L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S
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8.7.15

"Envie de rien, besoin d'un foie"

Ventre de Biche
Viens Mourir

"Plus rien à faire / Plus rien à boire, plus rien à fumer / Je regarde une meuf et j'attends qu'elle vienne me parler / Elle vient pas / Un Arabe de quarante ans complètement pété / Viens me taxer une clope / Oh pourquoi, cet Arabe c'est pas toi ?"
Meilleures paroles depuis un bon moment. Qui n'a jamais vécu quelque chose de similaire à un moment donné, à une soirée sur le déclin dont on attendait plus ? Ces paroles, scandées dans l'urgence par un petit mec qui ne paye pas de mine avec sa casquette et sa veste Adidas dans une crade salle de Bruxelles en avril dernier sont coincées dans ma tête, avec les synthés parfaits qui vont avec. L'auteur, Ventre de Biche, est une claque comme je ne m'en étais pas pris depuis très longtemps, blasée comme une connasse par des concerts à répétition où l'on va plus histoire de voir les potes et boire des Jupiler que pour découvrir un groupe. La chanson, "Plus rien à faire", tourne en boucle sur ma platine depuis. Comme le reste de l'album, que j'ai eu à moins cher car le petit mec était trop décalqué après sa performance pour pouvoir rendre la monnaie. 


"Quand tu me parles j'ai mal à la tête / Assis dans le salon, comme des cons / Obligés de gueuler, comme des sourds / Putain si j'avais su, j'serais resté chez moi"
Le petit mec, et je me permets de l'appeler comme ça car je le soupçonne d'être plus jeune que moi, c'est Luca Retraite, un Lyonnais qui a trouvé refuge à Strasbourg. Là-bas, il a rejoint le fameux collectif la Grande Triple Alliance Internationale de l'Est, ces mecs bien barrés (Scorpion Violente, Noir Boy George, Delacave, The Dreams ou bien The Feeling of Love) qui font que j'ai encore espoir en la scène française. Depuis quatre-cinq ans, Luca Retraite fait de la musique tout seul sous le blase Ventre de Biche ou avec des copains dans des groupes répondant aux doux noms de Sida, Charnier ou encore Lésion Blanche. Après avoir enregistré des chansons à l'arrache pour ensuite les distribuer lors de concerts via sa petite structure DIY Maison de Retraite, Ventre de Biche a sorti un premier vrai album, Viens Mourir, en avril dernier sur Teenage Menopause Records, le label d'Elzo Durt (lisez notre interview fleuve au passage).

13.5.13

Redevenir mignonne

ALBA LUA
INNER SEASONS

Depuis deux ou trois ans, j'en ai marre d'être une fille mignonne. En musique, en tout cas. Les mélodies délicates et les chants joyeux et choupinets m'angoissent. Je fuis les garçons aux guitares acoustiques comme un fan d'emo craint la lumière. Tout ce qui ressemble de près ou de loin au folk m'ennuie profondément. Je suis devenue une connasse qui n'aime que les morceaux putassiers ou bien costauds. 

Il y a des exceptions. Je reste une immense fan de Belle & Sebastian et le récent disque de Jacco Gardner a tourné dans mon appartement sans que mes oreilles ne le rejettent. En vrai, je pense qu'on a tous besoin d'écouter des choses apaisantes et belles et subtiles, mais il y a des moments où les musiques acoustiques sonnent juste fades, et on a besoin d'une claque bien violente. Je pense avoir passé cette étape. Oh merde, je vieillis. Le printemps me rend toute chose et j'ai décidé, au milieu de mes révisions de fin d'année, de trouver une bande son appropriée à mes envies de grand air, de soleil et d'excursions à la dune du Pyla. Comme un signe du destin, Alba Lua en a profité pour sortir son premier album au même moment. 

Quand je vivais à Bordeaux, charmante époque, je passais mes soirées dans les caves à écouter du garage, ça envoyait, c'était parfait. Mais j'ai développé aussi dans le même temps un intérêt étrange pour Alba Lua, étrange, car ce n'est pas vraiment le genre de la maison. C'est peut être cette différence qui plaisait, au fond, un peu de rêverie au milieu de la scène rock bordelaise. Le trio délivrait des concerts mémorables, où l'on s'imaginait ailleurs, la guitare chantait, la batterie était douce, la voix étonnante (le kit presse parle de "chant d'homme-sirène", ce qui me renvoie à l'image malheureuse de dauphins qui crient, mais on comprend l'analogie). C'était mignon, mais incroyablement pas chiant. 

26.7.12

[GUEST 7] "When will life find this fucking Wonderland?"

[Guest: Delphine]

Écrire, effacer, ré-écrire. Si je n’ai pas le complexe de la page blanche, celui de la page naze semble empirer avec le temps. Moi qui croyais que ça allait finir par passer… Après avoir hésité à me plaindre de la faible qualité des programmations musicales des festivals de cette année, de vous parler de mon idole de toujours Lindsay Lohan - on ne juge pas - je me suis reportée sur BRNS (prononcé Brains). On va sûrement me older, mais OSEF.

Encore en train de rouspéter dans mon coin, en geignant que je n’ai rien découvert de transcendant cette année, mon chef me conseille de jeter une oreille à BRNS, et me recommande le morceau Mexico, sans m’en dire plus. En bonne employée appliquée que je suis (hum) je m’en vais m’exécuter. Le morceau commence, entraînant avec cet ensemble de percussions, mais c’est une fois arrivé au refrain qu’on sent toute la force, la rage inhérente à ce hit en puissance.  Une vraie claque.



