L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S

14.12.10

"J'ai tué un homme"

A la Maroquinerie de Paris, j'ai pu interviewer Born Ruffians. J'ai été enfermée pendant trente minutes avec quatre ou cinq Canadiens qui faisaient des vannes pour un oui ou pour un non. Ça riait tellement dans les loges que j'ai décidé de mettre un "" à chaque fois, au lieu de m'embêter à écrire "rires" et à mettre ça en italique. Du coup ça donne un truc très kikoolol, alors j'ai rajouté des couleurs en plus. 

INTERVIEW BORN RUFFIANS



TEA : Salut, c'est cool d'être canadien et de faire de la musique ?
Born Ruffians : Ouais 
Steve (batterie) : Bien sûr que ça l'est ! Il y a beaucoup de groupes canadiens.
Luke (chant, guitare) : Ouais c'est marrant parce que beaucoup de journalistes nous disent ça, mais il y a beaucoup de groupes qui existent et percent. Si tu compares à, je ne sais pas, l'Australie, qui est est plus ou moins similaire niveau population et localisation un peu étrange, il y a clairement plus de groupes canadiens qu'australiens. Peut être que ça a quelque chose à voir avec le fait d'être juste à côté des États-Unis mais, ouais, y en a beaucoup.

Luke : Et c'est super cool d'être ici.

TEA : Êtes-vous satisfaits des réactions autour de votre second album ? Parce que les magazines, surtout en France, ont préféré le premier disque généralement...
Luke : On savait pas ça.

Mitch (basse) : Oh mon Dieeeeeeeeu !

TEA : Je suis navrée.
Steve : J'ai entendu l'inverse, en fait. Quelqu'un nous a dit que beaucoup de magazines préfèrent le nouveau disque.
Luke : Non, il a dit « amis ».

Steve : Magazines, amis...
Luke : Il a dit que Magic l'aimait beaucoup. Tu peux pas dire que si tu lis une chronique négative, ça ne t'affecte pas, parce que tu prends ça personnellement en quelque sorte, tu ne peux pas t'en empêcher. Mais ce qui compte le plus, c'est si toi tu es satisfait, plus que ce que les personnes pensent. C'est la seule façon pour réellement faire face. Comme si tu vas à une fête et que tu t'inquiètes de l'air que tu as et tout, tu ne t'amuses pas. C'est pareil pour la musique. Si tu fais quelque chose que tu aimes, mais que les gens n'aiment pas, et que cela ne te fait plus aimer ta musique, c'est un peu malheureux, tu vois. Donc non, ça ne compte pas vraiment. Et je ne pense pas que c'était aussi extrême, il y a peut être quelques préférences pour le premier, mais...
Mitch : Nous étions heureux de notre premier album, et de notre second, mais pas satisfaits.
Luke : On a enregistré en septembre 2009, donc ça fait plus d'un an. On a eu beaucoup de temps pour y penser et commencer de nouvelles choses. Mais je ne vis pas dans la même ville que les gars, donc je bosse tout seul pour le moment, nous n'avons pas eu la chance de travailler ensemble, donc ça sonne juste comme mes propres démos.


Young Rival commence ses balances, ça fait tellement de bruit dans la loge que nous devons attendre un peu que ça se calme.
Luke : C'est quoi le nom du blog ?
TEA : TEA.
Luke : Oh, désolé, j'ai cru que tu avais dit « E.T. »

TEA : Certaines de vos chansons me font vraiment penser à Vampire Weekend, vous êtes d'accord ou ça vous agace ?
Mitch : Ouais...
TEA : Marre d'entendre ça ?
Mitch : Mmh, ouais, donc ne le redis pas. 
Andy (claviers)  : Fantastique !
TEA : Ok, je vais y aller alors.

