couverture de gauche : Marion Costentin
couverture de droite : Aliénor Ouvrard
C'est un peu le constat qui a mené à la création du fanzine Soromance, que j'ai (c'est l'antenne franco-belge de TEA qui parle) commencé il y quelques mois avec mon amie Klara, à Bruxelles. Soromance, comme une bromance, mais entre meufs. Pour appeler à la solidarité entre les filles, parce qu'on n'est jamais plus fortes qu'à plusieurs. Avec l'aide de copines et de copains ultra talentueux, on a sorti notre premier numéro début avril et on planche sur le deuxième, prévu pour fin juin. Pour le premier Soromance, on a choisi de parler des groupies. Un thème qui nous parle beaucoup, vu qu'on est toutes les deux branchées musique. Rien qu'avec TEA, j'ai été confrontée pas mal de fois à des situations où la question de la groupie s'est posée. Où on m'a regardée avec des regards qui en disaient longs, alors que j'allais dans les backstages faire une interview. Pour que vous y voyiez un peu plus clair, voilà un extrait de l'édito de Soromance, premier du nom :
23h, plusieurs bières au compteur, dans l’organisme et aussi un peu sur sa robe. Le concert se termine, et il était vraiment bien. Ça changeait des groupes de garage qu’on voit sans arrêt, on a dansé et reluqué aussi le chanteur, parce que c’est vrai qu’il était agréable à regarder. “Alors, on fait sa groupie ?”, lance un copain, goguenard. Il dit ça pour rire, pour titiller. Mais n’empêche, le mot est sorti. Et on se le prend en pleine figure, directement ou par de simples regards qui en disent longs, souvent, très souvent.
Parce qu’on a beau être au 21ème siècle, en tant que fille qui écume à longueur de soirées les concerts, on aura toujours quelqu’un pour nous balancer ce mot, “groupie”. Comme si c’était inhérent à n’importe quelle meuf dans la musique. Comme si on ne pouvait pas juste, comme nos comparses masculins, dodeliner de la tête devant une scène sans avoir d’arrières pensées. Comme si, forcément, on voulait finir dans le lit du chanteur, du guitariste, ou même du bassiste. Comme si on n’était pas là pour la musique. Comme si, aussi, on avait moins le droit de dire qu’un musicien est canon, alors que les garçons sont les premiers à baver devant une batteuse bien gaulée.