Comme un tox ne voulant pas redescendre de sa défonce on s’en va écouter les autres morceaux présents sur le Bandcamp du groupe. Tous, un par un, ont cette faculté à nous hypnotiser (mais plus particulièrement encore "Here Dead He Lies et Our Lights"), à nous faire tourner la tête et à nous la faire secouer machinalement. Aussitôt les sept titres achevés, le manque arrive, on appuie aussi sec sur replay pour ne pas faire de descente et pourtant rien ne sera jamais plus comme avant. On est ensorcelé par la magie de ces voix, de cette musique, de ces cris. On veut en faire partie, crier avec eux notre rage, notre désespoir, et sauter de joie en même temps. Nos sentiments s’emmêlent, on ne sait plus quoi ressentir, plus quoi penser, on s’assoit, pour reprendre notre souffle. Doucement.



Quand on se renseigne un peu plus on apprend que le quatuor bruxellois est né en 2010 et qu’il a sorti un mini-album Wounded, le 21 mai dernier distribué par PIAS. Mini par le nombre de titres (7) mais pas par la longueur, car aucun d’entre eux ne dure moins de quatre minutes. Il aurait été inhumain de faire autrement. Sitôt la comparaison (facile) avec Wu Lyf (mon cœur saigne quant à leur pause/fin) se fait, même rock baroque, mêmes chants en chœur, même noirceur et pourtant il y a quelque chose de plus authentique, de moins forcée encore chez nos Belges. Réputés pour être aussi bons sur scène que sur disque, si j’ai le temps d’aller à Rock En Seine, ils feront partie de mes inratables.


***






Certains m’ont donné le surnom de "maman des Internets" même si les enfants me foutent une trouille bleue. Jeune fille à la crinière de feu, je suis sauvage au premier abord, mais il paraît que je suis aussi sympa et sociable même si je prétends le contraire. Je revendique le fait d’être une fausse fille, même si ma passion pour les pandas roux et les teen movies me trahissent souvent.

11.5.12

"I want that girl, I need that girl"


Strange Hands 
Dead Flowers

Une des choses géniales à Bordeaux, c'est qu'il y a plein de groupes de garage. 
Un des problèmes de Bordeaux, c'est qu'il y a plein de groupes de garage.
Oui, à la fin c'est presque fatigant, tout le monde fait un peu la même chose, chaque soirée se ressemble. 
Alors, quand une nuit d'hiver tu t'engouffres dans la cave du Saint Ex qui exhale le champignon et que tu te retrouves devant trois mecs de 20 ans et quelques qui te servent un set tellement énergique que tu danses comme jamais et achètes leur vinyle, alors là, tu te promets de les suivre de près. Voilà pourquoi on attendait avec impatience la sortie du premier album des Strange Hands.

Trois Bordelais donc, Lucas, Melvyn et Victor, qui chérissent les années 60 et le psychédélisme qui va avec. En 2010, ils sortent un premier maxi, Dead Frozen Deer, sur le label néerlandais A Fistful Of Records : quatre morceaux menés par l'insolente énergie de la jeunesse, brouillons mais super entêtants. 

Deux ans plus tard, il semblerait que le groupe ait mûri, leurs références sont mieux digérées, ils ont pris le temps de composer des morceaux plus aboutis. Cela sonne toujours comme du garage typique des sixties, mais le sens aigu des mélodies dont fait preuve le trio, ainsi que la crâne façon du chanteur de poser sa voix donnent un on-ne-sait-quoi d'irrésistiblement attrayant. Et puis il y a le choix des instruments : guitares douze cordes et surtout, surtout, orgue vintage. Comme dans le single "Love Illusion" par exemple, porté par ses alarmants claviers.

26.3.12

Grands espaces

On ne peut pas dire qu'on l'attendait de pied ferme tellement on frôlait l'overdose. Toujours est-il qu'après moultes écoutes de Houses and Voices, l'annonce d'un nouvel album de Buvette nous a bien fait plaisir. Et après l'avoir vu en concert en première partie de Still Corners mercredi passé, on peut vous certifier que les morceaux de Palapa Lupita sont bien beaux. Autant que la superbe pochette signée Adrian Rast.

Buvette
Palapa Lupita
(Rowboat, 2012)

Ce qui frappe dès la première écoute, c'est le caractère plus posé, nostalgique de la chose. Alors que Houses and Voices s'ouvrait sur un "Benzi Blues" nerveux, l'intro "Anegundi-Sanapur" de Palapa Lupita fait plutôt penser à la bande son d'un documentaire. Genre un plan sur une montagne avec une nuée d'oiseaux et un coucher de soleil, bien joli, posé, un tantinet solennel. On peut alors direct faire le lien avec le processus de composition de ce nouvel opus qui fut bien différent du premier, selon les dires de son créateur. En effet, cette fois-ci, les morceaux ont été réalisés plus rapidement, dans un laps de temps plus court et principalement au Mexique, fin novembre 2011 et en Inde, en décembre. Un album exotique/musique du voyage pourrait-on dire. Ca a du sens quand on pense à la mélodie orientale sur "Heavy Juana" ou aux divers bruitages enregistrés sur la route (ce qu'on a interprété comme des cris d'oiseau dans l'intro par exemple). Mais pour le reste, ça reste Buvette, soit un empilement de samples duquel résultent des morceaux qui prennent de l'étoffe au fur et à mesure, comme le sautillant "Inside Life", le léger "Palapa Lupita" ou encore le final un tantinet techno "Salty Tougue Part.2".