Luke : Beaucoup de gens ont la même conclusion, et nous... Je ne sais pas. On assume le fait d'avoir les mêmes âges, les mêmes influences et tout, je ne sais pas, tu peux entendre des similarités entre nos musiques je suppose.
Mitch : Je comprends. Ce n'est pas comme si quelqu'un disait « Vous sonnez comme Vampire Weekend » et puis « Vous sonnez comme Dmx », là je dirais « On sonne plus comme Vampire Weekend ».
Luke : Si quelqu'un dit qu'on pompe tout à Vampire Weekend, là j'aurai mon mot à dire.  Mais si quelqu'un dit « Vous avez un son un peu similaire », je dirai « Ouais, je suppose, je ne sais pas comment ça se fait ». De ce que j'ai pu en quelque sorte déduire, de ce que j'ai déduit (sourire), je ne sais pas, ça doit être cette trame de rythmes africains et de trucs indie, c'est un peu comme les Talking Heads, qui ont tout avalé pour en faire leur musique, et je pense que ça a influencé énormément notre premier album. Ce serait mon explication pour les similarités.

TEA : Savez-vous que Magic vous a sacré sur leur site internet meilleur groupe d'aujourd'hui ?
Steve : D'aujourd'hui ? Genre le 3 décembre ?

Luke : C'est aujourd'hui, woohoo ! C'est notre jour !
Steve : Wow, c'est vraiment gentil. Je ne le savais pas. C'est très flatteur.
Mitch : Peut être un peu trop flatteur.
Luke : Jean-François, c'est un bon gars.
Les autres : Ouais.
Luke : Il nous aime vraiment beaucoup. Et je suppose que le reste du magazine aussi. C'est chouette d'avoir de la presse qui aime ta musique, bien sûr.
Mitch : Ça aide.
Luke : C'est comme ça que tu deviens célèbre, donc...

Intermède où ils tentent de prononcer correctement « France », en vain, malgré mes conseils
Mitch : On va te rendre folle. 

TEA : D'ailleurs, c'est quoi cette lubie de mettre des noms français dans vos titres ? "Little Garçon", "Retard Canard"...
Steve : C'est pour devenir célèbres en France.

Luke : Eh bien, le Canada est français, le français est la seconde langue, donc à l'école, de 9 à 14 ans, c'est obligatoire d'apprendre le français. Donc tu grandis en le parlant. C'est en quelque sorte une part de notre connaissance générale, je ne sais pas. Donc peut être que quand j'écris, certains mots français viennent comme ça.
TEA : Tu voudrais écrire toute une chanson en français ?
Luke : Ah, si seulement je le pouvais ! Je le ferais si je le pouvais. J'essaie d'apprendre le français en fait. Quand j'ai eu mon diplôme, je me suis dit « Je vais apprendre le français un jour ». Ça va, je peux parler à quelqu'un en français, mais j'aimerais écrire une chanson dans cette langue si je pouvais, c'est clair. Mais les Français détestent les rockeurs qui chantent en français.
Steve : Donc on ne devrait pas faire ça ?
TEA : Non, continuez comme ça, c'est très bien.

Luke : Le français ne marche pas avec le rock. Comme Serge Gainsbourg. Lui il est cool. Mais pas de rock en français. Rap, le rap français est mauvais. En général, c'est marrant d'écouter du rap français. Je ne peux pas le faire là parce que je ne parle pas très bien français, mais voilà.

TEA : C'est vrai que vous amenez trois télévisions différentes en tournée, une pour chacun ?
Mitch : Ouais... QUOI ?
Les autres : « Ouais, QUOI ? » 
Steve : On nous a déjà demandé ça.
Mitch : Noooooooon ! 
Steve : Ça doit être une mauvaise traduction.
Luke : Mais on peut passer toute une journée dans le van à regarder la télévision sur nos ordinateurs portables.
Mitch : Mais tu peux écrire ça hein.
TEA : Ben si c'est pas vrai...
Mitch : Ouais, tu veux la vérité. 
TEA : C'est pas trop ennuyeux de tourner ?
Luke : Hmm, un peu, mais on aime tourner.
Mitch : On a nos télévisions en tournée, donc c'est très palpitant.
TEA : J'imagine.

