L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S
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6.3.15

“The present circumstance, you can change it, you’re absolutely free”

Ça fait longtemps qu'on n'a plus parlé tout simplement de groupes sur TEA, avec la vocation d'un blog de musique qui évoquerait ses nouvelles/anciennes passions. Une tendance aujourd'hui réparée puisqu'au gré de programmations audacieuses, on se retrouve encore avec bonheur à tomber sur des groupes inconnus et complètement géniaux. La dernière en date :

ABSOLUTELY FREE
"On était en tournée avec toutes nos affaires dans notre van, c'était déjà tard le soir et les conditions étaient mauvaises. Au bout d'un moment on a carrément dû s'arrêter tellement il y avait de brouillard. On a passé plusieurs heures coincés là, à ne rien pouvoir faire. Ça fait partie de ces moments hors du temps." c'est ainsi que Matt King, tout transpirant après son concert au Bad Bonn, m'introduit ses paroles éthérées de la chanson "Beneath the Air", une sorte de balade psyché-à-la-Tame-Impala au clip tout dessiné :


Plus romanesque tu meurs. Nous venions de discuter de l'importance qu'on accorde aux paroles des chansons et comment lui les conçoit pour ses compositions. La réponse ne casse pas des briques : en gros, les paroles sont importantes pour lui, même s'il est difficile d'avoir l'assurance nécessaire pour les scander. Qu'il se rassure, la plupart de ses évocations poétiques se fondent dans la masse sonore des compositions. A mon goût, ce qui fait avant tout le charme d'Absolutely Free, c'est plutôt ces changements de rythme, d'une lourde tendance martiale vers quelque chose de plus éthéré slash voyage intergalactique comme ici :

23.11.14

"C'est mon ordinateur qui veut que je fasse de la dance music"

Dans le royaume du mp3, il reste encore des groupes qui conçoivent des albums comme un entier. Une jolie brique à poser sur l'édifice de sa carrière. Chez LIARS, la construction s'apparente à un mur en légo bigarrés, ou bien, à l'image de la pochette de leur dernier disque Mess, à une toile d'araignée faite de fils de toutes les couleurs qui partent dans toutes les directions. Lorsqu'on interviewait Foals, en 2010, on avait déjà discuté de cette étonnante capacité à se réinventer à chaque sortie. Et comme la TEAm a particulièrement aimé le très dansant dernier LP (Mess) (surtout l'enchaînement PARFAIT des deux premiers morceaux "Mask Maker"/"Vox tuned D.E.D"), l'opportunité d'en parler directement avec les intéressés était inratable. On s'est donc retrouvées face à Angus, le chanteur, pour parler d'albums concepts et d'un tas d'autres trucs. Plié en quatre pour se faire une place dans son fauteuil des minuscules loges de La Superette (à moins que ce soit un effet d'optique dû à la taille du personnage) Angus s'est montré plutôt bavard sur le sujet, tout en ne cachant pas son admiration pour d'autres groupes qui semblent faire de la musique, "just for the sake of it" (voir aussi  et ). 


INTERVIEW LIARS

Vous avez beaucoup dit que cet album avait été créé spontanément, par opposition au précédent, WIXIW, qui était très travaillé et marquait votre première expérience de composition avec des instruments électroniques. Est-ce que vous avez réellement réussi à vous lâcher suffisamment pour faire ce que vous aviez prévu ? Vous donnez l’impression d’un groupe très réfléchi, qui conceptualise chaque disque.
Oui, on a réussi, dans le sens où on s’est dit "si je fais quelque chose, alors ça va être sur l’album". On a fait exprès de ne pas s’accorder beaucoup de temps. On a essayé de se limiter à un mois... alors que la composition de l’album précédent nous avait pris près de trois ans. C’est vrai que ça n’était pas facile, il faut parfois se forcer à  "laisser aller". Mais c’était dans l’idée qu’on avait pour cet album et on a abouti à un résultat dont je suis personnellement très content.
Est-ce qu’il y a une réelle différence entre des groupes qui conceptualisent hyper leurs albums et d’autres qui, disons, composent en se bourrant la gueule dans un garage ?
Haha. Non, la plupart du temps quand je me prépare à composer un album, je préfère ne rien écouter pendant un moment. Pendant ces périodes, j’essaie de me couper totalement du reste. J’essaie de ne pas mater de films, de ne pas lire, j’essaie de me "stériliser" la tête d’une certaine manière. J'espère alors que ce que je crée vient vraiment de moi. Mais j'ai quand même l'impression que je suis facilement influençable. Par exemple si je suis dans ma voiture et qu’à la radio ils passent un truc débile, genre les Foo Fighters, alors j’aurai envie de faire une chanson avec de la guitare. C'est ce que j'essaie d'éviter.
Mais en termes de qualité, tu préfères de la musique qui a été pensée, conceptualisée, comme vos albums, ou bien plutôt de la musique que je qualifierais de plus directe, spontanée ?
Personnellement je suis plus intéressé par le concept. Ça dépend vraiment de ce que l’on recherche. Pour LIARS, j’aime concevoir chaque album comme une pièce à part, avec à chaque fois une manière différente d’appréhender notre travail. Parfois, ça me plairait effectivement bien qu’on soit "juste" un groupe de mecs bourrés dans un garage, mais ça ne nous correspond pas.
Donc pour vous, même le fait de rechercher à faire de la musique spontanément, c’est un concept en soi, pas un truc qui vient naturellement.
Oui, c’est ça. C’était l’idée derrière Mess. Parfois, on devient trop cérébral. Du coup, on a cherché à voir ce qui se passe quand on travaille avec les tripes et pas avec la tête.