Mais reprenons depuis le début puisque cet album rapidement composé est aussi plus uniforme que son prédécesseur et s'écoute d'une traite, comme un tout. Notamment grâce à des enchaînements bien maîtrisés entre les morceaux. Celui entre la piste 1 et la 2 ("Faith in Tiger" feat Kurzwelle) tout particulièrement. Car c'est à partir de ce moment là que la musique devient un peu plus dynamique. A l'entrée planante succèdent des voix scandées telles qu'on avait pu les découvrir au festival Nox Orae l'été passé. Un synthé un peu nasillard ("tzin tzintzintzin") sur la fin et ting!, on est déjà dans "Directions". Ce dernier fait l'objet d'un joli clip coloré réalisé Thomas Koenig et Marie Taillefer dans lequel les images abstraites semblent vibrer en synchro avec la musique. C'est aussi le second morceau de Palapa Lupita dont on a déjà eu un avant goût dans les anciens sets de Buvette (cf. la flûte).

1.3.12

Chant des sirènes

Julia Holter
Ekstasis

La plupart des gens ne font rien de fascinant dans leurs chambres. Ils y dorment, défont les draps, ou passent des heures devant leur ordinateur à perdre leur temps. Et il n'y a pas forcément à culpabiliser de cela. Sauf peut être quand on remarque que des personnes peuvent, elles, travailler et sortir de très belles choses par la porte de leur chambre. Comme Julia Holter, qui, depuis son appartement de Los Angeles, compose et enregistre en qualité et en quantité impressionnantes une musique qu'elle a mûrement réfléchit au fil du temps, du haut de ses 27 printemps.

En ce début du mois de mars sort Ekstasis, le second album de Julia Holter, qui suit de seulement cinq mois son prédécesseur. Tragedy était un beau projet qui nous révélait la jeune femme et son talent, notamment grace à l'impressionnant "Try To Make Yourself A Work Of Art". Mais malheureusement, Julia Holter finissait par perdre l'auditeur avec ses expérimentations parfois trop poussées, même pour les personnes très ouvertes. Ekstasis est le disque qui pourra confirmer aux uns le potentiel d'Holter, et séduire les autres. Car cet album est beaucoup plus abordable que le premier.

Dès le début on remarque un changement important. Cette fois-ci pas de longue Introduction sombre et effrayante avec un mélange de bruits de vent et de sons ressemblant à des plaintes d'animaux, non.  A la place, il y a "Marienbad" et ses chants a capella  avec une voix aigüe rassurante et mignonne, presque naïve, avec ça et là quelques arrangements musicaux classiques. On n'a plus en tête l'image d'une forêt hantée, mais plutôt d'un jardin ensoleillé avec de belles fontaines (bon il va falloir arrêter les comparaisons sérieusement). Mais Julia Holter reste ce qu'elle est, une artiste qui expérimente. Alors soudain, le ton change brusquement, le ciel est plus menaçant et s'assombrit de seconde en seconde, on ne reconnait plus la chanson. Et puis à peine une minute après, le morceau, décidément schizophrène,  reprend ses atours de musique de chambre légère et lumineuse. Cet incipit représente bien l'ensemble d'Ekstasis et la construction complexe de chacun des morceaux. Confirmation juste après avec "Our Sorrows", un titre plus triste, où la Californienne utilise une technique de chant qui rappelle beaucoup les musiques d'Asie, tandis qu'une  batterie martiale se fait de plus en plus présente pour finalement s'évaporer à nouveau.
"Marienbad"

17.2.12

Bacchanale

Phèdre
Phèdre

Parfois j'ai l'impression qu'on veut nous faire avaler des couleuvres. Comme par exemple quand on nous dit que le nouveau groupe super excitant du moment (ou de la semaine) est un trio monégasque. Sérieusement, j'ai dû aller sur Wikipedia pour vérifier qu'il existait bel et bien des habitants jeunes sur le rocher. Il y en aurait une petite poignée apparemment. Mais ça ne suffit pas à me faire avaler que parmi les quoi, 4000 jeunes de Monaco, il y en ait trois qui fassent de la musique intéressante ensemble. Je les imagine plutôt ne foutant rien de leur bling bling de vie et vidant la cave à grands crus de leurs parents. Mais ce ne sont peut être que des clichés, comme dans le film Les Tuche, que mon beau-père a loué récemment au Cinebank à côté de la station service du Super U. Comble, la bio du groupe renseigne aussi qu'ils ont été "raised in a cave of gold". I don't buy it. 

Pipeau ou pas, ils ont pris un joli nom, celui d'une des meilleurs personnages de la mythologie grecque, Phèdre. Et c'est bien la seule chose triste que vous pourrez trouver chez ce groupe. Parce que Phèdre, qui a sorti son premier album le jour de la Saint Valentin, fait dans la musique joyeuse et tombe à point nommé en cette morne période. Ils ont commencé à faire parler d'eux il y a quelques semaines avec un clip qui a tourné gentiment, "In Decay". Une vidéo mettant en scène une fête païenne où l'on verse du liquide visqueux sur des gens. Et comme on voit un bout de seins dedans, ils ont eu droit à la mention "NSFW", pratique pour augmenter le nombre de vues. 

20.12.11

"Il n'y a plus d'espoir"

C'est trop cool, c'est bientôt Noël et en plus, il a enfin neigé (en Suisse). Tout ça mettrait plein de lumière dans nos coeurs si nous n'étions pas un peu submergées par les révisions et autres achats en dernière minute de cadeaux moches dont personne ne se satisfera. Heureusement, pour nous dérider, il y a foison de trucs drôles sur l'internet. Et comme on est gentilles, on s'est fendues d'un petit top des musiques du lol. Un amalgame non exhaustif de genres golris, ironiques, absurdes ou vraiment nazes que vous pourrez ressortir pour faire les malins à Nouvel An. Pardon d'avance.

#1 Le cheap cool
On ne va rien vous apprendre en vous disant qu'une des règles dominantes de la rigolade, c'est le cheap. Plus c'est simple et direct, mieux ça marche. Ainsi le DIY musical 2.0 se décline en toutes sortes de parodies plus ou moins fines et bien réalisées (coucou Jon Lajoie ou Flight Of The Conchords). Perso, c'est quand la totalité de la production est à deux balles que ça me parle le plus. D'ailleurs je te balance direct la mise en bouche avec une ritournelle de la prêtresse du domaine, Anne Laplantine.