TEA : Quel est le pire concert que vous ayez joué ?
Mitch : Je sais pas quoi dire...
Luke : Nos pires concerts, c'était à nos débuts. On ne savait même pas comment se dépêtrer quand il nous arrivait de la merde. Je cassais une corde, et c'était la panique à bord, et on voulait juste rentrer pleurer à la maison.

Steve : On a fait une première partie une fois à Toronto, personne ne nous connaissait, et on a dû arrêter une chanson deux fois de suite.
Luke : Ouais, on merdait et on n'arrivait pas à rattraper ça, et on était genre « Ok, essaye encore ! » et on se recroutait. Je pense qu'à la troisième tentative a a marché.
Steve : Et le concert horrible à New York à trois heures du matin.
Luke : C'était un concert horrible.
Steve : Il n'y avait pas d'ampli de basse. Nous n'avions qu'un micro, donc nous devions hurler nos choeurs.

Luke : Et je crois que mon micro a arrêté de marcher à un moment aussi.
Mitch : Et le régisseur son était genre parti sniffer de la coke.
Steve : Et il était trois heures du mat', y avait personne.
Andy : Je n'ai pas de mauvais souvenir, vu que je viens seulement d'arriver.
Mitch : T'inquiètes, ça viendra.

TEA : Vous êtes nés voyous (Born Ruffians), vous êtes toujours des voyous ?
Steve : Aujourd'hui, vingt-quatre ans plus tard (soupir)

Mitch : Qu'est ce que tu crois ?
Steve : Bien joué, bien joué. C'est juste un nom. On a eu différents noms qu'on aimait pas. Nous voulions un nom qui sonnait comme nous.
Luke : On devrait inventer une histoire dessus, un truc dingue mais assez croyable quand même. Beaucoup de groupes ont le même problème avec cette question. J'ai entendu tellement de fois : "Je ne sais pas, c'est juste un nom."
Mitch : Je pense que quand tu choisis un nom, tu n'envisages pas une seconde que quelqu'un dans un autre pays te posera des questions à propos.

TEA : Quel est la chose la plus folle que vous ayez faite ?
Steve : J'ai tué un homme.

Mitch : Cette question nous fait tellement paraître pour des gros no-life. (criant) On fait que regarder la télé, ok ? C'est tout ce qu'on fait !
TEA : Si vous étiez une femme célèbre, qui seriez-vous ?
Luke : Michelle Obama.
Steve : Oprah Winfrey.
Andy : Jane Birkin.
Luke : Allez, remontons le temps, tu es Jane Birkin.
Mitch : Elle était marié avec un mec connu, mais je me souviens plus qui.

Mitch : George Clooney n'est pas marié, donc je pourrais juste être une fille.
Luke : Ouais, il ne s'est jamais engagé avec une femme.
Le tour manager : Mais vous ne savez pas qu'il est gay ?
Mitch : Non, George Clooney n'est pas gay !

Le tour manager : George Clooney est gay ! Ouais ! Tom Hanks, Will Smith, tous des gays.
Luke : Tom Hanks ? Je gobe pas ça.
Mitch : Non, George Clooney est un homme.
Luke : Il peut être un homme gay. Les femmes aiment les gays.
Mitch : A qui est marié Colin Farrell ?
Luke : George Clooney.

TEA : Eh mais là vous voulez juste vous marier avec des hommes célèbres, c'était pas ma question ! 

Luke : J'ai dit que je voulais être Michelle Obama, c'est un peu une réponse politique.

TEA : Le nom du fanzine est TEA, vous aimez boire du thé ?
Steve : Oui, j'adore le thé.
TEA : Cool, parce que les gens qui disent non, je les tue.

Steve : Aha, c'est bon. Le Darjeeling est mon thé préféré. Il y a toutes ses boutiques de thé, avec genre des tonnes de parfums, c'est juste un truc de malade.
Luke : Tu le croirais même pas.
Steve : Donc voilà, je sais pas, j'aime le thé.

TEA : Et pour finir, une blague ?
Mitch : J'ai une bonne blague de toc toc. Ok ? Tu commences.
TEA : Toc toc !
Mitch : Qui est là ?
TEA : Aha, ok, pas mal.
Mitch : Je t'ai eue !