Villette Sonique 2012
26 mai : Ariel Pink & R. Stevie Moore
29 mai : Julia Holter, Peaking Lights
30 mai : Girls, Tristesse Contemporaine
Alors que la fête de l'Huma et autres manifestations gratuites nous sortent toujours des atrocités comme Yannick Noah ou Nolwenn Leroy, la Villette Sonique affiche toujours une programmation léchée et défricheuse. Certes, il y avait beaucoup d'electro, ce qui n'est pas vraiment notre truc, mais on a quand même pu voir de très bonnes choses, en plein air, et surtout en concerts payants. Retour sur un week end beaucoup trop chaud.
Samedi 26 mai : Ariel Pink & R. Stevie Moore en plein air
Ariel Pink voit en R. Stevie Moore, vieux barbu de Nashville qui a, en plus de cinquante ans, écrit pas moins de quatre centaines d'albums, une sorte de père spirituel. Sauf que l'élève a dépassé le maître en terme de célébrité. R. Stevie Moore s'en fout, tant qu'assez de personnes paient le téléchargement de ses disques pour qu'il puisse s'acheter des bananes. Et il peut même profiter de la hype qui entoure Ariel Pink pour se réhabiliter, un peu comme ce qui se passe entre un autre Californien, Christopher Owens de Girls, et Lawrence. L'année dernière, Ariel Steven Moorepink se sont associés autour d'un projet extravagant et lo-fi baptisé Ku Klux Glam, qu'ils ont joué en exclu à la Villette Sonique. Summum de l'absurde, ce concert en peignoirs était une des plus réjouissantes prestations qu'il nous ait été donné de voir. Leur morceau d'entrée, "Stevie Pink Javascript", restera la plus belle pépite wtf du set, avec les voix d'enfant/chat de Pink et le pseudo rap de Moore, qui avait une jolie barbe bleue pour l'occasion. A moins que ce ne soit leur reprise de "Love Me Do". Ces deux-là se sont construits un univers complètement loufoque, mais ils ont la force, sur scène surtout (l'enregistrement étant moins évident), de communiquer au public leur plaisir visible à faire les cons ensemble, plutôt que de faire les autistes.
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Mardi 29 mai : Julia Holter + Peaking Lights @Le Trabendo
Il est joli ce Trabendo tout refait. Même si, comme on n'y avait jamais mis les pieds avant, on ne peut pas vraiment constater l'étendue des récents travaux. Julia Holter était l'unique raison de ma présence en cette salle. Nous vous avons déjà assez parlé ici de la beauté étrange de ses deux albums de musique érudite, Tragedy et Ekstasis. Mais aller la voir en live était une mauvaise idée : non seulement le concert était décevant, mais le personnage aussi. Julia Holter a l'air d'une sacré pimbêche, visage fermé, paupières baissées, aucune connexion avec le public ne se crée. Surtout, on lui reproche ses choix d'adaptation scénique. Flanquée d'une violoncelliste et d'un batteur tandis qu'elle est au clavier, l'alchimie ne marche pas du tout et ses morceaux perdent sacrément en intensité. La batterie en particulier enlève beaucoup de la magie originale, et l'on se retrouve devant un concert somme toute banal, et même ennuyeux. Julia Holter aurait mieux fait de se contenter d'une boîte à rythme, ou mieux, se résigner à ne pas jouer, plutôt que de décevoir autant.
Heureusement, juste après, le violoncelle a été viré pour mettre des machines avec plein de boutons partout à la place. Peaking Lights a été une bonne surprise comme on n'en rencontre malheureusement pas assez. J'ai tellement accroché au "dub pop psych" du duo que, tout en dodelinant gentiment la tête, j'ai passé mon temps à me demander pourquoi je n'avais jamais écouté ça avant. Lucifer, leur nouvel album, sort dans le mois, et j'ai déjà décidé que ce sera la bande son idéale des après midi chaise-longue de cet été.
Heureusement, juste après, le violoncelle a été viré pour mettre des machines avec plein de boutons partout à la place. Peaking Lights a été une bonne surprise comme on n'en rencontre malheureusement pas assez. J'ai tellement accroché au "dub pop psych" du duo que, tout en dodelinant gentiment la tête, j'ai passé mon temps à me demander pourquoi je n'avais jamais écouté ça avant. Lucifer, leur nouvel album, sort dans le mois, et j'ai déjà décidé que ce sera la bande son idéale des après midi chaise-longue de cet été.
