L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S

30.8.10

Paris, I promise


Cette année, Rock En Seine a coïncidé peu ou prou avec la découverte pour nous de l'existence de l'alphabet arménien. On aurait donc aimé vous faire une review des concerts dans cet ordre. Malheureusement, nous n'avons pas vraiment compris comment marchait la chose, alors on vous la fait en version latine, c'est toujours ça hein, et à l‘envers, pour faire plus original. Retour donc sur notre dernier festival de l'été, aux portes de Paris, le festival qui nous a fait verser des larmes, oui oui.

Les années 90 ne sont pas encore redevenues très cools, et c’est bien dommage pour Underworld. Si vous êtes de jeunes gens innocents, vous n’avez jamais écouté ce groupe et ignorez donc que cela ressemble à de la vieille musique qu’on passerait dans une boîte ringarde à Berlin remplie de gays à moustache. Leur concert appuie nos dires avec des vidéos cheloues et fluos, et surtout, surtout, les danses du chanteur, balançant entre le ridicule et le fascinant. En gros, c’est chouette pour s’amuser à essayer de copier les pas de danses, pour se moquer du style des nineties, et au bout d’un moment ça donne aussi envie de partir, de prendre le métro et de rentrer chez soi.

Cet été, il fallait être vachement fort pour rater les Two Door Cinema Club qui, tels les Néerlandais sur la côte Atlantique, ont envahi nos contrées tout l’été (les Eurockéennes, Paléo, Pantiero, la Route Du Rock, Pukkelpop et Rock En Seine.) Notre avis face au trio Irlandais reste le même : des chansons fraîches et entrainantes, de l’énergie sur scène, mais un on-ne-sait-quoi qui manque, une prise de risque, quelque chose qui changerait et rendrait le concert mémorable. Peut être qu’à force de tourner aussi intensivement, ils trouveront.


La TEAm a assisté au concert des Ting Tings entièrement et en se retenant de pleurer de douleur. Tout ça pour être bien placée pour Arcade Fire ensuite. Cette programmation incongrue (non vraiment, « Shut Up And Let Me Go » juste avant « Rebelion (Lies) » ?) et le courage de la TEAm, qui brillamment a survécu, méritaient d’être cités.


Il est assez rare que le public abandonne les deux principales scènes de Rock En Seine pour aller voir la petite dernière : la Scène de l’Industrie. Et c’est d’ailleurs dommage puisque c’est là que se produisent les groupes en devenir (ou pas, d‘ailleurs). Concernant Quadricolor, on ne s’inquiète pas trop. Les voir en vrai ne fait que confirmer ce que l’on pensait déjà après avoir écouté leurs chansons sur Myspace et trouvé leurs reprises des Strokes, Late Of The Pier ou encore Nirvana sur Youtube : ces Niçois sont doués. Ils ont vraiment un petit truc en plus qui fait qu’on suivra avec attention leur évolution plus que celle d’une autre jeune formation. Ils gratifient le public d’une reprise de Gorillaz « Stylo » et bien qu’un peu réservés, ils se mettent du monde dans la poche en 40 minutes chrono.

On nous avait dit qu’il était devenu gros et moche alors que nous ne venions que dans l’espoir de voir le BG avec une belle voix qu'on aimait bien quand on était petites. Eh bien, de loin, on a été tout de suite rassurées: Paolo est toujours mince et a encore ce petit timbre un peu rauque qui charme les adolescentes. Après, quand il reprend "Time to Pretend", c'est rigolo, mais ça ne fait pas l'unanimité. Heureusement pour nous, il termine avec "Jenny Don't Be Hasty" et comme c'est un peu celle qu'on attendait, on est contentes.

MASSIVE ATTACK est le genre de groupe qui nous ravit en concert, mais qui ne devrait rester qu’une occasion exceptionnelle. Pour être plus claires, le concert aux Eurockéennes en juillet dernier nous avait ravies, mais les revoir à peine deux mois plus tard faire exactement le même set (avec les textes qui défilent derrière un peu modifiés selon l’actualité des derniers jours) dans la même configuration (nuit, grande scène), gâche du plaisir. J’espère réussir à m’empêcher de faire une comparaison hasardeuse entre le groupe de Bristol et les Paris-Brest (On adore, mais quand on en prend deux de suite, on a mal au ventre et kiffe pas trop)



A contrario, revoir LCD Soundsystem cinquante jours après son concert à Belfort, ça passe crème. James Murphy et son génial groupe qui l’accompagne sur scène, c’est du bonheur en barres. Dès l'entrée, ça envoie du bois de chauffage avec "Us V Them" et le public suit (un peu mollement mais on était là pour relever le niveau). Visiblement ravis, les musiciens sautillent partout et c'est le vague à l'âme qu'on hurle "Yeah yeah yeah" parce qu'on sait que la fin du set est déjà arrivée et que l'on n'a rien vu passer. Mais là... grosse surprise : visiblement peu décidés à partir, les ricains font "New York I Love You But You're Bringing Me Down" (ouiiiiiii vous avez bien lu) avec une once de "Empire State of Mind" de Jay-Z !!!!!!!! Le public verse ses larmes sur la scène de la cascade (qui porte bien son nom, tiens). On est tellement contentes qu'on terminerait bien l'article rien qu'avec des points d'exclamations. Mais comme ça ne serait pas très constructif on préfère vous le dire tout de go : LCD Soundsystem c'est superfantastisch.