Anne Laplantine - "J'ai acheté un saucisson"


La meuf en question a également réalisé le clip de la sympathique chanson ci-dessous. Un hymne idéal pour le départ à l'aventure avec les amis.

Sympa - "Dédicace" 


Et même qu'il arrive à des francophones bidouilleurs de piquer la chanson d'amour aux bellâtres à guitare sèche (qui emploient d'ailleurs tous la même formule pour ravager les coeurs, c'est bien connu). Salut c'est Cool, par exemple, distribuent des bons sentiments à la louche. Avec vigueur et sueur. C'est vraiment trop bien.

16.12.11

Complot russe visant à vous faire mater des films de série B

Il y a plus d'un mois maintenant, Messer Chups a joué au Café Pompier à Bordeaux et c'était plutôt génial. Ils sont trois, viennent de Saint Pétersbourg, et font de la heu, "surf horror music" disons, de la musique pour films de science fiction cheap des années 50 à 70. Mais c'est peut être leur scénographie qui nous faire dire ça : quand ils jouent en live, des collages de films de la Hammer (ou du même style) sont projetés derrière eux, et ça va drôlement bien avec la musique qu'ils font. Messer Chups a déjà une pléthore de disques à son actif (voyez plutôt leur discographie). Le groupe a connu différentes formations, à un moment il y avait même Lydia Kavina, petite nièce de l'inventeur du Thérémin, qui jouait de l'instrument de son ancêtre. Sur Youtube vous trouverez une foule de vidéos reprenant des extraits de vieux films et avec du Messer Chups en bande son : des heures de régal. Rapide sélection :


Le concert m'a donné très envie de me mettre aux films de série B ou Z, du coup je m'en suis fait une petite cure et j'en ai choisi quelques uns pour vous.

L'île du sadique (1960), de Fritz Böttger
Dans ce film en noir et blanc, une troupe de danseuses et leur manager ont un accident d'avion au dessus de l'océan et se retrouvent sur une île où vivent de vilaines araignées. Ces monstres (trop mal faits) piquent Gary le manager, et laisse donc les filles livrées à elles-mêmes. Elles sont insupportables, respirent fort et soupirent tout le temps comme si elles simulaient un orgasme. Pour plaire à la gent masculine, il y a même des plans où elles se bagarrent. En fait les danseuses, ayant abandonné l'idée de retrouver Gary, trouvent deux hommes et font une soirée avec eux, où les mecs draguent à tout va et disent à n'importe laquelle qu'elle est l'amour de leur vie. Ce film représente toutes les femmes comme des êtres atrocement bêtes. Quant au manager, il finit par mourir embourbé après avoir tué quelques filles.

21.11.11

Canicule


Mars Red Sky
Mars Red Sky

Parfois, dans la pénombre des caves bordelaises enfumées, on peut entr'apercevoir une petite silhouette toute discrète. C'est Julien Pras, et sa taille n'empêche pas qu'il en impose plus que beaucoup, beaucoup d'autres sur la scène locale et au delà. Il a acquis tout le respect qu'on lui accorde avec son groupe de folk-pop Calc, qui a commencé à la fin des années 90. Pourtant, malgré son passé musical et sa tête définitivement sympathique, Julien Pras fait aujourd'hui dans le gros rock bien puissant, au sein du projet Mars Red Sky. Le nom vient d'une chanson de Sleep, ça annonce assez bien la couleur.

Avec le bassiste Jimmy Kinast et le batteur d'Alba Lua Benoît Busser, ils font dans le stoner psychédélique, sans jamais s'être dit qu'ils allaient jouer ça. C'est arrivé. L'alchimie entre ces trois là a vite fonctionné, et après avoir délivré pas mal de concerts et fait des ravages pour nos oreilles par la même occasion, ils sont partis enregistrer un disque. Leur album de sept longs et lents titres caniculaires est sorti il y a plusieurs mois, mais -sacrilège- on n'en avait pas parlé ici. Oui, "caniculaires", on se croirait dans un désert sous un soleil harassant. La formule de Mars Red Sky ? Des guitares de plomb avec une incroyable voix aérienne (celle de Julien Pras). C'est ce savant mélange qui constitue le principal intérêt du groupe et n'en fait pas une énième formation stoner classique et ennuyeuse. Leur son est massif, couillu mais jamais bourrin.

Mars Red Sky est d'une extrême cohérence, sans être trop uniforme. Les archi-efficaces "Curse" et "Strong Reflexion" offrent des guitares saturées, ça fuzz à tout va et on comprend mieux l'intérêt de toute la collection de pédales qu'on peut voir à leurs concerts. Mais il y a aussi des moments où l'on respire davantage sous ce ciel rouge brulant, comme l'instrumental "Saddle Point", un étonnant morceaux très psychédélique, ou le beaucoup plus posé "Up The Stairs", où la partie vocale est plus mise en avant qu'ailleurs.

18.11.11

"I'm walking with Jesus and life is so great"

Ca commence avec des hurlements affreux, cinématographiques, histoire de bien te mettre en confiance. Un peu plus on croirait Screaming Lord Sutch. Mais non, The Awkwards sont beaucoup plus pressés de te faire swinger. Et leur album, paru au début du mois, est bien chouette dans le genre guitare-chant strident-groove disco-zouk punk (oui oui). A découvrir sur scène également - lors d'un festival suisse pluvieux ou bien à Los Angeles.