29.7.14

"Le rigolo, c'est intéressant"

Voir Salut C’est Cool en concert, c'est une expérience sportive. Une fête dansante où l’on s’oublie. Un bal techno mené par quatre types qui expérimentent des choses sur le vif avec des objets divers (scotch, souffleuse à feuilles, cintres etc) ainsi qu’un public qui kiffe, connaît tout par cœur et saute partout, quitte à se faire jeter de scène trois fois d’affilée. La première fois qu’on les avait rencontrés, en 2012, on s’était essayées à une interview basée sur un magazine de voitures. Cette fois-ci, après plusieurs lives soldés par des hématomes à la pelle, on avait une autre idée en tête : faire une interview "sérieuse" du groupe. Inspirées par une récente discussion au sujet des performances (ou arnaques) scéniques de The Knife (avec rien que des gens qui dansent sur scène), on a discutaillé de l'art de faire un bon concert avec Martin, Louis, James et Vadim à La Cité. Bien qu'avant tout connus pour leurs créations diffusées sur internet, les mecs de Salut C'est Cool font aujourd'hui de plus en plus de lives devant un nombre croissant de gens très enthousiastes. Et leur esthétique les confronte en permanence à la question des limites de ce qui est communément pris au sérieux, ou non. 

INTERVIEW SALUT C'EST COOL
James (tous les portraits ont été faits et montés par Albertine)
TEA : Qu'est-ce que c'est pour vous un bon concert ? 
James : J’y pensais dernièrement, parce que ces temps on a eu l’occasion de voir pas mal de concerts. Avant on n’y allait pas tant que ça. On n’allait voir que des artistes qu’on aimait beaucoup. Maintenant on va aussi en voir d’autres. Je pense qu’un bon concert, c’est quand tu arrives à arrêter de penser au reste, à ce qu’il y a en dehors du concert.
Martin : Pas forcément. Parce que des fois le chanteur ou la chanteuse peut te faire penser à un truc.
Vadim : Mais ça fait encore partie du concert.
Martin : Oui, mais ça te fait penser à une chose qui est extérieure.
James : En fait je me rends compte que quand je vais à des concerts, je pense beaucoup à chez moi...
Martin : A la vaisselle qu’il te reste à faire ?
James : Ouais. Ça, du coup, ce n’est pas un bon concert.
Martin : Je pense qu’un concert qui n’est pas génial, c’est un concert où tu essaies de sympathiser et que tu te dis "bon allez, je vais regarder ce qui se passe avec les lumières". Mais du coup, ça peut aussi devenir un bon concert.
Louis : Un bon concert, c’est quand tu es à fond dedans.
Martin : Je crois aussi vachement en l’alchimie de groupe. Une espèce d’effet boule de neige qui commence quand quelqu’un fait "ouaiiiis".
Vadim : Ouais.
Martin : … et du coup tous les gens autour font "ouaiiiis".
James : Ouaiiiis !
Louis : Ouaiiiiis !

10.7.14

Les meilleurs concerts des Eurocks 2014 n'étaient pas ceux que l'on croyait

Cette année, pour les Eurocks, la fine équipe de TEA n'a passé que très peu de temps ensemble. Du coup, on n'a même pas vraiment eu le temps de débattre de vive voix des concerts que nous avions vus. Qu'à cela ne tienne, on l'a fait à distance, et on vous livre la discussion comme si on vous avait invité dans le débat, car oui, c'est un débat, puisqu'on a des avis divergents sur pas mal de choses. 

Marie :
J'ai lu tes notes sur les Eurocks et y a un truc que je capte pas, à côté de Robert Plant, t'as écrit "meilleur concert", sérieusement ?


Anne-Val
Ouaiich meuf, à mon sens, c'était vraiment la meilleur prestation du festival, au niveau de la qualité musicale du moins. Il a beau avoir vieilli et ne plus atteindre les aigus vertigineux de sa jeunesse, Roro est bien conservé.


M C'est marrant, j'ai pas du tout accroché moi. J'aurais peut être dû rester plus longtemps, mais au bout de quelques titres, il s'est mis à reprendre Led Zep en mélangeant des sonorités entre festival interceltique de Lorient et Afrique, ça faisait un peu le grand père qui s'est mis au café commerce équitable et pense qu'on est tous frères. Par contre, j'étais étonnée aussi qu'il soit si bien conservé après tout ce temps, surtout sa voix. Et puis il avait l'air content d'être là, ce qui est appréciable.


 AV : Franchement, je m'attendais comme toi à ne pas crocher, à fuir au bout de deux trois morceaux de Led Zep mal réchauffés mais au final, ben non. Au contraire, le linup des Sensational Space Shifters qui accompagnaient Robert était juste hallucinant. Des musiciens excellents, dont un guitariste hilare à la tête de Gandalf Le Gris (Liam “Skin” Tyson) ont non seulement soutenu le vieux grigou à la crinière de lion mais aussi donné une nouvelle dimension à des titres comme "Whola Lotta Love", en fin de set, qui n'a pas perdu de son intensité même avec les interventions de ritti africain. Au final, j'ai l'impression que c'est carrément dans l'air du temps, le mélange de sonorités "métissées". Ca me fait penser à des groupes du désert que j'aime bien (Tinariwen, Bombino) mais aussi à Goat, qui jouaient juste avant.


M : Ah ouais, on n'a pas du tout vu la chose de la même manière. Comme pour Goat tiens d'ailleurs. T'as adoré, et moi, ça m'a laissé un peu sur ma faim...

12.5.14

J'ai vu Justin Timberlake en concert

Dessin: Adriano Lemon

Il y a ce chapitre dans Lolita où Humbert Humbert, complètement pris par son obsession, remplit des pages entières avec son prénom : Lolita, Lolita, Lolita, Lolita … Si je m’écoutais, je ferais pareil pour décrire le concert de Justin Timberlake à Zürich l’autre jour. Mais ce serait réduire l’événement à une manifestation pour (ex)-teens groupies en chaleur. Et évidemment, ce n’est pas tout à fait faux, mais tentons de garder notre calme : it’s just Justin.

