L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S

16.7.11

[GUEST 1] Vitesse

[Guest 1: Vadim P]

Là, personnellement, je suis saoul. Je fume des Dunhill light en maillot de bain Façonnable, payé avec mon premier vrai salaire d’ouvrier spécialisé. La bouteille de vin rouge achetée au Carrefour Market, repérée à l’étiquette qui signale la sélection des experts du magasin est vide. Ca pourrait être déprimant. Ouais mon pote, ça pourrait être déprimant, mais d’abord, Marvin Martin a marqué deux pions ce soir contre l’Ukraine (ouais j’écris en avance), et je viens de l’acheter sur Football Manager, et je viens de me faire du Earl Grey. C’est pas du Twinings mais du Carrefour mais rien à foutre, il y a des fois où ça va bien et des fois où ça va pas, et là, ça va.

Je suppose que c’est un souci de t’appeler « mon pote » vu que t’es peut-être une meuf et que même si t’es un mec, tu me connais pas. Bref, on m’a dit de me présenter et j’aime pas ça du tout donc on va abréger. Je m’appelle Vadim, j’ai 21 ans, j’ai fondé la frange avec un pote et j’écris pour plein d’autres trucs. Voilà, on se connaît, si ça t’intéresses t’as qu’à stalker mon flavors, parce que je vais pas répéter tout ce qui est déjà sur l’internet.


Je me suis engagé un peu vite, j’ai dit que j’allais parler de Vitesse. J’ai un peu de réticence à le faire maintenant que je suis devant le truc. Je suis dans la position du mec qui parle d’un truc pas trop connu, d’un groupe dont les deux membres ne jouent plus ensemble et qui était le meilleur du monde. Tellement le meilleur groupe du monde que je les ai trouvés sur facebook mais que j’ai pas osé écrire de mail pour dire à quel point ce qu’ils ont fait m’avait un peu bouleversé. Mais à la limite c’est pas la question. Je donnerai pas les noms ni rien, au fait, ni des albums ni des chansons je crois. Parce que si ça t’intéresse tu bougeras ton cul sur google pour naviguer entre les milliards d’homonymes (ce sera plus simple sur lastfm btw), et tu mériteras d’écouter Vitesse. C’est pas une chasse au trésor mais presque, rapport que filer de la confiture aux cochons ça m’ennuie. Bon et si tu connais déjà, viens pas me casser les couilles, je considère que Vitesse est mon secret, et quand bien même ça le serait pas, je vais continuer d’y croire. 


Bon grosso modo on parle de synthpop, New Order, OMD, Magnetic Fields, Human League machin machin, mais pas vraiment branché ecstasy et dancefloor et boule à facettes, plutôt le genre mélancolie d’un après midi d’un faune en automne ou n’importe quoi qui est un peu badant, mais avec des éclaircies, tu vois. Un peu bande-son de Less Than Zero, ou de tous les après-midis désoeuvrés passées à prendre le cagnard en picolant parce qu’on s’ennuie et des histoires de cavalcades de souvenirs. Faut dire qu’entre la musique d’une simplicité confondante (une boucle qui tourne et tourne et tourne et change un peu quand même parfois) et les voix qui s’effacent, c’est vraiment de la musique du passé, mais qui est pas foncièrement nostalgique, le genre qui vient un peu de l’âme ou peu importe comment tu appelles ça. C’est la musique électronique la plus douce mais qui file mal au cœur, qui fait danser seul tout un verre à la main ou que sais-je, c’est un truc assez intime d’où le fait que c’est très chelou d’en parler ici.

Disons que c’est de la musique pour pleurer et endormir la douleur et faire l’amour, mais tout ça comme si tu étais sous tétrazepam ou codéine ou n’importe quel truc qui rend gourds quatre vingt dix pour cent de ton corps tout en rendant dix fois plus sensibles, à fleur de peau, les dix derniers pour cents. Nique sa mère, écoutez A Statue On Easter Island, pleurez vos mères, et vous me remercierez plus tard.