L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S
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11.2.13

"Entre la vérité et la légende, imprimez la légende"

Parce que notre bibliothèque grouille de disques de groupes de Manchester, parce que nous sommes convaincues que Factory est un des labels les plus importants qui aient jamais existé, parce qu'on a choisi d'en faire un peu la bande-son de notre vie, nous sommes parties en "pèlerinage" en Terre Sainte, visiter les dernières reliques du Manchester de la fin des 70s au début des années 90. Sauf qu'évidemment, il n'en reste plus rien. Triste vision de l'emplacement de l'Haçienda, où trône désormais  une résidence de standing, baptisée the Haçienda Apartments. Pourtant, ce n'était pas il y a si longtemps, quand même, la salle n'a fermé définitivement qu'en 1997.
On a décidé d'interroger une personne qui y était, à la grande époque. Au début des années 80, JD Beauvallet, tout jeune et pas encore aux Inrocks, décide de quitter la France pour habiter dans la ville de New Order, des Smiths et surtout de feu Joy Division, persuadé que la vie et la musique sont plus excitantes là-bas. Et c'est le cas. Il a fouillé dans ses souvenirs pour nous et donné une autre lecture de l'aventure Factory.
"A Manchester il reste très peu de choses de l'époque finalement. Il y a cette espèce de reconstitution historique qui est presque un truc Disneyland, le Factory Club, où ils ont refait une espèce d'Haçienda en plus petite qui est faite par Peter Hook. C'est la même déco, c'est le même architecte... Et c'est dans les anciens locaux de Factory. Il y a un côté un peu tristouille je trouve dans ce lieu. Sinon, dans les autres endroits qui existent encore, y a l'ancien café Dry, qui était le café de Factory et qui s'appelle toujours Dry d'ailleurs, sur Oldham Street, mais qui bien sûr n'appartient plus à Factory. 
Mais ça c'est assez propre à Manchester. D'une certaine façon Manchester est une ville qui déteste la nostalgie, qui n'a jamais spéculé sur sa nostalgie. Quand même, n'importe quelle ville au monde serait hyper fière et vendrait le fait que c'est quand même là où a eu lieu la révolution industrielle. Or le musée de l'industrie il est à peine indiqué, il est à côté de Deansgate, pas dans un quartier forcément très visible, et c'est quand même assez dingue. Il y a vraiment un refus de nostalgie qui est propre à la mentalité de Manchester. C'est une ville qui préfère regarder devant plutôt que regarder derrière." L'exact inverse de la voisine Liverpool, qui elle spécule à fond sur les Beatles.

Tout raser, reconstruire, repartir à zéro. A l'image de Hulme, le quartier populaire où vivaient, entassés dans des barres d'immeubles insalubres, tous les groupes, les étudiants, et les junkies.
"Quand ils ont rasé Hulme, ils ont rasé l'équivalent de trois arrondissements de Paris. Bon, je l'ai raconté plein de fois mais je peux vous le raconter une nouvelle fois, il m'est arrivé quand même un truc assez troublant. J'habitais à Bonsall street dans les années 80, et après des années et des années, je reviens dans ma rue. J'avais jamais vraiment voulu la revoir. Ça c'était mal fini, j'avais la porte de mon appartement qui avait été éventrée à la hache, et on avait volé tout dans l'appartement sauf mes disques, dieu merci. Et puis un jour, c'était peut être quinze, vingt ans après que j'y ai habité, j'avais quelques heures à tuer, je me dis « Allez, je vais aller sur ma rue, je vais aller là-bas, voir ce qu'est devenu mon appart ». Et au moment précis où je rentre dans Bonsall street, qui était ma rue, je vois une énorme boule d'acier qui traverse le ciel, et qui « shlak ! », nique complètement mon appartement, l'immeuble où j'habitais. Pourquoi je suis venu ce jour-là ? De tous les jours ? J'ai assisté à la mort de mon appartement en direct."

1.2.13

FAC 1

Dernièrement, votre très chère équipe rédactionnelle est partie en week-end à Manchester. Une tonne de personnes, avant, pendant et aussi après le voyage nous ont posé cette même question : "Mais euh, pourquoi vous allez à Manchester ?" (le nom de la ville étant prononcé avec une once de dédain). Ça nous paraissait assez évident, pourtant. On partait en pèlerinage musical. Mais cette réponse-là ne semblait pas satisfaire nos interlocuteurs. On a dû lancer le mot Factory. Mais ça ne suffisait toujours pas. 