THE AWKWARDS
Millenium Castle

Comme une pellée d'autres, les Awkwards sont originaires de Vevey. Et depuis quelques années, ils ont enchaîné les concerts histoire de se faire un petit nom dans la région et au delà. Avec pour seul bagage deux démos quasi confidentielles et un clip mettant en scène une espèce de lampe boule en papier mutante, ils se sont notamment produits à Berlin et à Paris. A la rentrée, ils ont même fait une mini-tournée Outre-Atlantique. Elle n'a pas fait un buzz digne de celle de La Femme, mais leur a permis de se faire remarquer par un ou deux blogs un peu perplexes devant cet ouragan sautillant. Bref, jouissant d'une certaine réputation, il était plus que grand temps que la bande se fende d'un album. D'où Millenium Castle.

On y retrouve les jeunes brigands pas fatigués pour un sou par le passage au studio, décrit comme une "épreuve" par le communiqué. L'enregistrement aurait en effet profondément modifié l'approche  des musiciens et mûri les compos. Normal. Mais fort heureusement, on s'en tire avec un version 2.0 dans laquelle la fougue n'a pas pâli. Les trois premiers titres ("Rat Kids", "Blanket" et "Falcon") par exemple, tombent comme une rafale et assènent des tapes que nos hanches ne sauraient ignorer. Par la suite, la cadence varie, le chant se fait plus contrasté - parfois à la limite du parlé/scandé - et on a même des plages sombres et à peine envoûtantes à donner des frissons ("Fighting Love" - également en version 1.0.Ghetto sur notre premier 8tracks). D'ailleurs, un des meilleurs moments de l'album repose sur un de ces changements d'ambiance parfaitement maîtrisés: quand "Epic Stalion" (à l'intro un tantinet "New Ice Age", au chant à peine lynchien) passe à la joyeuse ritournelle "Foghorn" pop comme il faut, on a juste envie d'embrasser le monde entier.

10.11.11

Dans la famille Crâne Angels, je voudrais...


Vendredi dernier c'était trop la fête : les Crâne Angels faisaient leur release party au Krakatoa à Bordeaux. On s'est bien amusé. La chorale pop bordelaise composée de pas moins de treize joyeux lurons avait invité à jouer avec eux Magnetix, Julien Pras, et une trentaine de personnes, la temporaire "Armée des Anges", pour chanter tous en c(h)oeur les morceaux du premier album des Crâne Angels, qui répond au doux nom de Sylphide de Brighton. Nous vous prions de l'écouter ici et d'apprécier, parce que c'est la meilleure chose qu'ils aient enregistrée. Néanmoins notre amour pour les Crâne Angels ne sera jamais aussi grand que lorsqu'on les a face à soi en concert. Voir ces treize là chanter et jouer et s'amuser tous ensemble, ça rend complètement niais et amoureux de l'humanité. Les docteurs devraient prescrire une dose régulière de Crâne Angels pour les gens malheureux. 

Au début de cette soirée au Krakatoa, on a pu avoir un bref aperçu des nombreux side projects des membres du groupe. C'était chouette mais trop court, alors autant explorer un peu plus en détail les perles d'Iceberg, le collectif derrière lequel se cachent les Crâne Angels et qui a lui seul prouve le dynamisme de la scène musicale de Bordeaux - ça fait plaisir à voir. Bon, il est fort à parier que j'ai oublié des projets, il y en a tellement. Je suis disponible pour toute correction. 

DANS LA FAMILLE CRÂNE ANGELS JE VOUDRAIS...

Botibol 
On peut faire du folk même si l'on n'habite pas à Clermont-Ferrand, Vincent Bestaven en a apporté une jolie preuve en sortant cette année chez HipHipHip son premier album, Born From A Shore, qui a certes eu un succès discret, mais a été reconnu par la critique, parce que c'est beau quand même. On aime beaucoup aussi l'artwork par Havec, qui, surprise, fait partie d'Iceberg. 

JC Satàn
Allez, c'était obligé qu'un des projets autour des Crâne Angels soit du garage, on est à Bordeaux après tout - et JC Satàn c'est exactement le genre d'énergie et de son cracra dont les caves ici raffolent. Le groupe italo-bordelais (sisi) a sorti un nouvel album, Hell Death Samba, cet octobre chez Slovenly Recordings. Ah, et le mec avec plein de petits tatouages sur les bras joue aussi dans Hoodlum dont on avait brièvement parlé ici.

7.11.11

Une alimentation équilibrée

Gaspiller un temps monstre à mettre de l'ordre dans sa bibliothèque Itunes a parfois de vrais avantages (outre la satisfaction d'avoir toutes les pochettes dans son Cover Flow). Ce matin par exemple, j'aurais dû potasser mon cours de statistiques, mais, en cherchant la bande son de ma matinée studieuse, je suis (re)tombée sur Food Pyramid. Et ça tombait vraiment à pic: pas trop envahissant mais pas trop répétitif non plus. Calme, mais avec juste ce qu'il faut de basse pour tirer l'ensemble en avant. Et planant, avec des relents cosmiques et un sérieux bagage kraut à la Neu!/Tangerine Dream - inutile de préciser que je me suis immédiatement précipitée à la recherche d'infos sur ma nouvelle passion au nom impossible à googler. Les statistiques, ça sera pour plus tard.


