L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S

12.3.10

"I'm not your monkey, I'm everyone's monkey"


ADAM GREEN @ L'ALHAMBRA
PARIS, 08/03/10

Toute fille ésseulée devrait se consoler en écoutant Adam Green pour s'endormir. Une belle voix bien grave comme on en entend trop rarement et de jolies chansonnettes jamais bien longues et presque toujours plaisantes. Ca fait tellement du bien qu'on pourrait dire que le New Yorkais est le fiancé idéal, si l'on ignore ses problèmes d'alcool et de drogues et qu'on n'est jamais tombé sur son blog qui sent très fort la décadence. Mais même si le plus si jeune garçon n'est pas l'homme idéal, on lui pardonne à peu près tout, et il peut toujours concourir dans la catégorie grand artiste. Adam Vert a fini sa tournée lundi dernier en remplissant l'Alhambra à Paris, il aurait été tragique de manquer ça.

Aller jusqu'à Paris pour aller voir Adam Green vaut le coup. Presque deux heures de live intense, où l'on ne s'ennuie jamais, où l'on sourit puis veut pleurer : un concert comme on aimerait en avoir plus souvent. Adam arrive vêtu d'un jean patte d'eph et d'une veste en cuir trop courte dévoilant un petit bidon, on n'en attendait pas moins de lui. Il est épaulé d'une formation rock basique (une guitare éléctrique, une basse, une batterie, un clavier - on en reparlera plus tard) et démarre avec le titre "Cigarettes Burns Forever", extrait de son dernier album sorti en début d'année, Minor Love. Tout le monde est déjà content, tout le monde aime Adam. Le gus est le roi des danses absurdes ("Tropical Island" et ses déhanchés, les pas egyptiens, et surtout l'inimitable imitation du lapin pendant "Bunny Ranch"). le tout bien entendu agrémenté de sauts dans tous les sens et de nombreux slams (il en a même des griffures sur son ventre le pauvre garçon). Adam n'est pas tout à fait dans son état normal (ou si, justement), il prend même une pillule en cours de concert, "pour continuer", et chante avec des yeux exhorbités parfois très effrayants, autant dire que sa chanson "Drugs" sonne comme une véritable profession de foi. Mais n'allez pas croire que l'ex-Moldy Peaches est à côté de ses pompes : il chante toujours aussi juste (quelle voix ! mais quelle voix !) et dans les temps. Et puis il a vraiment l'air d'aimer être là, sur scène. Il invite un garçon à venir danser un slow avec lui pour le remercier de lui avoir rendu sa ceinture ("an honnest man in this concert") et fait des bisous à tout ce qui se trouve entre le premier et le cinquième rang : un homme tendre.

Musicalement, le concert est nettement plus rock que sur CD, et ça envoie drôlement. Le groupe derrière aide (big up au très bon batteur), mais il est regrettable que le bassiste se mette en avant pour aller chatouiller la foule et fasse des moues de rockstar. Regrettable ? Que dis-je ? Intolérable ! Le roi c'est Adam, et ce n'est pas parce que ce bassiste est looké comme sur lookbook.nu qu'il doit essayer de lui voler la vedette, arrête Stacey. Cette mise au point étant faite, continuons. Aux moments rock 'n' roll ("Nat King Cole") s'alternent des parties accoustiques, où Adam est seul sur scène avec sa guitare. Jouées ainsi, les chansons "Computer Show" ou "Boss Inside" sont tellement belles qu'on voudrait pleurer. Il joue énormément de chansons (facile quand on sait qu'elles ont une durée moyenne de deux minutes trente) et ne privilégie aucun album en particulier, histoire de faire plaisir à tous les fans. En vrac, sachez que "Stadium Soul" en live est irrésistible, que "No Legs" a été repris en coeur et très fort par des membres du public, que ça a pogoté sur "Friends Of Mine" et "Emily", et que pour "Dance With Me", même les gens sur le balcon ont dansé.

Ce qui est génial aussi avec Adam Green en live, c'est qu'il parle beaucoup. Ca passe du gros mytho ("J'ai été élevé au Texas" pour introduire la chanson "Carolina") à des infos importantissimes (il est très fier de son record du bain le plus rapide, il l'a même dit sur Twitter : "Just did a whore's bath in 1min 39sec from into the bathroom-door fully dressed to out the bathroom-door fully dressed. Can you do better?") ou encore des déclarations intéressantes ("I'm not you monkey, I'm everyone's monkey") et des répliques parfaites (à une prépubère du public lui enjoignant de la rejoindre, il répond "But you look like twelve", un grand moment de satisfaction pour les autres). L'Américain fait aussi des efforts pour parler français : "gentil garçon", "petit lapin" et "wawa" (pour nommer l'eau ?!) et objectivement, c'est trop mignon.

Il termine son set par le tube "Jessica" auquel il incruste un passage de "Everything I Do (I Do It For You)" de Brian Adams qui en surprend plus d'un. Le public parisien en redemande, et Adam nous fait un bon rappel. Il conclue son concert par, ô joie, "Baby's Gonna Die Tonight" et quitte la scène en embarquant sur son dos une jeune fille du premier rang. On ne sait toujours pas ce qu'elle est devenue. Peut êre va-t-il falloir mettre en place la procédure d'alerte enlèvement. Pour ceux qui n'ont pas été kidnappés, il ne reste plus qu'à (ré)écouter Adam Green avec un souvenir ému de ce qui peut être considèré comme un des meilleurs concerts possibles. L'homme-lapin nous manque déjà.
Photos par la fantastique Polly Steab