, on préfèrera se cantonner à Hospice un soir d'hiver avec un bon thé, merci. Après eux, la bonne surprise suisse Honey For Petzi a livré un set très chouette. Au début, le chant n'était pas trop sûr et on a eu peur, mais au fil des chansons, le groupe s'est affirmé et virait de plus en plus math-rock. On a fait péter les bouchons d'oreille pour la peine. Saul Williams c'était cool aussi. Genre le gars, il a des trucs à dire ("I don't believe in war. I don't believe in violence as a solution. I come from a country that somehow thinks it can bring peace by making war. That makes me wanna make music") mais quelques soucis d'instrumentation trop rythmée à la limite de la parodie de Prodigy. Heureusement, en live ça passe pas trop mal (Il faut dire aussi que les musiciens sont très bons. Le percussionniste au trombone à coulisse en particulier). Et Saul saute dans tous les coins en tapant sur une espèce de cadre en bois recouvert d'une peau de vache, normal. S'ensuivit un autre grand moment du festival : Death In Vegas. Les garçons dissimulés derrières d'épaisses machines pleines de fils et de boutons partout se distinguaient à peine dans le sacré paquet de fumée qui englobait le tout. Et l'ensemble représentait très bien ce qui se passait dans nos têtes à ce moment là, soit une sorte de transe embrumée comme un voyage sur des autoroutes allemandes mâtinées de pépiements d'outaspace (genre le très kraut "Zugaga", mais puissance mille tsé). La perfection pour clore le festival.
Enfin non, c'était pas tout à fait fini en fait. Alors qu'un unique représentant de Crookers s'égarait dans une explosion de lasers rouges sur la grande scène, on s'est réfugiées dans le deMovie salon pour voir l'illustrateur Luz et Kid Chocolat en duo-Djset pour l'after Poor Records. Ce fut génialos. Genre vraiment. Genre Luz hurlant des paroles à moitié compréhensibles à base de cheveux, genre "Smell Like Teen Spirit" suivi de Tiga. Genre on a bien dansé. Mais le mieux dans tout cela, le véritable clou de la soirée était encore à venir. En effet, alors que "Cavern" démarrait sur les platines, Sal P (chanteur et membre fondateur de Liquid Liquid) en personne est venu chanter dessus, comme en 83. Salut l'impression d'assister à un moment privilégié. Surtout que le petit chauve tout frêle en rayures à la JP Gaultier n'en est pas resté là. Il a balancé un Djset perso qui groovait à mort, dansait lui même avec beaucoup d'enthousiasme et tapait des mains. Grâce à lui, on a quitté le For Noise sur "How Deep Is Your Love" en kiffant nos mères. Vivement l'été prochain.
SAMEDI //
Le dernier soir a sûrement été, contre toute attente, le meilleur de tout le festival. En tout cas, même si on était bien fatiguées, on s'est bien éclatées. Et pas forcément là où on le pensait ("contre toute attente" on a dit). La preuve : alors qu'on portait les Antlers dans notre coeur (et pas seulement pour le tatouage en forme de volcan trop mignon du chanteur), on s'est bien ennuyées pendant leur set. A l'avenir, on préfèrera se cantonner à Hospice un soir d'hiver avec un bon thé, merci. Après eux, la bonne surprise suisse Honey For Petzi a livré un set très chouette. Au début, le chant n'était pas trop sûr et on a eu peur, mais au fil des chansons, le groupe s'est affirmé et virait de plus en plus math-rock. On a fait péter les bouchons d'oreille pour la peine. Saul Williams c'était cool aussi. Genre le gars, il a des trucs à dire ("I don't believe in war. I don't believe in violence as a solution. I come from a country that somehow thinks it can bring peace by making war. That makes me wanna make music") mais quelques soucis d'instrumentation trop rythmée à la limite de la parodie de Prodigy. Heureusement, en live ça passe pas trop mal (Il faut dire aussi que les musiciens sont très bons. Le percussionniste au trombone à coulisse en particulier). Et Saul saute dans tous les coins en tapant sur une espèce de cadre en bois recouvert d'une peau de vache, normal. S'ensuivit un autre grand moment du festival : Death In Vegas. Les garçons dissimulés derrières d'épaisses machines pleines de fils et de boutons partout se distinguaient à peine dans le sacré paquet de fumée qui englobait le tout. Et l'ensemble représentait très bien ce qui se passait dans nos têtes à ce moment là, soit une sorte de transe embrumée comme un voyage sur des autoroutes allemandes mâtinées de pépiements d'outaspace (genre le très kraut "Zugaga", mais puissance mille tsé). La perfection pour clore le festival.
Enfin non, c'était pas tout à fait fini en fait. Alors qu'un unique représentant de Crookers s'égarait dans une explosion de lasers rouges sur la grande scène, on s'est réfugiées dans le deMovie salon pour voir l'illustrateur Luz et Kid Chocolat en duo-Djset pour l'after Poor Records. Ce fut génialos. Genre vraiment. Genre Luz hurlant des paroles à moitié compréhensibles à base de cheveux, genre "Smell Like Teen Spirit" suivi de Tiga. Genre on a bien dansé. Mais le mieux dans tout cela, le véritable clou de la soirée était encore à venir. En effet, alors que "Cavern" démarrait sur les platines, Sal P (chanteur et membre fondateur de Liquid Liquid) en personne est venu chanter dessus, comme en 83. Salut l'impression d'assister à un moment privilégié. Surtout que le petit chauve tout frêle en rayures à la JP Gaultier n'en est pas resté là. Il a balancé un Djset perso qui groovait à mort, dansait lui même avec beaucoup d'enthousiasme et tapait des mains. Grâce à lui, on a quitté le For Noise sur "How Deep Is Your Love" en kiffant nos mères. Vivement l'été prochain.