FOOD PYRAMID

L'histoire de Food Pyramid commence il y a bientôt 2 ans, avec la rencontre fortuite de trois gars à Minneapolis qui se mettent ensemble pour "faire de la musique électronique et des performances live afin d'entrer en contact avec une dimension interstellaire qui se manifeste dans le son et la lumière". Rien à voir avec la bouffe. Mais le ton est dans l'ironie et un peu plus loin, on retrouve des ambitions plus banales: "faire de la musique cool pour des gens biens" - normal. Résultat des courses: Food Pyramid créent un amalgame équilibré de genres lancinants. En résulte de la musique pour chevaucher des licornes sur une route droite. Ou pour voyager d'une galaxie à l'autre par la force de son esprit tellement qu'on est des gens spirituels. Le topo est  assez bien illustré dans la vidéo ci-dessous:


1.11.11

Swiss dream

Je n'aurais pas parié un seul kopeck sur Gardens & Villa, énième groupe de jolis garçons poids-plume boxant en catégorie indie. Et puis je les ai vus à l'Amalgame mardi dernier et puis ça a (presque) tout changé. Maintenant, Gardens & Villa, c'est un nouveau truc cool pour réchauffer l'automne. Une bonne surprise combinée au plaisir rare de découvrir un groupe en live alors que de prime abord, il n'a l'air de rien. Et d'évaluer au passage ce que les chouettes Lucernois Dans La Tente valent sur scène. 


GARDENS & VILLA + DANS LA TENTE 
@Amalgame, Yverdon 25/10/11 

Débarqué de Santa Barbara dans la fraicheur d'Yverdon, Gardens & Villa réalisait pour la première fois son "swiss dream" sous le crachin. Visiblement ravis par le froid, l'humidité et le temps gris si exotique, les gars ont livré un concert à l'opposé de la météo environnante, soit énergique et chaleureux. Ou peut-être était-ce justement pile poil conforme à l'atmosphère californienne qu'on s'imagine ensoleillée et dont ils sont issus? On ne saurait trancher. Toujours est-il que leur pop mâtinée de synthés a mis les humeurs au beau fixe tant il transpirait l'enthousiasme. Je me suis  surprise à hocher du chef sans le faire exprès tout en me rinçant copieusement l'oeil - petit relent adolescent du temps où un joli minois dans le groupe était de rigueur pour mériter l'attention. 

Bref, pour peu, j'aurais pu classer l'affaire Gardens & Villa sitôt de retour à la maison et le soufflé retombé. Le cliché gratouille sans cesse l'oreille et les gars pourraient fort bien n'être qu'un groupe parmi tant d'autres, appliquant la formule gagnante du succès éphémère. Somme toute rien de bien intéressant. Et pourtant, au fil de l'écoute (post live, donc) on se surprend à trouver aux gaillards une petite pincée d'ironie et quelques bonnes idées d'arrangement qui font toute la différence. En témoignent les descentes de tom et tout un tas d'effets synthétiques joués avec brio par le plus mignon/sautillant de la bande ("Spacetime", "Orange Blossom" et cette photo mais on distingue pas trop la bogossitude), le condensé bien digéré de tout ce qui a bien fonctionné sur la scène indie ces dernières années (mélodies un peu naïves et entraînantes, fortes lignes de basse et percus tendance africaine-bongo-tambourin), le tout habilement agrémenté d'un zeste de flûte (tirée d'un carquois en bois sur le dos du chanteur) qui remplace la voix quand elle nous lasse.

20.10.11

Chapeaux ronds

Faut-il encore présenter les Transmusicales de Rennes ? Pas vraiment, car en 33 éditions déjà, l'évènement a réussi à se poser comme le plus important festival de découverte de France. Et peut être d'un peu plus mais je manque de statistiques là malheureusement. Pour vous convaincre si vous êtes un sceptique un peu chiant, regardez donc cette liste incroyable des groupes qui y ont déjà joué et reconnaissez votre erreur. Comme tous les ans, on passe un temps fou à potasser la programmation puisqu'on ne connait quasi aucun nom. J'ai sélectionné neuf groupes et les ai mis en désordre dans une playlist. Ecoutez donc ça en réservant votre premier weekend de décembre.



N'allez pas mettre Splash Wave dans la même case que tous ces jeunes groupes qui viennent de se mettre aux 80's et à la synth-pop. Le duo rennais est un cas à part, poussant la nostalgie à l'extrême en ne jouant que sur du matériel d'époque, chantant au vocoder, et enregistrant ses clips via des cassettes VHS pour faire plus authentique. Il ne manque que les palmiers.
Le vendredi au Parc Expo, il y a deux lives de groupes anglais assez mystérieux à surveiller absolument : Breton (à cause d'André), un  collectif qui bâtit dans son étrange local appelé Bretonlabs une musique particulière à base d'électro, de rock et de hip hop; et le trio Factory Floor, au post punk industriel tantôt hypnotisant tantôt ennuyeux. On avait pu les voir il y a deux ans en première partie des Horrors, mais cette fois-ci promis, nous serons plus disposés à apprécier leur set. 
Jesus Christ Fashion Barbe ou le nom le plus lol de ses Trans 2011 ? Sûrement, mais les Caennais (c'est comme ça qu'on dit, c'est pas très beau) n'ont pas été repérés juste pour cela,  leurs compositions ne sont certes pas forcément très novatrices, mais c'est quand même de la pop gentille et entraînante. Un peu comme Kakkmaddafakka, la formation Norvégienne produite par Erlend Oye qui buzze, qui buzze. 
Ne vous fiez pas trop au titre d'Hospital Ships de la playlist, la plupart de ses morceaux sont beaucoup plus mignons. C'est bien pour ça qu'il a rejoint Kütüfolk -le label Clermontois sera d'ailleurs à l'honneur pendant tout le festival à l'Aire Libre. En parlant de folk, à la Cité joueront Haight Ashbury et leurs voix de fifilles cromimi de Glasgow.
Fifty Miles From Vancouver sont de gros mythos. Ils vivent à beaucoup plus de 50 miles de l'Amérique du Nord, puisqu'ils sont rennais, et leur musique n'a rien qui sonne cabane au Canada. Heureusement pour eux, ils font du shoegaze pop bien rôdé.
Au début on croirait à une blague, ce vieil Iranien programmé au Parc Expo. Et puis en fait, on écoute Kourosh Yaghmaei et se rend compte que c'est plutôt pas mal et surtout étonnamment moderne pour une musique qui date des années 1970, même si ça reste un peu kitsch. Ce sera son premier concert hors d'Iran ever, alors ne serait-ce que par curiosité, il faudra aller voir ça. 

