L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S

25.7.10

Dankeschön Devendra

Devendra Banhart a un nom à coucher dehors, une voix légèrement éraillée et une attitude néo hippie tellement assumée qu'il ne fait même pas singe. De toute façon, venant de lui, n'importe quoi parait cool. La preuve : dans la TEAm, on doit totaliser un quart des vues du clip de Foolin et on a déjà revu notre jugement sur les hommes à barbe depuis belle lurette. Alors vous comprenez, quand on apprend qu'il se pointe à Zurich pour une unique date en Suisse, rien ni personne ne pouvait nous empêcher d'y aller. Pas même Kitsuné au MJF.


DEVENDRA BANHART
@Kaufleuten, Zürich
13/07/10

La soirée débutait avec Buvette, un suisse plus vraiment inconnu au bataillon (on l'a vu et, il sera aussi et aux dernières nouvelles, il préparerait actuellement un album #buvetteestpartout) qui n'a pourtant pas fini de nous étonner. En effet, alors que le set vu et revu commençait à lasser, le jeune veveysan, apparemment fort de son voyage aux Etats-Unis, a étoffé son live de quelques nouveaux morceaux plus personnels (autrement dit, on pense moins à Animal Collective) et abandonné les visuels. Du coup, on n'a plus de méduses à mater et plus de temps pour se concentrer. On découvre alors "Top Pub Song", "Benzi Blues" et "Motril" rien que pour la musique (et on vous conseille vivement d’en faire autant, si ce n’est pas déjà fait). C'est beau, parfois planant, parfois dansant - une superbe mise en bouche qui convainc aussi les Zurichois agglutinés dans la fosse. Gratifié d'applaudissements fournis et mérités, Buvette s'éclipse au bout de quarante-cinq minutes avec un timide "Dankeschön" pour laisser place à Dieu-Devendra Banhart et sa bande de Grogs (et partir de là, plus aucune objectivité n'est garantie).

Pour commencer, il faut savoir que Devendra est beau à tomber. Jadis émacié, chevelu et exagérément barbu, l'homme s'est quelque peu remplumé (mais il reste maigre, y a de la marge) et a calmé ses ardeurs primitives en matière de poils pour arborer barbe et cheveux dans leur version courte. Heureusement d'ailleurs, parce qu'avec les tendances caniculaires du moment, on aurait plutôt tendance à tomber la chemise (ce qu’il fait d’ailleurs en fin de concert, découvrant - entre autres - un tatouage de bison sur son torse).

En ce qui concerne le personnage, l'entrée est donc parfaitement réussie et un sourire aura suffi à se mettre tout le public féminin et gay dans la poche. Trop facile ? Pas vraiment vu qu’il plait aussi sur la durée. En effet, sa musique, si caractéristique, (qui se situerait, si l’on croit aux qualificatifs du communiqué, quelque part entre le « freak –folk » et le « neo-psychedelique-folk») a tôt fait d’envoûter la totalité de la salle - une performance qui ne semblait pourtant pas gagnée d’avance dans un cadre tel que celui du Kaufleuten, une salle de petits bourgeois avec parquet, boiseries et lourdes tentures assorties (remarquez, on aurait pu s’y attendre, vu le prix des billets) mais nous sommes surprises en bien.

Décor et ambiance posés, le parterre fraichement converti au hippisme se lance dans la danse et est porté par la voix enjôleuse du joyeux drille en chemise à fleurs. Une première partie comprenant plusieurs titres du récent et plutôt bon "What Will It Be" ("Baby" et "Angelika" mais pas "Foolin", grosse déception) suivie d'un quart d'heure acoustique des plus charmants. On sent que l'homme a mûri (en tout cas, il ne joue pas "I Feel Just Like A Child") et qu'il se livre sans gène. Il n'hésite même pas à dénigrer sa prestation "Oh I'm sorry for that shit" quand il faut ni à gesticuler sans être ridicule quand la musique le hante. Parfois même, il blague, se trompe dans les paroles de "Little Yellow Spider" et rit. Tout en mimiques et en déhanchés sexys, Devendra sert son répertoire autant que des covers avec charme. Tant et si bien qu'on aurait adoré pouvoir rester jusqu'à la fin des fins, le retour de Grogs et la virée rock-psyché si l'horaire des trains l'avait permis.

En un mot comme en cent :la soirée Buvette - Devendra était #pipiculotte et #mamanjaipludhormones. Tous deux ont su mettre la musique au centre de leur set, sans fioritures dans le jeu de scène et faux semblant - du pur bijou. Maintenant, vous nous excuserez, c'est l'heure du rituel chamanique. On prie pour que Devendra revienne bientôt dans nos contrées.

Merci à Sarah pour les belles photos (les autres sont de la TEAm)