Festineuch, c'est fini ! Hier dimanche marquait la fin d'une 10e édition haute en couleurs; toujours sous un soleil radieux, le festival a fermé ses portes à la suite d'une soirée marquée entre autres par la venue de l'un des papes de la world-music, Youssou N'Dour. A l'heure ou la presse locale pose les bilans, TEA revient sur la soirée de dimanche.
FESTINEUCH DIMANCHE
The Rocky Joe Attitude
Mark Berube
Ojos de Brujo
Bonobo
Youssou N'Dour
The Rocky Joe Attitude
Mark Berube
Ojos de Brujo
Bonobo
Youssou N'Dour
C'était la journée Family-Friendly aux Jeunes-Rives. On se trouvait donc avec des enfants de tous âges qui galopaient dans tous les coins, grimpaient sur les barrières puis sur les épaules de leurs parents ou traçaient des images sur le sol, avant de s'arrêter dans leur élan, fascinés par les musiciens, oubliant de manger ou se laissant aller à danser - le genre de spectacle très attendrissant qui confère au festival une ambiance fraternelle et bon enfant.
Le programme taillé sur mesure pour ce genre d'atmosphère, ne comprenait qu'un seul nom connu de mes oreilles, à savoir Youssou N'Dour. Cependant, les autres prestations de la journée ne m'ont pas laissée indifférente pour autant.
Premièrement, l'ensemble The Rocky Joe Attitude qui est un concept avant d'être un groupe et avant même de produire des sons. En fait, il s'agit de rassembler une cinquantaine de guitaristes plus ou moins amateurs dans une formation de grande envergure, accompagnant une chanteuse un peu psyché. Dans les faits, c'est impressionnant. Mais la Björk ratée, là, ferait mieux de la fermer.
Vient ensuite l'heure de Mark Berube, une des révélations de la journée! En effet, alors que je m'attendais à trouver une formation teintée de world-music à la scène Lacustre, une surprise folk-indie m'y attendait sous la forme d'un des groupes les plus mignons que j'aie jamais vu de ma vie (presque autant que les Pain Of Being Pure At Heart, c'est dire). Oui, Mark Berube et ses musiciens sont sûrement les plus gentils de tous les artistes du festival. Le genre où ton coeur se gonfle gros comme ça et où t'as envie de tous les embrasser sauf que non alors tu gonfles encore plus et tu meurs. Tu meurs parce que les compositions de Mark sont très belles et qu'elles racontent des histoires. Comme celle de la balade à travers New York où il atterrit à Central Park, au milieu des touristes et cherche un magasin devant lequel est assis un petit garçon qui... Bref, tu meurs aussi parce qu'il est mignon, le Mark, avec son look d'homme de la forêt et son accent canadien. Et aussi parce que les musiciens qui l'accompagnent sourient au moins aussi souvent que lui et que lesdits smiles appartiennent à un très chouette batteur, une bassiste qui ressemble un peu à Sophie Hunger et une violoncelliste...avec un vrai violoncelle qui plus est! L'instrument en question donne une certaine fibre à la musique, une couleur chaude qui coïncide à merveille avec le reste. D'ailleurs, les compositions sont toujours très équilibrées et soignées. Et même si au fond, la formation de Mark Berube est peut être un énième groupe folk-indie "j'ai une barbe et une chemise carrolée" parmi d'autres, ces musiciens m'ont impressionnée par leur chaleur et leur bonheur communicatif et sans prétention.
La suite avec Ojos de Brujo, groupe phare de la scène barcelonaise, qui mélange lui aussi divers instruments (et même certains pas de flamenco - parce que ça ressemble au claquettes tu vois) avec équilibre. Mais la sauce samba-rumba-tango-tout ça, c'est moins mon registre. Il est donc temps pour un chapati, tout en observant quelques danseurs aguerris.
Prochain concert, plaisant mais lassant: Bonobo, autrement dit le mariage plutôt réussi entre trip hop et world-music.
Enfin, le maître Youssou N'Dour clôt la soirée et le festival par la même occasion. Nullement encombré par la pression que ce genre de tâche peut représenter, l'artiste et sa troupe occupent la grande scène comme aucun groupe ne l'avait fait jusqu'à présent. Dès le premier morceau en effet, la sauce prend et le show bien orchestré emporte la foule loin de l'orage qui se pointe à l'horizon neuchâtelois pour trouver le Sénégal, la terre sèche sous les pieds nus et le soleil de l'équateur.
Alors que je redoutais le genre bande-son-de-scène-dramatique de 7 seconds (même si on y a eut droit, c'est trop un tube), je suis aussitôt rassurée par l'espèce de gigolo chauffeur de salle ("vous êtes fatigués ?") qui se déhanche et nous fait chanter des trucs genre "Mamaye papaye"...pas le style Neneh Cherry. On lève alors tous les bras pour encourager les danses déliées, on hurle, on applaudit à s'en déchirer le biceps et lorsqu'au final une jeune femme se hisse sur des épaules et tend ses paumes roses vers le maître de cérémonie, c'est comme un merci adressé au ciel. A ce Dieu de la scène qui profère des messages d'espoir pour une Afrique que l'on connait au fond trop mal.
Car Youssou N'Dour est africain avant d'être sénégalais et il s'engage pour ses frères. La journée de la famille où l'on se sentait déjà tous comme dans une seule et même famille atteint donc avec ce concert son point culminant et oui je sais, c'est très émouvant.
Passons donc le sentimentalisme et revenons-en au concert, dont les meilleurs moments sont bien sûrs ceux où l'on rigole. Les occasions sont aussi nombreuses que les chansons, d'ailleurs ces dernières toujours menées par cette voix si typique, sont accompagnées d'instruments non moins caractéristiques comme le djembé ou la guitare, mais maîtrisés avec virtuosité. Parmi les musiciens, un guitariste sénégalais grand et "tout noir", que l'on nous somme d'appeler Jimmy s'il joue mal et Mamadou s'il joue bien #lol. De plus, parfois, tout comme Mark, Youssou raconte : "C'est l'histoire d'un petit oiseau qui avait faim. Alors sa maman oiseau l'a laissé partir de l'arbre pour qu'il puisse aller chercher de la nourriture. Mais au pied de l'arbre il y avait un crocodile (ou cwocwodiwle)..." et nous laisse interpréter.
Trop fatiguée pour philosopher, je conclurai rapidement par un gros coeur pour les groupes du jour. Agréables à suivre lorsque l'on est tout ankylosé de la veille. Au final, la dixième édition de Festineuch s'est terminée en beauté, sous, certes, quelques goutes de pluie, mais aucune averse n'est venue altérer les festivités. Du coup, pas moyen de sortir mon K-way doré estampillé des Eurockéennes. Vague regret, puisque les Eurockéennes justement, c'est tout bientôt. Même fourbue de quatre très courtes nuit, j'ai déjà hâte de retrouver le train de vie des festivals.