JUSTIN TIMBERLAKE
20/20 EXPERIENCE TOUR
HALLENSTADION (ZÜRICH)
14 AVRIL 2014

Like i love you
D’abord, c’était un sentiment dingue. On l’a attendu pendant des années lumières, devant et dans la salle, et puis il y a eu un visuel plein de rouages, un compte à rebours ("Oh mon dieu, il arrive !"), son ombre en vj-ing géant ("Olalala") et LUI ("IIIIIIH"), qui s’est avancé vers le micro ("J’AVAIS PAS REMARQUE QU’IL ETAIT AUSSI PRES !"), il a souri en plissant ses petits yeux pleins d’étoiles ("huh, encore"), s’est mis à entonner "Pusher Love" ("oh oui") et on a perdu la maîtrise de nos corps.
Vu de l’extérieur ça devait être assez lamentable, mais en vrai, je peux vous assurer que c’était pas de la marmelade. Même si on avait l’air d’un tas de vieilles groupies hystériques, on se sentait réellement happées par la scène, en mode grosse ébullition d’hormones. Battre des mains pour tenter de s’oxygéner le cerveau, i.e. de se donner une contenance, était désespéré et vain en l’état. Et on se regardait, les yeux écarquillés, extatiques, tant c’était fou de voir ce Justin là, en vrai, juste là, devant nous.
Ce qui est plutôt étonnant c’est que nous n’avions jamais éprouvé de truc semblable avant. En tout cas personnellement, je ne me suis jamais considérée comme une fan inconditionnelle de qui que ce soit. Il existe aussi un tas de groupes dont la musique me parle bien plus que celle de JT, il m’est même arrivé d’être émue aux larmes, mais jamais auparavant je n’avais manqué de me pâmer en assistant à une entrée en scène. C’était donc une expérience de groupisme sur le tard et croyez-le ou non, c’était assez cool comme sensation.

15.7.13

Colonie de vacances annuelle en Franche-Comté


EUROCKÉENNES DE BELFORT 2013
JEUDI 4 ET VENDREDI 5 JUILLET

Qu'est ce qui fait que l'on apprécie un festival et y revient d'année en année ? Nous avons essayé d'y répondre la dernière fois en parlant du Kilbi, mais pour les Eurocks, il s'agit d'autre chose. Certes, le cadre est vraiment beau et les gens plutôt sympathiques. Pourtant, on penche davantage pour les évènements plus confidentiels, loin des foules (90 000 festivaliers généralement, 127 000 cette année) ivres mortes en tongs. Au fil du temps, nous sommes aussi devenues un peu des connasses très exigeantes quant à la programmation et passant notre temps à nous extasier pour des formations que seulement une tripotée d'illuminés adore. Nous ne nous reconnaissons plus vraiment, ou en tout cas, plus autant dans les artistes présents aux Eurocks, trop grand public, trop électro, pas tellement pointus.

Mais voilà, ça fait six éditions à la suite que l'on se fait, tels de vieux loups de mer. Les Eurocks sont devenues notre rituel, le seul festival où l'on est sûres d'aller chaque été, l'équipe réunie au complet. C'est là qu'on s'est vues en vrai pour la première fois, là qu'on a eu notre première accréditation presse, là qu'on a vécu le plus de choses ensemble. On y vient par automatisme. Et tous les défauts qui y existent et qu'on reprocherait fortement à d'autres évènements sont ici atténués, comme excusés. Il n'y avait pas énormément de groupes que l'on attendait (sauf le dimanche, puisque la programmation allait en crescendo, mais nous y reviendrons dans le prochain article), on n'a eu que quelques bonnes surprises, mais pourtant, on a vraiment aimé cette vingt-cinquième édition. Comme d'habitude. 

JEUDI
Pour cette édition anniversaire, le festival s'est ouvert un jour plus tôt (ceci expliquant le record d'affluence). Comme la soirée était plutôt light, surtout si l'on ne supporte pas M ou Jamiroquai, on a commencé doucement. C'est Alt-J qui a inauguré le week-end, sur la scène toujours aussi belle de la plage. C'était beaucoup mieux qu'à la Route du Rock l'an passé. L'horaire plus tardif de milieu de soirée aidant, le public était super enthousiaste, et on soupçonne aussi le groupe d'avoir pris des cours de présence scénique. Ils étaient beaucoup moins timides qu'un an plus tôt. Il faut dire qu'avec le succès (un peu exagéré ?) de leur album, ils ont écumé les salles de concert entre temps. Non vraiment, c'était un beau concert où les voix impeccables et synchro étaient mises en valeur. Rien de bien différent de l'album, mais pas grave.

27.6.13

"Music should be about having fun"

Même un mois après les faits, nos souvenirs de Kilbi n’ont pas encore entièrement séché. Le week-end de mai bien arrosé évoque encore quelques réminiscences des concerts lumineux de Tinariwen, Thee Oh Sees, Julian Sartorius, Connan Mockasin et d’autres. Mais le petit festival de la campagne singinoise nous a surtout donné l’occasion de ruminer quelques questions sur l’absurde condition du festivalier. C’est vrai au fond, où puise-t-on cette résignation à s’infliger trois jours sans sommeil sous la pluie glaciale ? Si on fait abstraction du plaisir que peut procurer la musique, l’intérêt d’aller se planter en masse devant trois pelés qui font joujou sur une scène a de quoi surprendre. D’où la question : qu’est-ce qui fait un bon concert ? Le temps de cuver nos crèves post-festival, nous avons dressé une liste non exhaustive et sans hiérarchie de quelques points qui nous semblent importants.


KILBI
23, 24, 25 mai 2013
bad bonn, düdingen

a – le confort
Lorsqu’on est harassé par la grêle et la boue, cette notion prend toute son importance. C’est con mais c’est quand même dur d’être attentif à un concert moyennement captivant si on a la gambette qui fléchit, l’oreille martyrisée, des courants d’air quelque part entre les plis de l’écharpe ou que l’emplacement choisi dans la foule compactée est évidemment un endroit de passage où on se fait constamment bousculer. L’énumération de ces petites plaies pourrait continuer encore quelques pages mais vous avez compris le principe. Le confort n’est par essence pas garanti en festival. Du coup, autant faire en sorte d’en "perdre" le moins possible. A ce sujet, nous conseillons vivement les cornets en plastique par dessus les chaussettes dans les chaussures. On a l’air ridicule mais ça tient au sec et au chaud dans le meilleur des cas.

