L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S

10.3.10

"Le thé, je le fume"

Il n'y a pas si longtemps, en suisse-romande, nous sommes allées voir Buvette. A la base, nous voulions juste boire un verre et lui poser quelques questions. Mais la soirée fut pleine d'imprévus et après avoir squatté Oh No Ono, on se retrouva à parler Suisse dans des loges, à 3 heures du matin. Inopiné.


INTERVIEW BUVETTE

Qui est Buvette ?
Je m’appelle Cédric - Buvette sur scène – et je fais de la musique vraie qui pourrait être classée comme...dub pop synthétique, pop sacrée ou pop sacrée dub ou encore kraut héroïque.
En fait, tu fais du « collage musical »
Je ne sais pas si c’est vraiment du collage. En fait, j’ai 2 samples. C’est l’instrument que j’utilise le plus sur scène.
Je joue d’abord des sons que j’ai enregistré moi-même et qui sont au même rythme. Ils défilent les uns après les autres et je dois lancer au bon moment. Dans ce sens là, oui, c’est du collage.
En fait, en live, je fais défiler des sons qui ont été enregistrés à l’avance et je rajoute plusieurs effets. Par-dessus, je rajoute encore plusieurs claviers mais ça c’est plutôt instinctif, ça change un peu à chaque fois.
Et tu chantes aussi.
Oui, j’ai des paroles qui sont importantes pour moi et qui sont toujours les mêmes


Buvette, The Mondrians, ton label – tu cumules les projets. Es-tu un drogué du travail ?

Non, j’ai justement arrêté de travailler pour faire plein de trucs qui me plaisent vraiment pour de vrai.
Et ça marche ?
Ca marche disons…on est dans une société où il faut avoir de la thune pour payer tes factures, payer ton loyer, payer toutes ces conneries et c’est pas du tout avec la musique que je le fais.
Je donne des concerts en jouant tout seul ou avec mon groupe ou bien en m’occupant de ce label et c’est des trucs que j’ai vraiment envie de faire et aucun des trois me fait gagner ma vie.
En jouant tout seul je gagne, je sais pas, un tiers de ce qu’il me faut pour vivre, parfois plus, ça dépend du nombre de concerts, mais je ne pense pas être un drogué du travail. J’ai juste envie de faire ce que j’aime et de les faire pour de vrai, avec passion parce que c’est vraiment ce qu’il me plait.
A la base, je suis photographe, je fais encore quelques mandats de photo mais j’ai un peu décroché de l’image. Je fais essentiellement de la musique et je n’ai jamais vraiment réussit à faire de la musique et des images en même temps.
C’est quand même toi qui a fait les projections canon (qui sont projetées pendant les lives) ?
Non, c’est Mathias et Charlotte, qui les ont faites ensemble. Je les ai vues et puis je leur ai dit ce que j’aimais ou pas.
Il les ont faites en fonction de la musique ?
Oui mais…


On ne saura jamais ce que Cédric a voulu dire car, depuis la salle où les Mondrians font un DJset, on entend Mushroom, de Can – ce qu’il ne manquera pas de relever. On se met alors à parler du label. Parce que Alric (le mec aux platines), c’est Kurzwelle. Et puis chez Rowboat, y a Uberreel aussi. Un duo qui va bientôt tout péter. « Soyez prêts, lecteurs de TEA». Wunderbar.

Donc, avec tout ce boulot, ça t’arrive de ramer ?
(Sourire) Je ne dors pas toujours suffisamment mais sinon, non, j’en chie pas particulièrement. Tout se passe bien. En ce moment je suis extrêmement heureux parce que je fais vraiment tout ce que j’ai envie de faire. Donc c’est pas du tout une corvée.
Après, je dois faire des concessions – je fais des boulots de merde où je vais 3 jours, je me fais de la thune. Des petits boulots à la con que je peux faire en étant totalement libre à côté. J’ai envie de profiter étant donné que je m’en sors déjà maintenant pour faire vraiment ce dont j’ai envie.

