L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S

11.8.10

[GUEST 1] "Riffs That Make You Wanna Have Sex"

[Guest : Maya Rrose]

On se méfie beaucoup (et on a généralement raison) des Parisiens aux cheveux (un peu) longs et (franchement) gras qui prennent une guitare. On se souvient tous du fou-rire inextinguible qui nous a saisi à la découverte des Shades ou, pire, des Naast, qui humilieront rétro-activement leur descendance sur plusieurs générations le jour où ce petit monde tombera sur les clips de papa. Mais ceci est un autre débat, et même si Dieu sait combien j'aime tirer sur les ambulances j'ai préféré utiliser cette tribune gracieusement offerte par les filles de TEA pour pointer du doigt un groupe qui fera mentir mon affirmation première.

La première fois que j'ai entendu 6noir, je les ai vu avant de les écouter. Erreur n°1. Il faut les écouter avant de les voir. Oui, ces garçons sont beaux. Oui, ils seront très énervants pour ceux qui le sont moins qu'eux. Je suis une connasse, une pas vraiment impressionnée qui ricanera en haussant les épaules parce que les groupes de mecs aux cheveux dans les yeux, hein...
Erreur n°2. Les 6noir ne sont pas QUE beaux. C'est approximativement au troisième accord, à la cinquième seconde de concert, dans une salle qui pourtant en a vue d'autres qu'ils m'ont fait ravaler mes sarcasmes et fermer ma gueule. Tout ça n'a pas franchement quitté Paris et pourtant on pense Easy Rider, on pense Monte Hellman, on pense What the hell, allons traverser le désert, du rock à fond dans la Buick.

Bien sûr, il faut jouer le jeu. Bien sûr, il faut accepter la nostalgie d'un Ouest américain d'Epinal qu'on ne connait pas parce que trop jeunes et pas à proprement parler du bon côté de l'Atlantique. Mais il suffit de se plonger dans un de ces morceaux de 6min30 dont on n'enlèverait ni une note ni un mot tellement on aime l'équilibre précaire entre guitares crades et paroles classieuses qu'on finit par admettre (à reculons, ici on n'aime pas trop avoir tort) qu'on n'a absolument pas besoin de maîtriser son sujet pour en parler joliment, et puis quoi encore?
Vous me direz, c'est bien gentil tout ça mais concrètement on écoute quoi ? Eh bien malheureusement concrètement pas grand-chose pour le moment. Il faut vivre à Paris pour suivre 6noir de concert en concert. Il faut, peut-être, leur envoyer des petits coeurs sur facebook pour pouvoir les entendre en dehors d'ici, histoire de se prendre Salvation en pleine gueule et de comprendre de quoi je parle. Il faut, peut-être, innonder myspace pour savoir quand sort cet EP, parce que c'est pas qu'on attend mais j'aimerais bien prouver que j'ai raison. On peut, en attendant, se rabattre sur le clip de The West (l'Amérique, le désert, Epinal, tout ça tout ça) qui commence à tourner sur internet. Mais les yeux fermés. J'ai dit qu'on écoutait avant de regarder.


Pour garder toute sa crédibilité et par décence/discrétion/mauvaise foi/rayez la mention inutile, la rédaction passera sous silence le charisme du chanteur. On signalera tout de même une présence à la Morrison, un grand brun magnétique dont il est impossible de détacher les yeux une fois qu'il a commencé à chanter. Et un malgré un air à ne pas rappeler les filles le lendemain (eh, c'est aussi ça le rock, vous croyez sérieusement que Morrison les rappelait toutes ?), l'amour affiché pour les pulls de ski qui grattent (c'est du moins ce qu'on a vu un soir au Batofar) nous rappelle que bon, on se prend peut-être un peu au sérieux mais pas tant que ça, c'est du rock, les mecs.
What the hell.



---
Même si elle vous jurera le contraire, Maya Rrose ressemble à ses accolytes rockers à mèche. Planquée derrière sa frange et ses Ray-Ban, on la trouve le plus souvent à la terrasse de son bar préféré à prêcher son amour pour David Bartholomé où à la Cinémathèque devant un film qui intéresse en tout et pour tout dix personnes. Elle a passé plusieurs mois entre Paris et l'Angleterre à trifouiller dans la production musicale et à parfaire sa maîtrise du tambourin sur les disques des copains. De retour à Paris, elle étudie à la Sorbonne et en est à sa quatrième vie-chat. Elle a longtemps voulu devenir Anna Karina, mais depuis que sa maman lui a fait remarquer que c'était impossible elle ambitionne d'épouser un britannique et d'ouvrir une librairie où on la laissera enfin passer Joy Division à fond. Elle adore parler d'elle à la troisième personne.