b – l’ambiance
On ne se lassera jamais de dire du bien de l’ambiance relax qui règne à la Kilbi, sans pour autant savoir à quoi cela tient. Est-ce la moyenne d’âge du public (probablement dans la trentaine)? Est-ce le calme de la campagne environnante? Ou bien la programmation, exigeante, variée, qui attire des gens aux goûts similaires ? Seule certitude : le cadre a permis à plusieurs groupes de se lâcher, et même d’entrer complètement en symbiose avec le public. Cet exploit dépend souvent de pas grand chose. Ca peut partir d'états d’esprit qui se rejoignent, d’un côté et de l’autre des retours. Par exemple, Thee Oh Sees sont parvenus à enflammer le public en deux secondes. Pour des Suisses, péter une durite à ce point, c’est quand même rare. Mais par la grâce du garage californien, Johnny le Bruyant et sa bande de tatoués en short l'ont fait. Tant et si bien qu’il a même fallu prévenir un auditeur secoué par les pogos et un peu trop entiché des enceintes : "Wear earplugs, it’s gonna get louder, and we’re too good to play lower" - c’est bien la preuve d’un concert qui défonce. Autre formidable exemple d’unicité, mais dans un style moins "fracassant", Tinariwen a réussi un des meilleurs concerts du week-end. Captivants, les touaregs maliens ont emporté le public si loin avec leurs mantras et leurs danses, que tout un chacun s'est éclaté les paumes en exigeant rappel sur rappel. 

22.5.13

Bouchons de persil

Il y a ce bouquin d'Astérix et Obélix, dans lequel les Gaulois en mission avec Assurancetourix se mettent des bouquets de persil dans les oreilles pour survivre aux braillements dégueulasses de leur barde. Même Idéfix s'y colle et tout fini bien, sans que le ciel ne tombe sur la tête de qui que ce soit. Mais que serait-il arrivé aux irréductibles si le chansonnier était muni d'une harpe électrique, reliée à un ampli, branchée sur une génératrice du tonnerre actionnée par une légion de romains malintentionnés? Hein? A force d'aller à des concerts on connait la chanson: le live, c'est bien beau, mais il faut y aller molo. Alors, bouchons ou non? Bien souvent, les mauvaises raisons l'emportent ("ces machins jaunes ne tiennent pas de toute façon", "j'ai jamais eu de problème de toute façon", "ils déforment le son de toute façon") et on s'explose allègrement les tympans. Mais concrètement, au bout d'un certain nombre d'années passées à sacrifier notre ouïe sur l'autel du rock, on a quelques petites raisons de s'inquiéter. Du coup, pour être en état de jouir des programmations des concerts de cet été et des saisons à venir, on est allées poser quelques questions à une spécialiste de l'audition. Ca fait (très) peur, mais faut pas pousser mémé dans les orties, on ne va pas se priver d'un bon petit My Bloody Valentine pour autant.


Jeunes et durs de la feuille
Christina Schünemann est acousticienne à Fribourg. Dans son métier, elle voit défiler tout un tas de gens à qui elle prescrit des appareils auditifs. On n’aime pas l’admettre, mais il n’y a pas que des vieux parmi ses patients : "On ne peut plus dire que la baisse d’ouïe ne concerne que des personnes âgées. Aujourd’hui, les gens sont confrontés quotidiennement à un volume sonore plus élevé qu’il y a une trentaine d’années" affirme-t-elle. En fait, le seuil critique à partir duquel on risque d'endommager son acuité auditive se situe autour des 85dB. C'est plus ou moins le bruit d'une machine à laver, d'une voiture, d'un cri humain ou d'aboiements de chien. Une bête tondeuse à gazon ou un mixeur dépassent déjà ce seuil! Autant dire qu'il en faut peu.

Des concerts hors normes
Dans ce cas, quid des concerts? Dans les salles Suisses, toutes les manifestations sont limitées à 93dB. Le chiffre se calcule en moyenne sur une heure et si l'on veut dépasser ce seuil pour atteindre la limite supérieure maximale de 100dBs, il faut avertir la préfecture à l'avance. Selon Gil Vassaux, administrateur de la salle fribourgeoise Fri-Son, cette limitation n'est pas toujours aisée à mettre en oeuvre: "Il y a des groupes qui de par leur style dépassent de toute façon la limite indiquée par la loi. Ce sont en quelque sorte les "exceptions qui confirment la règle". On ne va pas les empêcher de faire leur binz. Par contre, il faut privilégier le dialogue en amont. Il s'agit d'une part de communiquer avec le public. D'autre part, le management doit être averti au moment de la signature du contrat de la législation qui change d'un pays à l'autre". Et qui surveille le son pendant les soirées? "Dans les soirées DJ, il y a un système qui empêche le dépassement de la limite. Par contre dans les concerts, c'est la régie qui tient les manettes". Quant aux festivals, ils n'échappent pas non plus à ces restrictions. Sauf peut-être à l'article qui prévoit un espace tranquille "de récupération" (à 85dB) équivalent à au moins 10% de la superficie de la salle. Si déjà dans les campings on n'arrive pas à un moment où tout le monde dort dans le calme, allez limiter le bruit dans l'enceinte...

1.5.13

Changement d'habitudes

Filous! Jusqu'à peu, The Knife ont toujours cultivé une part de mystère. Avançant masqués comme des corbeaux du temps des premiers succès du superbe album Silent Shout (2006), le duo suédois se plaçait à contre courant des success stories en fuyant le clinquant comme la peste et en se gardant bien d'exposer son identité dans les médias tout comme en concert. Avec le temps, le mythe s'est établi et on a fini par les associer durablement à des prestations voilées, pleines d'effets visuels et plongées dans l'obscurité. A tort. Car le groupe, qui se revendique politisé (on n'en doute plus quand on fait un tour sur leur site) n'aime rien mieux que de chambouler les habitudes. Ce n'est pas hasard si Shaking The Habitual est le titre du dernier (double!) LP sorti en avril. Et la tournée qui l'accompagne n'en est pas moins déstabilisante. De passage au Komplex à Zurich hier soir, The Knife n'en ont fait qu'à leur tête. Accompagnés d'une troupe de vrais bandits à visages découverts, ils se sont dandinés en playback dans une orgie rave pailletée. C'était horrible.