17.10.11

"Try to make yourself a work of art"

Julia Holter
Tragedy

Dans Hippolyte, tragédie du grec Euripide, la déesse Aphrodite est furieuse qu'Hippolyte,  le fils du roi Thésée, dédaigne l'amour, les femmes et surtout son pouvoir. Pour se venger, elle décide de rendre Phèdre, la femme de Thésée, folle amoureuse de son beau-fils. Évidemment le dénouement est malheureux, la reine se tue, Hippolyte trouve la mort à cause d'un malentendu avec son père et Thésée reste tout seul pour pleurer. La terrible fatalité à laquelle se heurtent les personnages à cause de la volonté seule d'Aphrodite a fasciné l'artiste Julia Holter et l'a inspirée pour son premier album, le bien intitulé Tragedy

La référence n'est pas forcément évidente à l'écoute du disque mais il est de toute manière difficile de comprendre toutes les idées de Julia Holter. Née à Los Angeles, elle a étudié la musique électronique au fameux California Institute of the Arts. Depuis elle a fait des choses assez conceptuelles, comme par exemple le projet JJ, où elle mêle chaque mois une musique de son cru avec une vidéo de l'Allemande Jana Papenbroock, ou encore son travail de reprises de chansons étrangères où elle traduit en anglais à partir de la phonétique et des intonations des textes de langues dont elle ignore tout. Elle a aussi enregistré sous le nom Nite Jewelia un morceau avec la chanteuse de Nite Jewel dont les garçons sont amoureux, Ramona Gonzalez. Julia Holter avait certes déjà fait quelques cassettes, mais Tragedy,  sorti chez Leaving Records, est un projet de plus grande ampleur encore.

Cet album  est extrêmement singulier, la jeune femme y mêlant des sonorités électroniques avec des instruments classiques ou de musique du monde. L'exemple parfait tient en un seul titre - le meilleur du disque d'ailleurs - "Try To Make Yourself A Work Of Art". 

C'est beau et inquiétant à la fois. L'"Introduction" de Tragedy fait même vraiment peur, avec ces bruits étranges et variés (le vent qui souffle, des craquements, brr). La plupart des morceaux durent plus de sept minutes et sont en majorité des instru/expérimentaux, ce qui fait que l'on voit plus en Tragedy une bande originale qu'un disque avec des chansons commercialisables, si l'on excepte "Try To Make Yourself A Work Of Art" et le presque léger "Goddess Eyes", où la voix de Julia Holter se fait plus claire et charmante. "Interlude" est quant à lui une vraie musique de chambre. 
Au final, on a là un objet totalement étrange et qui, honnêtement, ne ressemble à rien. L'album est déroutant et pas forcément accessible au premier abord, mais il n'appelle qu'à une étude plus prolongée pour en apprécier les beautés. Et il a au moins le mérite d'apporter de la nouveauté dans le paysage musical actuel.

"Goddess Eyes" 

3.10.11

O Geoffrey!

Geoffrey O'Connor
Vanity Is Forever

On aurait pu mettre un super mauvais jeu de mots digne d'un correspondant Ouest France en Maine et Loire en guise de titre à cet article, quelque chose comme "L'album le plus classe de la rentrée", mais ça n'aurait pas du tout collé avec l'ambiance du premier disque de Geoffrey O'Connor, beaucoup trop distingué pour cela.

Peut être connaissiez vous déjà  Crayon Fields (moi non), c'est un groupe Australien de pop toute mignonne et pas mauvaise dont Geoffrey O'Connor est le discret frontman. Le jeune homme s'était déjà échappé de la formation le temps du projet Sly Hats il y a quelques années. Mais son chef d'oeuvre, Vanity Is Forever, c'est bien sous son vrai nom qu'il le signe.

Le coup de foudre est immédiat, il suffit d'écouter une fois le single "Whatever Leads Me To You" (et on ne parle même pas du clip)  pour tomber amoureuse de la  douce voix de Geoffrey, habillée par des synthétiseurs 80's et une ligne de basse qui donne des frissons et crie au mode repeat. Sans parler des arrangements complexes et parfaitement réglés. Parce qu'il est comme ça le garçon, c'est un perfectionniste. Il a même pris deux ans pour réaliser Vanity Is Forever. Encore plus fort, quand l'album de Sly Hats, Liquorice Nights, est sorti, il proposait régulièrement en téléchargement de nouvelles versions des chansons, pour être sûr d'offrir au public exactement ce qu'il voulait faire de ses morceaux. Cette rigueur, cette perpétuelle volonté de tout vouloir contrôler, n'enlève rien à l'apparente légèreté de Vanity Is Forever, qui s'écoute sans fin.
 

29.3.11

Gros Malpropre

Je suis dégueu. J'écrase mes mégots par terre et il m'est déjà arrivé de coller un vieux chewing gum sous un pupitre au collège. Sinon, j'ai toujours détesté la plage aussi. Le sable qui s'infiltre partout c'est horrible, ça gratte et ça fait crisser les dents. Mais voilà t'y pas que y a ce type, Alex Zhang Hungtai aka Dirty Beaches, qui sort de nulle part et met tout le monde d'accord malgré son nom pas râgoutant. A croire qu'il suffit d'un sample bien connu et d'une voix grave par dessus - "Lord Knows Best" par exemple (sur du Françoise Hardy, la base).