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Mercredi 30 mai : Girls + Tristesse Contemporaine @Cité de la Musique
Pour le dernier jour, la Villette Sonique investissait la Cité de la Musique, très belle salle plus habituée aux orchestres philharmoniques qu'aux groupes indie. On n'a toujours pas vraiment compris pourquoi Tristesse Contemporaine avait été bookés en première partie de Girls, mais ce n'est pas cette incohérence qui nous a gâché le concert, le trio a très bien réussi à se saboter lui-même. Un an plus tôt, leurs concerts étaient sombres et beaux, mais depuis la sortie de leur nouvel album, il semblerait qu'ils aient vendu leur âme au diable de la hype. Une boîte à rythme des plus putassières anéantit toute possibilité d'ambiance mystérieuse, et cherche juste à faire danser grossièrement le public. Ca ne prend pas du tout. C'est même, sur certains morceaux, absolument insupportable. Et le chanteur devrait sérieusement penser à enlever son masque d'âne, on n'est plus sur Tumblr en 2010.
La vraie question de la soirée, de toute façon, c'était de savoir si oui ou non Girls s'étaient améliorés depuis qu'on les avait vus à Nantes en 2010 (on les avait d'ailleurs interviewés à l'occasion). A l'époque, ce n'était pas folichon. Le problème, c'est que depuis, ils ont fait un album, Father, Son, Holy Ghost, vachement moins bien que leur premier, et la set-list était donc nettement moins chouette qu'il y a deux ans : seulement deux morceaux d'Album. Du coup, le début n'était pas évident, on aurait pu s'ennuyer s'il n'y avait pas eu des choses à voir sur scène : un Christopher Owens chaton, des bouquets de fleurs accrochés au micro, et surtout, des choristes. Ouais, des choristes sûrement trouvées dans la chorale gospel du voisinage de Girls, aux formes généreuses et à l'énergie débordante. Trois filles qui n'ont rien à voir avec l'univers de Girls avec leurs voix soul et leurs ongles bien manucurés (quoique Christopher Owens apprécie lui aussi le vernis) et qui, pendant toute la durée du concert, vont danser et sourire pour essayer de faire oublier le fait que, au fond, elles ne servent pas à grand chose. Le live devient plus intéressant quand les chansons tristes et belles tombent, comme "My Ma" et "Love Like A River". Pour autant, le concert ne vaut rien comparé au rappel, où Owens reviendra chanter seul et en acoustique un touchant "Jamie Marie", avant d'enchaîner les morceaux qu'on n'en pouvait plus d'attendre, "Lust For Life", "Hellhole Ratrace" et "Morning Light". C'est un peu triste de n'aimer que les tubes d'un groupe en live ? Oui peut être, ça veut dire que Girls doivent encore s'améliorer scéniquement. Même si Owens a prononcé plus de dix mots au public, ce qui est déjà une grande progression.
La vraie question de la soirée, de toute façon, c'était de savoir si oui ou non Girls s'étaient améliorés depuis qu'on les avait vus à Nantes en 2010 (on les avait d'ailleurs interviewés à l'occasion). A l'époque, ce n'était pas folichon. Le problème, c'est que depuis, ils ont fait un album, Father, Son, Holy Ghost, vachement moins bien que leur premier, et la set-list était donc nettement moins chouette qu'il y a deux ans : seulement deux morceaux d'Album. Du coup, le début n'était pas évident, on aurait pu s'ennuyer s'il n'y avait pas eu des choses à voir sur scène : un Christopher Owens chaton, des bouquets de fleurs accrochés au micro, et surtout, des choristes. Ouais, des choristes sûrement trouvées dans la chorale gospel du voisinage de Girls, aux formes généreuses et à l'énergie débordante. Trois filles qui n'ont rien à voir avec l'univers de Girls avec leurs voix soul et leurs ongles bien manucurés (quoique Christopher Owens apprécie lui aussi le vernis) et qui, pendant toute la durée du concert, vont danser et sourire pour essayer de faire oublier le fait que, au fond, elles ne servent pas à grand chose. Le live devient plus intéressant quand les chansons tristes et belles tombent, comme "My Ma" et "Love Like A River". Pour autant, le concert ne vaut rien comparé au rappel, où Owens reviendra chanter seul et en acoustique un touchant "Jamie Marie", avant d'enchaîner les morceaux qu'on n'en pouvait plus d'attendre, "Lust For Life", "Hellhole Ratrace" et "Morning Light". C'est un peu triste de n'aimer que les tubes d'un groupe en live ? Oui peut être, ça veut dire que Girls doivent encore s'améliorer scéniquement. Même si Owens a prononcé plus de dix mots au public, ce qui est déjà une grande progression.