 THE KNIFE
@Komplex, Zurich 30/04/13

De façon générale, qu'attendons-nous d'un concert? Tiraillées par l'impression désagréable d'être de grosses connasses qui ne comprennent décidément rien à ce qui se passe, nous avions tout loisir de penser à cette question hier soir. Donc en général, quand on se bouge pour aller voir un groupe sur scène, c'est parce qu'on apprécie sa musique et qu'on aimerait bien le voir en vrai. On aime observer de quelle façon X maîtrise tel instrument, crée tel son, détourne tel bidule... En gros, on aime voir ce pour quoi les artistes sont payés: une démo sincère de leur job. Comme au Salon des Métiers, on décidera sur la base de la prestation si on a vraiment aimé ou pas et basta. Dans le cas du concert de The Knife, ce genre d'appréciation n'avait en fait même pas lieu d'être puisqu'au fond, il n'y a pas vraiment eu de concert. Pas au sens de "je vois les gens sur scène faire ce que j'entends" en tout cas. Grosse déception.

Pourtant, au début du moins, des silhouettes encapuchonnées ont dévoilé des instruments bizarres sur lesquels lesdites silhouettes encapuchonnées n'ont pas tardé à s'acharner (ouverture: "A Cherry On The Top"). Du lourd, du lent, du sombre façon Sunn O))) (avec juste au moins 100dB de moins) - autrement dit, ça semblait bien parti. Et puis non, les 10 millions de personnes présentes sur scène ont fini par enlever leurs capuches et danser, danser, danser, danser, danser, danser, danser, danser, danser, 

Ok. 

4.1.13

"Cyber-troubadours dans le pays du http"

Ce qui est bien avec internet, c'est que ça donne des idées super à des gens trop cools. C'est comme ça qu'il y a quelques années, des mecs ont publié la chanson "Ces Sentiments" - un tube d'amour aussi frais que le fromage.

De cette découverte ont découlé de multiples autres chansons aux sujets triviaux, des vidéos géniales (dont la désormais insortable "Allez Viens") des calendriers de l'avent et des jeux de pistes trop funs, sous la houlette du personnage arnaqueur Paul Compaoré. Complètement acquises à la cause de ces sympatiques garçons, on est allées à leur rencontre un soir de décembre pré-apocalyptique bien humide à Genève. Les circonstances on rendu la chose plus compliquée que ce qu'on pensait mais au final, l'aventure a bien collé avec l'absurdité hilarante de notre "groupe internet" préféré de l'Internet. Pour eux, on a même tenté une expérience bizarre pour un résultat pas très constructif. Que veux tu, c'était la voiture ou le jardinage. Alors Salut C'est Cool, ça bine?

INTERVIEW SALUT C'EST COOL

Ce soir là, il pleuvait sur nos tranches de pizzas lorsqu'on est sorties de la gare et on a commencé par se planquer dans un bar peuplé de meufs en bottes excessivement cuir et d'un sapin blanc clignotant. On y a eu tout le temps pour reformuler nos questions d'interview pompées dans le magazine Univers Land, un véritable bouillon de boue et de virilité tout-terraine (c'est ça l'expérience).

28.11.12

J'ai été danseuse pour Geneva Jacuzzi

En envoyant une demande d'interview à Geneva Jacuzzi, je n'imaginais pas que j'allais finir par danser sur une flight case enroulée dans de l'essuie-mains devant deux cent personnes.

Geneva Jacuzzi est ce que l'on fait de mieux en ce moment en matière de synth pop influencée 80s. J'ai écouté plus que de raison son album Lamaze, sorti en 2010. et je pense sincèrement que "Love Caboose" et "Do I Sad?" sont de gros tubes cruellement ignorés.

Quand j'ai appris que c'était la Californienne qui ferait la première partie d'Ariel Pink (son ex, ou son mec, peu importe) à Anvers le 12 novembre, je n'ai pas hésité super longtemps. Je lui ai envoyé un mail pour savoir si je pouvais l'interviewer. En retour, j'ai eu droit à une réponse plutôt mystérieuse où elle me demandait si je ne pouvais pas lui rendre un service. Elle cherchait des gens pour lui construire un décor et monter sur scène avec elle, "c'est très facile et rapide". Je ne connais personne à Anvers mais j'ai motivé trois potes de Bruxelles à faire le déplacement. 

"Putain, on fait quoi ?"
Le jour-même, nous sommes arrivés super en retard à la salle TRIX, parce que les tramways de la ville de Bart De Wever sont vraiment nazes. Jeanine, Alphonse, Théophane et moi (j'ai changé les noms, parce que j'avais envie) avons été accueillis par une Geneva pleine de joie. Elle s'était teinte en blonde, ce qui lui va vachement moins bien, mais bon, elle conserve son charisme. On a tout de suite commencé à réfléchir à ce qu'on allait faire pour le concert. Il était 17h30, Geneva Jacuzzi jouait dans seulement trois heures et nous n'avions aucune idée de ce que nous allions faire. On a d'abord regardé la salle. La scène était super grande et le matériel d'Ariel Pink était déjà installé, alors Geneva a décidé qu'on jouerait par terre, sur le côté gauche, et a commencé à virer toutes les barrières qu'il y avait. 

14.11.12

"Le rap s'est imposé à moi comme une évidence"

Je suis nulle en rap, je n'y connais rien et puis je me fais facilement embobiner. C'est le cas pour 1995 par exemple : il y a quelques mois je jetais une oreille amusée à "La Flemme" parce que oui moi aussi et hop, s'enchaînent "Le Milliardaire" et autres "Rénégats" en mode replay sur ma playlist sobrement intitulée "peura frouze". Prise au piège par de prétendus usurpateurs d'un esprit auquel je ne connais rien ou séduite par des as de la rime qui remettent au goût du jour un flow qu'on croyait perdu? Je n'en sais rien, je n'en ai cure. 1995 c'est cool pour shaker son boule, point. C'est tout ce que je demande. Pour se laisser aller pleinement au vice il a donc absolument fallu les voir en vrai, en concert, et même de près, dans une tentative d'interview un peu vaine. On y a sagement écouté les blagues des branleurs (pardon mais quand même) fatigués étalés sur leurs canapés. Sans rancune, la prestation scénique hyper enjouée quelques heures plus tard a fait passer la pilule comme une lettre à la poste. A partir de maintenant TEA se lance dans le rap. On n'a pas fini d'être étonnées.