THE KOOKS ou la caution "j'ai 14 ans et toutes mes dents" du week-end. On était forcées d'y aller étant donné qu'on a écouté le premier album en masse dans nos jeunes années. Et puis y avait rien d'autre. Verdict : Luke a grossi, s'est coupé les cheveux et est très mal habillé. Les chansons sont jouées exactement comme sur l'album (au soupir près, c'est dire) mais cela fonctionne quand même. En effet, se prenant pour les Hives aux Eurockéennes, les Kooks vont jusqu'à faire asseoir le public tout en nous rabattant les oreilles de "Do You Wanna Make Love to Me?"! On s'amuse bien un moment (forcément, quand on sait certaines paroles par coeur) mais quand Luke va jusqu'à dire que lui, oui, il veut nous faire l'amour, on préfère fuir. Salut.

KELE avait la difficile mission de donner un des premiers concerts du week end (et son tout premier en solo face au public français). Vêtu d'une chemise à motifs pas très heureuse et d'un pantacourt de survêtement, le chanteur de Bloc Party chauffe gentiment la foule présente devant la grande scène en déballant des titres de son album electro, The Boxer, que nous ne connaissons pas et qui ne font pas très après midi. Il nous gratifie vers la fin d'un "You know, I've got another band" et fait un medley (oui, comme dans Les Enfoirés) spécial Bloc Party où il reprend des bouts de "Blue Light", "The Prayer" et "One More Chance", mouais, en entier ça aurait été mieux. Puis monsieur enchaine avec "Tenderoni", qui a quand même un sacré potentiel, et après cela c'est bon, on peut partir.


JONSI Samedi, juste avant le concert de Jonsi, un homme monte sur scène pour annoncer quelque chose. Pas la dissolution du groupe (non, on n'est pas en 2009 à attendre Oasis), mais que les instruments électroniques des Islandais ne sont pas arrivés, et que du coup Jonsi, chanteur de Sigur Ros, jouera en acoustique. Frissonnement dans la foule. Le concert promet d'être encore plus beau que prévu. Et en effet, le groupe, ressemblant par ailleurs à une bande d'elfes dans le Seigneur des Anneaux, relève le défi avec brio, captivant le public avec son atmosphère enchanteresse. La musique se construit autour des voix et de la guitare. On ose à peine respirer tellement cela semble fragile. Une belle réussite.


I AM UN CHIEN !! était un groupe qu'on aimait déjà depuis plusieurs années sur myspace. On avait donc fort hâte de les voir en vrai, comme pas mal de monde devant la scène de l'Industrie ce dimanche après-midi. Et le public en a eu pour son compte. Ça envoie du pâté (surtout en commençant par le morceau Waves"), David Fontao interpelle le public à tout va, les cocos ont de l'énergie à revendre - mais la comparaison avec Prodigy s'arrête là. Les I Am Un Chien ont même des titres calmes, oui. José Capuche-Man, chanteur des Stuck In The Sound et accessoirement grand frère de David vient pour deux-trois chansons épauler le frangin, et quand ils se prennent dans les bras, on est tous émus. Juste avant que le groupe finisse par une de leurs chansons-claque. Ces garçons sont à voir en live.

Les Poulains, qui ne sont ni plus ni moins qu'un des groupes phares de ces toutes dernières années, servent exactement le même set qu'aux Eurocks (et aux autres nombreux festivals qu'ils ont arpenté cet été), soit quelque chose de beau, d'intense, de millimétré et de dansant. La pluie pile pendant "Spanish Sahara" restera un moment magique du festival. Ces Anglais sont en tournée cet automne, ça serait bête de louper un si bon moment.

Vêtu d'une combinaison blanche accessoirisée d'un bandana et d'une barbe, sans oublier les éternelles lunettes noires, le chanteur Mark Everett n'est pas plus un dieu du look qu'un Zeus du stade. Bien que surproductif (déjà deux albums à son actif pour cette année), il place une reprise des Kinks dès la 3e chanson. On aime bien "Sunny Afternoon" et les compositions maison façon rock sixties mais ce n'est pas du tout là l'image qu'on se faisait de l'auteur du superbe "Blinking Lights And Revelations". Du coup, le concert laisse un peu sans sentiment particulier. On n'est ni porté ni complètement ennuyé, juste un peu déphasé.

