L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S

8.2.11

B-B-B-Bertie

S'appeler "TEA" suppute forcément un certain intérêt pour tout ce qui est anglais, et donc par extension pour la famille royale britannique. Il est donc tout à fait normal que Le Discours d'un Roi (The King's Speech) nous ait fait de l'oeil.

THE KING'S SPEECH
de Tom Hooper

Un film sur un monarque certes, mais qui relate un épisode bien méconnu : le bégaiement du roi-malgré-lui George VI  (pour situer le bonhomme plus clairement, c'était le père de cette chère Elizabeth II) à l'aube de la Seconde Guerre Mondiale, et comment celui-ci a réussi à être soigné grâce à un Australien spécialiste en élocution et aux méthodes peu orthodoxes, Lionel Logue. De cette histoire plutôt anecdotique, le réalisateur Tom Hooper, plutôt habitué à la télévision, arrive à tirer deux heures de pellicule où l'on ne s'ennuie même pas. 

Le Discours d'un Roi a tout du film historique classique : un traitement plutôt fidèle à la réalité passée, des costumes d'époque, des décors soignés, et une musique elle aussi des plus classiques. Et pourtant, ce film est franchement séduisant. 

Vous l'aurez deviné, cette réussite est en grande partie attribuable aux acteurs. Colin Firth, dans le rôle de B-B-B-Bertie (George VI donc) est extrêmement touchant et juste. Sa prestation n'égale certes pas celle d'A Single Man, mais justifie amplement le Golden Globe qu'il vient de recevoir. Face à lui, Geoffrey Rush campe un Lionel Logue aussi original que sympathique, un homme bienfaisant, comédien raté et super papa. Helena Bonham Carter prend un sacré coup de vieux mais fait une Reine Mère et épouse convaincante, et Guy Pearce fait très bien le frère aîné antipathique qui délaisse son pays pour une Américaine tout aussi déplaisante. Même Churchill est chouette, et ça donne un casting sans faute. Le seul bémol est peut être la représentation trop manichéenne des personnages. 

Le charme de ce long-métrage vient aussi du fait qu'il est typiquement british, sans grandes fioritures, avec un humour fin et discret, et une certaine élégance. Le genre de film qui nous fait regretter de ne pas être né de l'autre côté de la Manche. 

Les détracteurs vous diront que Le Discours d'un Roi est trop académique, qu'il est juste taillé pour les Oscars (où il est nominé pas moins de douze fois), et qu'il passe sous silence des éléments importants comme les enjeux politiques du Royaume-Uni aux portes d'un second conflit mondial et le personnage de Churchill (relégué à l'arrière plan). C'est vrai, mais le choix de Tom Hooper était de se concentrer sur le roi bègue et seulement sur celui-ci, et à ce niveau, il a vraiment réussi son coup. D'après The Sun, Lilibeth a été très touchée par ce portrait "très émouvant" de son père, elle a de quoi.