(Nekfeu, Alpha Wann, Sneazzy, Areno Jazz, manquent DJ Lo et Fonky Flav)

INTERVIEW 1995

Premier constat dès l'arrivée à Fri-Son: 1-9-9-5 a des fans bien hardcore. Non mais sérieux, on n'avait plus vu de pique-niqueurs de quinze ans depuis qu'on avait nous même quinze ans. C'est un peu flippant mais bon, pas le temps de grignoter du Babybel sur le trottoir humide : le groupe nous attend, et il est ponctuel (ça aussi c'est flippant, et pourtant c'est vrai).
On entre, on serre des pinces, on surprend Areno Jazz au sortir de la douche (mais ouais salut) et, au final, on a droit à Nekfeu et Alpha Wann pour l'interview. Cool. Les 3 derniers membres du groupe sont réquisitionnés dans une autre pièce pour un entretien radio des plus expéditifs. Le cadre posé, chacun des six étalons est est calé dans son box et on peut commencer : 

Messieurs les faiseurs de "musique de langue", comment cultivez-vous votre verbe? Vous lisez? (Peu ou prou). L'affirmation fuse, puis on se fait plus nuancé; ils lisent, certes, lisaient surtout. Aujourd'hui c'est le rap qui accapare la langue, le temps et l'esprit. Ils citent tout de même des favoris qui nous étonnent: genre Tolstoï "Guerre et Paix" pour Nekfeu ou "Le Prince" de Machiavel lu par Alpha Wann. Ca fait un peu poseur pour des types qui se gardent bien d'affirmer des positions politiques nettes dans leurs textes. Mais en fait, selon eux, la lecture a surtout forgé un certain vocabulaire aujourd'hui prêt à l'emploi dans leur rap. Pour illustrer, Nekfeu parle d'une espèce d'effet "casino" où les mots défilent dans sa tête comme sur une machine à sous pour compléter ses phrases. Ok.

21.10.12

Chris Isaak en direct de mon lit



Gros chagrin. Le dimanche 14 octobre, il y a Chris Isaak qui joue à Bruxelles. Mais c'est trop cher, et puis c'est complet. Ce soir-là, je le passe chez moi avec mes pâtes au pesto pendant que Chris et sa gomina sont à quelques kilomètres de là. Et puis merde, je vais quand même me le faire, ce concert. Même que Chris Isaak jouera en direct de mon lit, rien que pour moi. 

Pour ce faire, je m'organise comme une chef. Un tour sur setlist.fm pour savoir quels morceaux il joue sur sa tournée. Ensuite, je cherche des vidéos live sur Youtube et en fait une playlist. Reste à éteindre les lumières, m'installer confortablement sur mon matelas, et, pour faire un peu plus authentique, m'ouvrir une petite bière. Pas besoin d'attendre vingt ans debout dans une salle comble, je clique, et Chris Isaak est à moi.

D'emblée, je regrette sa jeunesse. Ce n'est plus le beau gosse des débuts, cinquante six ans, c'est un peu vieux en fait. Pour me consoler un peu, et puis parce que c'est moi la chef, je décide que sa tenue de scène, ce soir en direct de mon T1, c'est un magnifique complet rouge avec des gentianes brodées, trop beau.

17.10.12

Ça ira mieux bientôt, tes sourcils repousseront


La dernière fois que j'avais vu Get Well Soon en concert, c'était il y a deux ans et demi à Nantes. A l'époque, j'adorais les musiques mignonnes et tristes, la folk même. Depuis, j'ai dévié vers le garage ou les tubes putassiers des années 80, comme une vilaine fille. Forcément, je n'allais pas apprécier le concert de la même façon, mais ça valait le coup d'essayer. 

GET WELL SOON @AB, BRUXELLES
12/10/2012 

Ce vendredi soir, le club de l'Ancienne Belgique était complet. Rempli de trentenaires en couples, principalement, qui avaient fui les rues glacées par le vent sournois de Belgique et les bars remplis de supporters de foot pour le match contre la Serbie. La salle n'est pas bien grande, la scène non plus. D'emblée, j'étais bien loin de l'ambiance du concert de 2010 pour la tournée de l'album Vexations, où j'étais tranquillement postée au balcon de feu la salle de l'Olympic, à regarder plus bas une petite dizaine de musiciens et des films projetés derrière. Ici, pas d'écran, seulement Konstantin Gropper et cinq personnes pour l'accompagner, le spectacle est moins grandiose, mais forcément plus intimiste. La première partie du set est à chouiner. C'est très joli hein, mais qu'est ce que c'est triste. Ça fait penser à plein de choses horribles, comme le garçon dont j'étais amoureuse au collège, le prix du fromage au Delhaize, ou mes bébés chats qui ont été égorgés. 


En plus, le groupe ne parle pas du tout, ce qui n'arrange pas la chose. Je me mets donc à imaginer Konstantin Gropper en jeune homme tourmenté et déprimé - après tout, il a choisi un nom de scène plutôt emo. Pour passer le temps pendant une ou deux chansons un peu molles, j'essaie de trouver des explications à cette grande question : pourquoi Konstantin ne sourit pas ?
Plusieurs théories :
-Il n'a pas de sourcils.
-Il voulait voir Richard Hawley, qui joue au même moment dans la grande salle de l'AB.
-Il ressemble vaguement à un dictateur nord-coréen.
-Il en a marre que les Allemands payent pour ces flemmards de Grecs.
-Le catering était mauvais, on leur a servi de la Jupiler, et c'est vraiment pas terrible comme bière. 
-Il a perdu sa maman et son tigre apprivoisé dans un accident domestique (sur sa guitare acoustique, il y a la photo d'une belle femme avec un félin, alors bon).

12.10.12

Réviser ses classiques


Hier soir, je suis allée à un concert de vieux. En apparence en tout cas, je détonnais au milieu de la masse capillaire gris-blanc. Mon voisin me l'a d'ailleurs gentiment fait remarquer: "Vous n'êtes pas très nombreux ce soir" et j'ai eu droit aux regards curieux style "oh-tiens-il-y-a-quand-même-encore-des-jeunes-qui-s'-intéressent-à-la-culture". Comme s'il devait forcément y avoir un clivage entre les générations. Bon, c'est vrai, le jazz manouche c'est ringard, on est loin des années 30/40. Mais il n'y a aucune raison de ne pas admirer la grande virtuosité de ses interprètes. Ça vaut même une mention ici.

