Quand tu dis à des gens pas très au fait de l'actualité musicale (désolée pour eux) que tu vas voir Beach House, c'est toujours un peu ambigu. Mais n’allez pas croire que je ne suis pas une fille distinguée. Bien au contraire. Surtout que le duo franco-américain de Baltimore ne choque pas pour un sous et se révèle gentil et joli, tout en montrant quelques limites en live.
BEACH HOUSE
@L'Usine PTR, Genève 15/11/10
Arrivée à la salle un peu en retard, je suis d’abord étonnée par l’immense queue devant l’Usine. Tous ces élitistes, vintage et vélo assortis (je critique, mais j'ai mes ray bans vissées sur le nez) pour un groupe qui a quand même déjà sorti 3 albums - pas mal. La salle est donc blindée dès la première partie (un certain Jack November qui défend assez bien l’addition chant+guitare+folk+roux) et pourtant, c'est lundi. On se faufile tant bien que mal à l’avant dans l’espoir (vain) d’atteindre le premier rang et puis le groupe entre en scène.
"Joli" est l’adjectif qui décrit le mieux ce qui arrive alors. Sans plus, sans moins, Beach House joue comme depuis l’intérieur d’une boule à neige. C’est beau, c’est captivant, mais on se contente d’observer sans beaucoup bouger. D’ailleurs, ce qu’on voit fait beaucoup penser à un Tumblr en 3D : des triangles qui s’illuminent rose/vert/blanc/bleu, un legging à paillettes et une veste ceintrée pour Victoria, crinière bouclée de BG pour Alex, il ne manque que les étoiles... qui ne tardent pas à apparaître pendant "Norway", sur le fond noir et diodé de la scène.
Mais ce qui nous intéresse surtout est la musique assez particulière du groupe, qui repose en grande partie sur la voix de Victoria Legrand. Laquelle, un peu grave, un chouilla voilée (le genre qui rend ses respirations sexy) semblerait surement plate sans les arrangements d’Alex et comparses, disséminés sur la scène. En tout cas, c'est l'impression qu'on à la fin du concert, quand tous leurs morceaux se sont bien mélangés dans la tête et qu'on n'arrive plus à savoir si "Zebra" est passé avant ou après "10 Miles Stereo". Quoi qu'il en soit, leur pop vaporeuse et mélancolique a mis en transe au moins une partie du public, laquelle, à forte majorité masculine, crie à qui mieux mieux "I love you Victoria!" en tendant les bras. Et ils ont raison parce que Victoria pue la classe. Un peu trop consciente du phénomène d'ailleurs, elle secoue sa crinière bouclée et se cache derrière une frange qui fait certes, stylé, mais qui accentue encore plus l'espèce de paroi verglacée qui met une distance entre nous et le groupe.
Dans l'ensemble j'aurais aimé être un peu plus transportée par leurs balades oniriques. Ici, j'ai l'impression que le "paraître" prend trop d'importance sur la musique. Ce qui est bien dommage quand on repense aux bons moments passés à écouter "Teen Dreams", emmitouflée bien au chaud sous une couette avec un thé. D'ailleurs, j'y retourne tout de suite. Bisous.