L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S

11.7.10

J'ai vu le tambourin en vrai, ça valait la peine.

Dimanche dernier était aussi le dernier jour des Eurockéennes - titre on ne peut plus déprimant pour un jour du Seigneur, tellement on voue un culte au festival de Belfort et à son étang du Malsaucy. Cependant, même si l'on se levait déjà un peu empreint de nostalgie, il en aurait fallu plus pour abattre les festivaliers aguerris. Surtout que la programmation était bonne.

EUROCKEENNES 2010
DIMANCHE


Pour commencer, les cocos qui prennent le TGV du succès indie: The Drums, se sont retrouvés face à la délicate tâche d'ouvrir le dernier jour des festivités sur la grande scène. Nous avions de sérieux doutes sur l'idée mais au final, les 4 américains se sont très bien débrouillés. Mieux: ils s'avèrent être une très bonne surprise. Il faut dire aussi que leurs popsongs sont taillées pour être entrainantes. Mais même, ça ne fait pas tout (surtout qu'ici, l'impression qu'ils ne connaissent que 2 accords est encore accentuée). En fait, c'est aussi leur jeu de scène qui rend la prestation agréable: D'une part, le chanteur blond a l'air so jeunesse hitlérienne et exécute danses saccadées entre le mime de Michael Jackson et de Ian Curtis (sans pour autant faire trop parodie, joli). Mais on aime surtout, surtout, le TAMBOURIN. Oh, on nous avait bien prévenues mais on ne l'imaginait pas aussi fou! Il saute partout en agitant les bras, tourne sur lui-même, tambourine l'air hagard: c'est juste parfait (bonus: ça marche aussi quand il fait de la guitare). Donc voilà, merci Mr Tambourin pour ta prestance scénique et gros bisous.


Après une petite pause, nous voici devant Julian Casablancas. Une chance pour vous, nous ne sommes pas des groupies du leader des Strokes. On vous épargne donc la lecture de moultes "iiiiiiiiiih" ou "omg omg". N'empêche que quand Julian arrive sur scène, on est toutes choses - comme la majorité de l'assistance (du moins les filles du premier rang). Mais bon, on ne lui pardonne pas tout. Premièrement, côté visuel, on remarquera surtout que Julian Casablancas n'est pas le fils du Dieu du look: porter une veste rouge assortie à un slim de velours de la même teinte et d'un tshirt Ozzy Osbourne passe encore, arborer une mèche de cheveux jaunes-décolorés-déssechés, non. Ensuite, niveau concert, il s'avère assez décevant (pour les moyen-fans) ou plutôt surprenant (pour celles et ceux qui n'attendaient rien). Les chansons des Strokes ("Automatic Stop" en ouverture et "Hard to Explain") qu'il reprend sont très bonnes, "River of Brakelights" et "11th Dimension" aussi, mais le reste un peu mou tiré de l'album solo ne convainc que peu. Il faut dire aussi que ce n'est pas totalement de la faute de ce pauvre Julian: il a la grippe. C'est d'ailleurs lui qui nous l'explique et on voit bien qu'il préférerait un Doliprane à un Mojito. Ainsi, au bout d'une toute petite heure, il se précipite dans les backstages en balançant juste un "bonne soirée" à peine audible au public stupéfait.

Ceci dit, d'après notre enquête auprès de sources sûres, JC aurait dû faire un rappel avec "Left & Right In The Dark" et "The Modern Age" mais n'en a apparemment pas eut la force. Dommage.



Il n'est cependant pas temps de pleurer: LCD Soundsystem joue sous le Chapiteau. Bien que nous soyons encore en plein après-midi, James Murphy (pourtant plus habitué aux soirées) est tellement doué qu'il livre un des meilleurs concerts du week-end et ce, même s'il ne fait ni "Dance Yourself Clean", ni "New York I Love You". On ne s'en formalise pas: c'est tout simplement gé-ni-al. Le public, aux anges, se donne lui aussi en spectacle et l'ensemble, mené par le plutôt discret bonhomme moulé en tshirt Yves Saint Laurent, atteint son apogée au son de "Drunk Girls". Ca pogote sévère.

La suite du festival devait en écarteler plus d'un. La faute au dilemme cornélien qu'imposait la programmation: Health ou Mika? Fallait-il affirmer un certain élitisme musical et précipiter sa surdité ou retomber en enfance, chanter à tue-tête et mouiller sa culotte? Le duo de la TEAm avait une solution toute faite: se partager. Ainsi, côté Health, on fut plutôt surprise en bien. Alors qu'on croyait ne pas aimer les concerts d'expérimentation musicale ponctuées de hurlements d'asiatique hystérique façon les affreux Bo Ningen, on se surprend à opiner du chef et même à secouer quelquefois ses cheveux trop rock'n'roll lorsqu'on reconnait (!! dans ce genre de show) "Die Slow " et "USA Boys" qui sont super, même en live. Pour couronner le tout, le batteur, incroyablement précis dans sa frappe parvient à réveiller le plus sage des Drums à peine dissimulés sur le côté de la scène. Du coup, lorsque l'on quitte la Logia complétement assommées, on se promet qu'on suivra de près l'avancée des californiens qui affichent clairement leur bonne santé.


A la grande scène avec Mika, c'est un tout autre registre qui est battu. La scène croule sous les décors et le grand enfant frisé fascine par sa prestance. Au final, on n'a pas honte d'affirmer qu'on l'aime bien, ce grand Peter Pan (ou si, un tout petit peu honte quand même, disons qu'on serait pas OK pour mettre un tee shirt "I <3 Mika" comme le gus qui est monté sur scène au rappel). Par la suite, on se risque à peine sous le chapiteau pour Empire of the Sun, juste histoire de se convaincre de la mocheté du chanteur et de repartir bien vite, effrayées par la coiffe dudit leader et des danseuses contorsionnistes qui accompagnent la prestation. Apparemment, l'ensemble plaît à un public plutôt fourni. En ce qui nous concerne, on préférera déguster un pavé de saumon de Norvège tout en se disant que franchement, ils pourraient faire "We Are The People" tout de suite, qu'on en finisse.


Heureusement, c'est l'heure de Fuck Buttons qui, comme on l'attendait, déboitent. Malheureusement, on est juste un peu trop fatiguées pour danser et c'est apparemment le sentiment général: on ne compte plus les individus endormis à même le sol. Plutôt étonnant toutefois, quand on connait la musique du duo anglais qu'on espère dès lors revoir dans de meilleures conditions.


Enfin, le final. Un rôle autrement plus difficile que celui des Drums qu'endossent les Bristolois Massive Attack, maîtres du Trip Hop engagé. Peu surprenants mais toujours fascinants, ces derniers ont fait planer une ambiance méditative et plongé leurs auditeurs dans une triste nostalgie en les berçant de tubes comme "Teardrop" ou "Angel". En fait, ce qui impressionne le plus, ce sont les visuels : entre l'énorme terre faite de diodes qui tourne et que l'on zoome et dézoome et les logos de marques fragmentés de la fin, le groupe fait défiler des messages politiques parfois révoltants, parfois drôles, dont : "Les femmes préfèrent-elles les barbus?" "Temps de détention préventive : Canada: 1 jour, France: 7 jours, USA: illimité" "Va te faire foutre, fils de pute, Nicolas A" "Une Charlotte Gainsbourg acclamée..."...et terminent sur une le logo de BP - Beau Phinal?