Alors si vous êtes tellement de gens à ne pas connaitre Factory Records, un des meilleurs labels qui ait jamais existé, il est de notre devoir de vous faire une playlist avec quelques groupes emblématiques de la maison mancunienne qui sorti des pépites de 1978 à sa mort circa 1992. C'est complètement non exhaustif. Si vous voulez vous renseigner davantage, on vous conseille vivement le film 24-Hour Party People qui -oh mais que vois-je ?- est disponible intégralement sur Youtube (en version espagnole ou, si vous préférez, sous-titré en polonais). Si vous avez la flemme, écoutez au moins les huit morceaux suivants tout en googlant : "Tony Wilson", "Rob Gretton", "madchester", "Peter Saville", "Martin Hannett" et "Haçienda". Bravo, vous avez une culture musicale. 


Joy Division - "Digital" 
FAC 2 (1978)
Evidemment vous connaissez Joy Division. Ça, c'est juste pour vous mettre en confiance quant à la suite de la playlist. Et ne comptez pas sur moi pour vous racontez l'histoire du groupe. C'est pas mon boulot. Vous devriez avoir fait ça depuis vos quinze ans au moins si tant est que vous vous cherchiez une quelconque crédibilité indie. "Digital" est une des premières chansons de Joy Division sous ce nom et sous l'égide du producteur Martin Hannett. Elle figure même dans la toute première sortie de Factory : A Factory Sample, une compilation éditée en 1978. 

The Durutti Column - "Sketch for Summer"
FACT 14 (1980)
Sur cette première compilation de Factory, on trouvait aussi The Durutti Column, nommés d'après un anarchiste espagnol (Buenaventura Durruti) - trop con, ils ont voulu faire une référence pointue mais se sont ratés dans l'orthographe du nom du mec. Le line-up a souvent changé et au final on a fini par accepter que Durutti Column soit le projet solo de Vini Reilly. Ce type à la trogne pas possible, ancien membre du groupe punk The Nosebleeds, est considéré par ses pairs comme un putain de guitariste. Il a aussi le mérite d'avoir fait de la musique bien différente de ce que l'on trouvait à l'époque à Manchester. Son truc, à Vini, ce sont les arrangements hyper subtils et expérimentaux, comme dans ce morceau plutôt bucolique extrait du premier album du groupe. Vini Reilly fait encore des choses aujourd'hui, dont demander de l'argent à ses fans pour pouvoir payer ses dettes. 

15.5.12

"Being at the Haçienda was like being at the French Revolution"

Début mai, le Rocking Chair remontait le temps le temps d'une soirée pleine de quinquas tout excités. Appâtées par la mention "Peter Hook" en noir sur jaune de l'affiche, nous nous sommes nous aussi précipitées à la soirée "Haçienda". Sauf que ça n'était pas terrible en fait. Du moins, pas pendant que Hook, en chemise hawaïenne, passait des tubes façon camp de ski. Un peu dépitées (non mais sérieusement mec, sérieusement?), nous nous sommes lancées dans quelques recherches, histoire de savoir comment on a bien pu en arriver là. Tentative de réponse dans cette Tisane de Mamie spéciale vieillesse ratée et fausses attentes. Ou comment des gens tout à fait respectables ont engendré David Guetta.

 THE HACIENDA 30th ANNIVERSARY TOUR
PETER HOOK, ANDREW WEATHERALL, DARREN EMERSON,

 05/05/12 @Rocking Chair, Vevey

Premièrement, avouons le illico sans honte: jusqu'à pas plus tard qu'avant l'annonce de la date au RKC, on ne savait pas précisément ce qu'était l'Haçienda. Alors pour les ignares de notre trempe, notons tout de suite que non, "Haçienda" n'est pas le nom d'un cocktail plein de feuilles de menthe qui restent coincées entre les dents. Il s'agit en fait d'un ex-club de Manchester. Un lieu mythique, fondé dans les années 80 par Tony Wilson et Rob Gretton (Factory Records) avec les thunes de New Order. Il a bouillonné jusqu'au début des années 90 avant de fermer définitivement ses portes en 1997. Pile à l'époque où je confectionnais des colliers en macaronis et des poèmes pleins de "Je t'aime" pour la fête des mères. Si l'on en croit les photos, c'était plutôt joli (le Haçienda, pas mes bricolages). Et les locaux, aujourd'hui reconvertis en parking, auraient encore des poteaux rayés (d'après ce documentaire). Mais c'est évidemment bien moins fun qu'au temps des folles rave parties.