L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S

18.11.11

"I'm walking with Jesus and life is so great"

Ca commence avec des hurlements affreux, cinématographiques, histoire de bien te mettre en confiance. Un peu plus on croirait Screaming Lord Sutch. Mais non, The Awkwards sont beaucoup plus pressés de te faire swinger. Et leur album, paru au début du mois, est bien chouette dans le genre guitare-chant strident-groove disco-zouk punk (oui oui). A découvrir sur scène également - lors d'un festival suisse pluvieux ou bien à Los Angeles.

THE AWKWARDS
Millenium Castle

Comme une pellée d'autres, les Awkwards sont originaires de Vevey. Et depuis quelques années, ils ont enchaîné les concerts histoire de se faire un petit nom dans la région et au delà. Avec pour seul bagage deux démos quasi confidentielles et un clip mettant en scène une espèce de lampe boule en papier mutante, ils se sont notamment produits à Berlin et à Paris. A la rentrée, ils ont même fait une mini-tournée Outre-Atlantique. Elle n'a pas fait un buzz digne de celle de La Femme, mais leur a permis de se faire remarquer par un ou deux blogs un peu perplexes devant cet ouragan sautillant. Bref, jouissant d'une certaine réputation, il était plus que grand temps que la bande se fende d'un album. D'où Millenium Castle.

On y retrouve les jeunes brigands pas fatigués pour un sou par le passage au studio, décrit comme une "épreuve" par le communiqué. L'enregistrement aurait en effet profondément modifié l'approche  des musiciens et mûri les compos. Normal. Mais fort heureusement, on s'en tire avec un version 2.0 dans laquelle la fougue n'a pas pâli. Les trois premiers titres ("Rat Kids", "Blanket" et "Falcon") par exemple, tombent comme une rafale et assènent des tapes que nos hanches ne sauraient ignorer. Par la suite, la cadence varie, le chant se fait plus contrasté - parfois à la limite du parlé/scandé - et on a même des plages sombres et à peine envoûtantes à donner des frissons ("Fighting Love" - également en version 1.0.Ghetto sur notre premier 8tracks). D'ailleurs, un des meilleurs moments de l'album repose sur un de ces changements d'ambiance parfaitement maîtrisés: quand "Epic Stalion" (à l'intro un tantinet "New Ice Age", au chant à peine lynchien) passe à la joyeuse ritournelle "Foghorn" pop comme il faut, on a juste envie d'embrasser le monde entier.



D'un bout à l'autre Millenium Castle transpire. Il n'est manifestement pas fait pour chiller. Au contraire, parfait pour pousser des ciclées, il a aussi ses côtés obscurs sans pour autant être oppressant. Ni kitsch d'ailleurs. Et si l'on ne comprend pas toujours ce qu'ils baragouinent (ou hurlent), le dernier titre "Super Fun Time" a le mérite d'être clair. Sorte d'hymne chrétien pour Eglise libre en mal de sensations ("I'm walking with Jesus and life is so great") il parle de lessive manquée et surtout de voyages en Chine et en Argentine (ce qui n'est pas sans rappeler les "vacances en Algérie" proclamées par Soirée Chasse, un autre groupe du batteur). Des consonances exotiques qu'on retrouve dans quelques arrangements et aussi sous la forme d'un ananas semblable à celui des Casiokids ornant le synthé ci-dessous:


En deux mots, Millenium Castle des Awkwards est vraiment super. Livré par une bande de joyeux drilles mélodistes et enragés, il impose le groupe dans les salons avec la même efficacité qu'il s'érige en concert. On pense parfois aux Rapture (auxquels ils sont sempiternellement comparés, pardon d'insister). Mais expérience faite, ces Suisses là sont plus cools en live que les New Yorkais (en terre vaudoise du moins). Oui oui oui.