Bref. Après avoir bien buzzé et publié quelques EP, le gus a décidé il y peu de sortir un album. Ca s'appelle Badlands et ça porte bien son nom, dans le genre paquet de musique déprimante, sombre et chiante.



DIRTY BEACHES
BADLANDS

Bon, forcément, tu pourras toujours me dire que les dés étaient pipés, que je pouvais m'y attendre et que dès le début, on sentait les limites du concept. Mais sincèrement, je suis quand même déçue. Genre le type dit qu'il s'inspire de films et il t'en fait 30min  fadasses qu'on dirait tirées du pire court métrage expérimental - ce qui est quand même dommage si on considère l'obsédant "Lord Knows Best" des débuts. Ici, ledit morceau semble tout simplement noyé dans la soupe, tel un vulgaire grumaud. 
Bon, après, si on prend les 8 titres à part, il y a quand même "Sweet 17" qui est sauvable, bien teenage et qui t'entrainerait facilement dans la débandade, pour peu que t'aies un peu bu. 

Et puis "True Blue" aussi, fait grave penser à Lynch et a au moins le mérite d'être moins irritant que Sookie dans la série quasi-éponyme.

Donc bon, finalement, peut-être bien qu'en live ça le fait. Ou peut-être aussi que jusqu'ici, j'étais trop aveuglée par les discours dithyrambiques qui ont accompagné l'ascension fulgurante du type, tel le James Blake des tréfonds de l'internet (sauf que James Blake, lui, a fait une vraie chatte d'album). Enfin, peut-être que Dieu sait vraiment mieux faire de la musique que le taïwanais à dégaine d'Elvis. Blague à part, après avoir docilement avalé 30 minutes de grain sale à toutes les sauces, on passe volontiers à autre chose - quitte à y revenir plus tard, par petites doses éparses.

21.3.11

Y a d'la meuf

Après La Femme, TEA apprend l'existence du pluriel et parle des femmes. Enfin, surtout du Festival Les Femmes S'en Mêlent, qui vient de débuter dans toute la France et qui cette année encore propose une programmation de groupes féminins dont on ne connait même pas la moitié. Dans la trentaine d'artistes de cette quatorzième édition, on trouve un peu de tout, du bon et du moins bon, du folk gentillet et des choses beaucoup plus zarbis. Petite sélection de ce qui risque de valoir le détour, et à défaut, au moins l'écoute.

ANIKA
Le gros coup de coeur de la programmation nous vient d'Allemagne. Anika c'est une petite blonde qui reprend des chansons des années 60 en les transformant en des mélodies étranges et froides. Elle sait à peine chanter juste, et ça ne fait que rajouter du charme à l'ensemble. Son album a été produit par Geoff Barrow, si ce n'est pas un gage de qualité...
En concert à Paris, Nantes, Brest, Saint Lo, Tourcoing, Saint Etienne et Grenoble.
"Terry" 





LE CORPS MINCE DE FRANCOISE
Ah, enfin un groupe qu'on connait ! On avait quelque peu oublié les Finlandaises depuis le petit succès de "Cool & Bored" en 2008. Qu'à cela ne tienne, les revoilà avec "Gandhi" ou "Future Me", aux couplets avec un phrasé aguicheur et aux refrains entraînants. Amis de Le Tigre, MEN ou autres Robots In Disguise, apportez vos chaussons de danse.
En concert à Bordeaux, Paris, Lyon, Clermont-Ferrand et Grenoble



AUSTRA 
Cette Canadienne est une des dernières signatures de Domino. Le single "Beat And The Pulse" compile une voix impressionnante et des claviers inquiétants qui donnent bien envie d'écouter l'album quand il sortira.

6.3.11

Baiser glacé

Tu te souviens de la petite sélection de groupes élaborée sur le vif le mois dernier ? Eh bien peut-être que tu seras content d’apprendre qu’entre temps, l’une est rentrée de Londres et l’autre a terminé ses examens. Mais le plus chouette, c’est que depuis, Die Selektion a sorti un premier EP. Vise un peu.

DIE SELEKTION
KÜHLE LIPPEN

Un trait blanc sur fond noir et quelques mots, t'as vu. Le moins qu'on puisse dire c'est que dès la pochette, le trio lipsien annonce la couleur. En effet, "sombre" et "sobre" semblent être les mots d'ordre dominant la galette des jeunes allemands. Rien de très surprenant donc, si l'on se réfère à leurs singles  ou aux photos N/B du groupe - stéréotypes d'adolescents nostalgiques, biberonné à la DAF et au Joy Division avec t-shirts déchirés et côtés du crâne rasés.


Mais bon, on ne va pas s'en formaliser, vu qu'on aime ça, la new wave. Surtout que Die Selektion manie plutôt bien le synthé et les paroles scandées. Mieux encore, au chant déprimant type "Was ist dir dein Leben wert?" (Que vaut ta vie à tes yeux ?) s'alternent les phrases cuivrées  et claires d'une trompette et maman tu sais à quel point c'est trop beau la trompette.
Bref, passée l'intro un peu mystique genre visite de la grotte aux hiboux de Twin Peaks ou survol des pleines du Mordor, on retrouve le trio pile là où on l'attendait, un peu dansant/poppy dans toute la darkitude qu'autorisent les références 80ies. En gros, pendant 20min tu planes et tu sautilles, sans voir passer les 4 titres parce que d'une part, ils se ressemblent un peu tous, mais aussi parce que, admirablement arrangé, le tout coule naturellement, telle l'eau glacée d'une source.
En somme, Kühle Lippen n'est pas le baiser de la mort et du désamour, mais plutôt une bise toute fraiche tout à fait bienvenue entre deux coktails pop.

Kühle Lippen EP by Die Selektion
Au fait, l'album Noire (sic) est prévu pour le 28 avril.