FLORIN NICULESCU TRIO
Hommage à Stephane Grappelli
11/10/12, Salle communale Onex

Hier soir j'ai donc vu une immense dale du violon jazz. Il s'appelle Florin Niculescu (allez voir son site digne de la Gazette du Mauvais Goût) et il en impose sévère, autant par son physique que par ses qualités de musicien. Brillant soliste classique à l'origine, il a réorienté sa carrière vers le jazz après sa rencontre avec un certain "fils de" Reinhardt (Babik) et se produit aujourd'hui aux côtés d'autres "grands" tels que Angelo Debarre (que vous avez peut-être vu dans Gainbourg, vie héroïque), Didier Lockwood ou Birelli Lagraine. Name dropping classieux qui vaut mieux que n'importe quelle distinction classieuse, fut-ce le premier prix du concervatoire X ou du concours "insérer-le-nom-d'un-compositeur-connu" Y.

Vous l'aurez compris, Florin Niculescu n'est pas tombé de la dernière pluie dans le monde des violoneux. Soit. Il fallait donc qu'en violoniste amatrice j'aille voir de mes yeux comment la bête, immense et pataude, parvient à placer toutes ces notes en un rien de temps, alors que ses doigts sont au moins aussi larges que la paume.

9.10.12

Orchestre symphonique, noeuds papillon et electro


Le problème avec la musique électronique, se sont les endroit où l'écouter. Il n'y a pas beaucoup d'alternatives aux clubs ringards ou au contraire super hype fréquentés par des kids insupportables. Quant aux festivals, cela s'apparente le plus souvent à une ambiance de vieille rave dans des hangars trop glauques (Coucou les Transmusicales et les Bretons sous MD). Pas vraiment le genre de lieux où la TEAm aime traîner. Mais ce n'est pas parce qu'on a toujours préféré les rockeurs qu'on délaisse la musique faite avec des machines. Pour preuve, je lui ai laissé une seconde chance en allant à un festival en septembre. Et j'y ai enfin trouvé la solution à ses maux.

BOZAR ELECTRONIC ARTS FESTIVAL 
20 et 21/09/2012 @BOZAR, BRUXELLES


Ce qui est bien avec le Bozar Electronic Arts Festival, c'est que, contrairement à la grosse majorité des lieux consacrés à l'electro, il a de plus hautes ambitions que celle de faire danser les clubbeurs et leur extorquer des billets pour de la vodka-red bull. Primo, c'est organisé par le Bozar. Haut lieu de la culture à Bruxelles, il organise régulièrement des expos temporaires très prisées. Deuzio, si vous êtes malins, vous aurez remarqué qu'ils ont ajouté "arts" dans leur nom. Le Bozar Electronic Arts Festival, c'est "un forum sur les nouvelles formes d'expression, au croisement de l'art et de l'innovation technologique". Vous trouvez ça pompeux ? Oui, un peu, c'est vrai. Mais la réalité n'était pas bien éloignée de leurs ambitions de départ. 


Arrivée le jeudi soir, j'ai vite compris qu'on n'était pas dans un festival d'electro comme les autres. A l'espace VIP où ils offraient des verres de vin, des petits groupes de gens de tous âges, en robe de soirée ou costard-noeud papillon, discutaient autour de délicats petits fours. Avec ma veste en denim trop grande et mon jean troué, je ne me suis vraiment pas sentie dans mon élément (chose rarissime lorsqu'il est question d'un événement musical, je préférais le préciser). Ce sentiment s'est renforcé quand je me suis dirigée dans les longs et impressionnants couloirs (le Bozar est vraiment un bel endroit, architecturalement parlant) vers le premier concert. Là, un portier indiquait aux gens leur place, et les invitait à s'asseoir dans cette grande salle de théâtre qui semblait sortie de nulle part. Excusez-moi, c'est le Bozar Electronic Arts Festival ici ou la représentation de la Traviata ? Ça expliquerait les nœuds papillons des messieurs.

4.10.12

J'ai vu D.A.F. en concert, et c'était de la merde

En avril dernier, ma très chère collègue à fort accent allait voir D.A.F. en concert à Genève pendant que je pleurais devant mes cours tous pourris. J'étais super jalouse, parce qu'il parait que c'était fou fou et même qu'un de ses potes avait pleuré tellement c'était bien. Ça, c'était ce qu'elle avait écrit ici même. Ouais, sauf que y a pas si longtemps, j'ai moi aussi pu aller voir les deux Teutons, et c'était de la grosse daube. Il fallait que je rétablisse la vérité (sans rancune, Anne Val).

D.A.F. @Ratrock, Harelbeke, Belgique
15/09/12

Précisons déjà le contexte, même s'il n'y est pour rien dans la nullité du concert. D.A.F. jouait à Harelbeke, une petite ville tranquille perdue en Flandre où, tous les ans, plein de types à crêtes et à clous se retrouvent pour le festival gratuit Ratrock. Cette année, la tête d'affiche était Exploited, histoire que vous situiez le truc, et Anti-Nowhere League. D'ailleurs c'était marrant. Y avait aussi le Prince Harry, un groupe belge trop cool signé chez Teenage Menopause. Pour aller à Harelbeke (qui se prononce d'une manière archi dégueulasse), il fallait prendre deux trains depuis Bruxelles, trouver le lieu du festival, qui en fait était en plein centre (salut les voisins), et passer quatre grosses heures en after avec des Flamands avant de pouvoir prendre le premier train du matin le lendemain. Heureusement, la kriek max ne coutait qu'un euro cinquante. 

On appréciera la beauté de l'affiche

Donc au milieu de tous ces keupons, on ne sait trop comment, il y avait D.A.F. L'idée de les voir enfin en live était assez pipiculotte, parce qu'on a un petit crush sur la Neue Deutsche Welle chez TEA, vous savez. Et comme personne n'était venu à Harelbeke pour eux, on a réussi sans trop de problème à se mettre juste devant les barrières, prêtes à kiffer quoi.