Est-ce que c’est facile de faire de la musique en Suisse ?
Je ne suis pas vraiment dans un « circuit » où t’as un myspace, ça marche bien, tu vas enregistrer un single et tu passes à la télé. Je me désintéresse assez de ce genre de chose.
La musique que je fais tout seul, si un jour ça doit décoller, ça décollera. Mais ça ne sera pas du tout de cette manière. C’est pas moi qui vais aller m’inscrire à des concours « votez pour moi » sur internet. C’est surtout si des gens ont envie d’écouter mes trucs et s’ils se bougent à mes concerts que je vais peut-être percer. Parce qu’au fond, c’est pas vraiment ce que je cherche. Je suis beaucoup plus du genre à aller jouer quand des potes font des expos, quand les gens viennent vraiment pour quelque chose. Pas des morceaux qui passent à la radio et que t’écoutes en passant l’aspirateur - et encore faut-il que ce soit un vrai tube.
Bref, j’essaie pas de m’intégrer dans le paysage musical suisse. D’ailleurs, si j’essayais de m’intégrer dans un paysage musical quelconque ça ne serait en tout cas pas le suisse. En ayant fait l’expérience avec un groupe…
Les Mondrians.
Exactement.
En fait, j’ai l’impression qu’en Suisse, la musique à une valeur marchande.
En Angleterre, ça se passe pas exactement pareil. Si t’as un groupe qui marche, t’es dans le NME. En Suisse aussi, mais à un degré différent. Genre t’es dans la pub Migros (le carrefour helvète) et tu passes une fois au TJ. T’es un peu le gars sympa, le footballer qui met des goals et quand tu mets plus de goals, t’es oublié.
Les gens ne vont pas spécialement aux concerts à moins que ce soit un truc sûr, ils ne sont pas assez curieux et - c’est vraiment dégueulasse ce que je suis en train de dire mais - dans 20ans, ce qui marche maintenant marchera encore. Genre tout ce qui est commercial et un peu FM.
On est un petit pays et c’est tout à fait compréhensible. Y a pas énormément de place pour une vraie scène underground ou alternative. Les groupes suisses qui vont marcher, c’est ceux qui font des trucs un peu mainstream. Sauf Sophie Hunger que j’aime vraiment beaucoup et qui cartonne.

Est-ce que tu vends du thé dans ta Buvette?
Le thé, je le fume.
Certes...mais...
Je le fume avec Blacksperm (comprendre, le monsieur qui est dans la loge en même temps que nous).

J’ai entendu dire que tu partais bientôt à New York ?
Oui, je vais faire 3 dates.
Comment ça se fait ?
A un moment, j’avais vraiment envie de bouger de chez moi. Donc, j’ai envoyé plusieurs mails à des salles dont le Lit Lounge et le gars a répondu, a proposé le 17mars et là, j’étais obligé d’y aller.
J’étais censé y aller 2 semaines mais j’en ai ajouté 1 pour visiter des gens. Je vais aller voir plein de concerts. Je vais essayer de faire des trucs, rencontrer des gens, visiter des endroits et peut-être me casser de NY 3 jours et puis voir ailleurs.
Blacksperm : Oui parce que New York, c’est trop petit.

Sinon, avec ton groupe, vous avez fait un clip ?
Oui, il va y avoir un vernissage le 31 mars au Bourg. Les Mondrians vont jouer à 3 parce que moi je serai encore à NY. Ils vont réadapter les morceaux sous une formation spéciale et jouer plein de nouveaux trucs ça va être la révolution.

Maintenant, si tu étais une femme célèbre...
Pénélope Cruz. Non…(il réfléchit longuement)…La chanteuse des Young Marble Giants ou (il hésite encore) …la chanteuse des Young Marble Giants.

Sinon, tu aimes le thé?
J’ai pas de thé dans ma buvette mais j’adore le thé, le thé vert. J’aime le thé japonais ou chinois avec du riz. T’as jamais goûté avec des grains de riz soufflés ? Ben voilà, aux lecteurs de ton blog sur le thé « goutez le thé vert avec des grains de riz, c’est excellent ».

Trop de chauvinisme et de publicité pour ceci-cela nous auront tuées. Oubliée la blague mais on s'en fout. Allez prendre un petit remontant à la Buvette. Ca en vaut la peine.