Comme on a vu fleurir des tshirt fluos sur tout le domaine de St Cloud le vendredi, il n'y a rien de surprenant à voir la foule dense, agglutinée devant la grande scène pour le groupe californien. Comme nous ne sommes pas fan, on a préféré s'asseoir sur les côtés, histoire de voir ce qu'un tel groupe vaut sur scène... et on pensait sincèrement être en mesure de prendre la chose avec humour. Cependant, plus d'une heure de pseudo-génériques de série naze agrémentés de blagues beauf (du genre lister les vins français "Beaujolais, Bordeaux, Wine!") sur fond d'imitation cheap de l'Atomium en version écrans de lumière multicolore, c'était clairement au dessus de nos forces.

BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB était un des groupes que l'on attendait le plus du week end. Les rumeurs allaient bon train sur une possible annulation, en raison du décès récent de Michael Been, ingé son et père du bassiste de BRMC, mais finalement ils auront bien joué. Cela serait même le meilleur concert du vendredi. Leur concert est sans fioritures, le groupe de Peter Hayes distille son rock garage sans broncher et en se partageant les chants. Le manque d'interaction avec le public ne gêne aucunement, tout le monde est trop occupé à secouer la tête et suer sur leurs tubes qui sentent le sexe, "Beat The Devil's Tattoo", "Weapon Of Choice", ou encore "Berlin". Pour terminer, Robert Levon Been dédicace la chanson "Whatever Happenned To My Rock 'N' Roll" à feu son père et fini le set sur "Spread Your Love" dans la foule. C'est sobre et émouvant.

Il est des fanfares qui dépassent le niveau village et défilé de fête des vendanges. C'est notamment le cas de Beirut qui, mené par le grand timide Zach Condon (un nounours qui a de jolis tatouages en forme de cor) a conquis la terre grâce à "Nantes" (ici dans une magnifique version pour la blogothèque). Ils commencent leur set avec d'ailleurs. Les magnifiques cuivres et la voix de Zach portent l'assemblée pendant toute la durée du concert et c'est peu dire vu que cette dernière semble lancée dans un concours de pyramides humaines : on ne compte plus les gens (de tout âge) assis ou même debout les épaules de leurs compagnons. Tout sourire, les musiciens qui ne payaient pas de mine charment l'entier de leur public qui pardonne même le peu de variation dans les accords et dans les rythmes ternaires caractéristique de la bande.


ARCADE FIRE était le nom qui, à lui seul, justifiait pleinement le voyage jusqu'à Paris et le tour à Rock En Seine. L'attente était devenue plus insurmontable encore quand nous avions découvert que leur troisième album, The Suburbs, était génial. En fait, on était un peu comme tout le monde le dimanche soir, on crevait d'envie de voir les Canadiens et ce dont ils étaient capables sur scène. Ils commencent par le bien nommé "Ready To Start", et toute la foule dense devant la grande scène suit, connait les morceaux par coeur et chante à pleins poumons. Arcade Fire c'est aussi fascinant à voir en vrai, tant tous ces musiciens sur scène semblent être en communion et heureux de jouer. Il y a vraiment plein de choses à regarder sur scène, sans compter sur l'écran aux vidéos étranges et jolies (surtout celle de Régine et Win qui dansent sur "Modern Man"). Les fans sont comblés, Arcade Fire joue aussi bien des titres du dernier album ("Rococo" étant des plus magnifiques) que des deux précédents ("Keep The Car Running", "Haïti", "Ocean Of Noise" où Beirut viennent jouer). C'était trop beau, il a fallu que la pluie vienne pile à ce moment là et que le vent la dirige pile vers la scène. Bien vite, tout est trempé et les techniciens doivent accourir pour couvrir les instruments et éviter de sinistres éléctrocutions. Une pause de cinq minutes plus tard, les Montréalais reviennent jouer un "Wake Up" en acoustique avant de quitter la grande scène, leur concert amputé. C'est triste, mais ce "Wake Up" sous le déluge, avec ces milliers de personnes criant, vaut tout les "Rebellion (lies)" de la terre. Ce concert à Rock en Seine restera donc gravé dans les annales.

Pour finir cette review alphabétiquement inversée, on tape fort, puisque les Belges de chez Soulwax, 2 Many DJs, ont franchement fait un des meilleurs sets du week end. Ça dansait tellement ce samedi soir que le retour en métro était difficilement supportable niveau odeurs. C'est qu'ils sont efficaces (les 2 Many DJ’s, pas les métros) et savent nous prendre par les sentiments : des remixes à gogo (d'ACDC à MGMT), des transitions (réussies) tout le temps ce qui fait qu'aucune pause n'est possible, des VJ-ings trop coolos avec des pochettes d'albums qui s'animent (big up à celles de Justice et de Guns N'Roses), et un final sur "Love Will Tear Us Appart" avec des confettis. C'est facile, ok, n'empêche qu'on frôle le sans faute.



St Cloud 2010 express
Les duos gagnants
Vendredi : Foals et BRMC
Samedi : LCD Soundsystem et 2ManyDjs
Dimanche : I Am Un Chien (ou Beirut) et Arcade Fire
mention spéciale à la galette saucisse et aux glaces gratuites