8.6.12

Du wtf, du chiant, et du bien cool


Villette Sonique 2012
26 mai : Ariel Pink & R. Stevie Moore
29 mai : Julia Holter, Peaking Lights
30 mai : Girls, Tristesse Contemporaine

Alors que la fête de l'Huma et autres manifestations gratuites nous sortent toujours des atrocités comme Yannick Noah ou Nolwenn Leroy, la Villette Sonique affiche toujours une programmation léchée et défricheuse. Certes, il y avait beaucoup d'electro, ce qui n'est pas vraiment notre truc, mais on a quand même pu voir de très bonnes choses, en plein air, et surtout en concerts payants. Retour sur un week end beaucoup trop chaud. 

Samedi 26 mai : Ariel Pink & R. Stevie Moore en plein air

Ariel Pink voit en R. Stevie Moore, vieux barbu de Nashville qui a, en plus de cinquante ans, écrit pas moins de quatre centaines d'albums, une sorte de père spirituel. Sauf que l'élève a dépassé le maître en terme de célébrité. R. Stevie Moore s'en fout, tant qu'assez de personnes paient le téléchargement de ses disques pour qu'il puisse s'acheter des bananes. Et il peut même profiter de la hype qui entoure Ariel Pink pour se réhabiliter, un peu comme ce qui se passe entre un autre Californien, Christopher Owens de Girls, et Lawrence. L'année dernière, Ariel Steven Moorepink se sont associés autour d'un projet extravagant et lo-fi baptisé Ku Klux Glam, qu'ils ont joué en exclu à la Villette Sonique. Summum de l'absurde, ce concert en peignoirs était une des plus réjouissantes prestations qu'il nous ait été donné de voir. Leur morceau d'entrée, "Stevie Pink Javascript", restera la plus belle pépite wtf du set, avec les voix d'enfant/chat de Pink et le pseudo rap de Moore, qui avait une jolie barbe bleue pour l'occasion. A moins que ce ne soit leur reprise de "Love Me Do". Ces deux-là se sont construits un univers complètement loufoque, mais ils ont la force, sur scène surtout (l'enregistrement étant moins évident), de communiquer au public leur plaisir visible à faire les cons ensemble, plutôt que de faire les autistes.

15.5.12

"Being at the Haçienda was like being at the French Revolution"

Début mai, le Rocking Chair remontait le temps le temps d'une soirée pleine de quinquas tout excités. Appâtées par la mention "Peter Hook" en noir sur jaune de l'affiche, nous nous sommes nous aussi précipitées à la soirée "Haçienda". Sauf que ça n'était pas terrible en fait. Du moins, pas pendant que Hook, en chemise hawaïenne, passait des tubes façon camp de ski. Un peu dépitées (non mais sérieusement mec, sérieusement?), nous nous sommes lancées dans quelques recherches, histoire de savoir comment on a bien pu en arriver là. Tentative de réponse dans cette Tisane de Mamie spéciale vieillesse ratée et fausses attentes. Ou comment des gens tout à fait respectables ont engendré David Guetta.

 THE HACIENDA 30th ANNIVERSARY TOUR
PETER HOOK, ANDREW WEATHERALL, DARREN EMERSON,

 05/05/12 @Rocking Chair, Vevey

Premièrement, avouons le illico sans honte: jusqu'à pas plus tard qu'avant l'annonce de la date au RKC, on ne savait pas précisément ce qu'était l'Haçienda. Alors pour les ignares de notre trempe, notons tout de suite que non, "Haçienda" n'est pas le nom d'un cocktail plein de feuilles de menthe qui restent coincées entre les dents. Il s'agit en fait d'un ex-club de Manchester. Un lieu mythique, fondé dans les années 80 par Tony Wilson et Rob Gretton (Factory Records) avec les thunes de New Order. Il a bouillonné jusqu'au début des années 90 avant de fermer définitivement ses portes en 1997. Pile à l'époque où je confectionnais des colliers en macaronis et des poèmes pleins de "Je t'aime" pour la fête des mères. Si l'on en croit les photos, c'était plutôt joli (le Haçienda, pas mes bricolages). Et les locaux, aujourd'hui reconvertis en parking, auraient encore des poteaux rayés (d'après ce documentaire). Mais c'est évidemment bien moins fun qu'au temps des folles rave parties.

10.4.12

Guitares, cheveux longs et chemises immondes

LITTLE BARRIE 
@Rock School Barbey, Bordeaux 05/04/12

En 2007 j'étais en seconde et je passais mon temps à la bibliothèque municipale d'Angers à emprunter des CD. Une fois, j'ai pris au hasard un disque qui s'appelait Stand Your Ground, et c'était tellement trop bien que je suis devenue fan de Little Barrie. C'était il y a un petit moment, depuis je les avais oublié, et le trio anglais a récemment sorti un troisième album, King Of The Waves, franchement pas fou. Mais Little Barrie jouait à la Rock School Barbey à Bordeaux jeudi dernier (pendant que ma collègue suisse allait voir D.A.F, parce qu'il y a des gens plus gâtés que d'autres) et ça aurait été bête de ne pas aller voir un groupe qu'on avait beaucoup aimé jadis. 


Il n'y avait pas grand monde qui s'était déplacé pour l'occasion, du coup le concert a eu lieu dans le club, alors que leur rock retro influencé par la soul et le funk aurait été bien plus à son aise sur une grande scène. "Surf Hell", le single du nouvel album, fait office de morceau d'entrée. La set list privilégie évidemment les titres de King Of The Waves, tournée de promo oblige, mais à part "How Come", peu de morceaux se démarquent. C'est musicalement très classique, très propre, trop, c'est d'ailleurs ce qui a toujours été reproché au groupe. Reste que Barrie Cadogan (c'est vrai qu'il a l'air petit), qui ressemble a un adolescent méchant, est un guitariste exceptionnellement doué (il joue d'ailleurs à l'occasion avec Primal Scream). A côté de lui et de ses quatre ou cinq guitares différentes, le bassiste totalement effacé malgré ses deux mètres de hauteur a l'air un peu pataud. Le batteur en revanche est super marrant et ajoute le quotient sympathie qu'il manquait. Il sourit tout le temps, fait un peu de blagues, a les cheveux longs et une chemise ouverte improbable, peace man.