ITW MISTERY JETS
Les Mystery Jets sont de ces groupes qu'on aime avec tendresse. Et les interviewer ne fait que renforcer nos sentiments. Nous leur offrons une bouteille de Bordeaux, ils sont navrés de n'avoir que des Smarties à nous donner. Ils passent trois quarts d'heure avec nous alors que seulement 20 minutes nous étaient accordées. Ils sourient tout le temps. Kai n'est pas là et Blaine s'excuse en français, il n'a plus de voix, "J'ai un rhume", et reste dans les loges, se retournant pour nous regarder en souriant de temps à autre. Kapil mange une salade, et avec William, ils forment une sacrée paire de bavards. Cela permet d'apprendre par exemple qu'ils considèrent leur premier album comme de la merde, que Blaine voulait être astronaute, que Kapil a pleuré à la fin d'Armageddon, que leur prochain disque sera plus rock, qu'un Patrick Wolf ivre a envahit la scène lors d'un de leurs concerts, et qu'ils aimeraient bien tourner en France avec les Maccabees.
TEA : Alors, heureux à l’idée de jouer en France ?
William (guitare, chant) : Oui ! On aime la France. On a passé beaucoup de temps en Dordogne. La mère de Blaine vit là-bas. En fait on est un peu un Dordogne band.
C’est vrai que vous avez confondu Grenoble et Tchernobyl ? (cf cet article)
W : Euh... En fait je savais pas que Tchernobyl était Tchernobyl, je savais juste qu’il y avait un truc nucléaire qui s’était passé. (rires) Et quand j’ai vu le nom Grenoble, j'ai pensé Tchernobyl...
En France, on ne prononce pas du tout de la même façon "Grenoble" et "Tchernobyl", donc on trouve ça drôle que vous ayez confondu...
W : Ah d’accord, c’est complètement différent. Enfin peut être pas complètement... Mais en anglais, ça se ressemble assez...
Comment vous êtes vous rencontrés ? Will et Blaine, vous vous connaissiez depuis longtemps non ?
W : Ouais, depuis 1992, on était assez jeunes. Le père de Blaine nous a fait faire de la musique assez tôt. Et puis on a rencontré Kai vers 14-15 ans, et peu après, ça... (il désigne Kapil assis à côté de lui) On est un groupe qui se connait depuis des années.
Vous écrivez un blog, c’est important pour vous ?
Kapil (batterie): Comme Bon Jovi !
W : Bon Jovi a un chouette blog !
K : Vraiment ?
W : Bloguer c’est, je ne sais pas... Un moyen sympa d’échanger des choses, comme Tchernobyl par exemple.
Et l’article sur la merde d’oiseau aussi...
W : La merde d’oiseau ? Oh ouais... En fait, c’est juste bête, pour s’amuser. Ce sont des choses qui arrivent dans la vie, ça peut être la musique aussi, les endroits où nous allons... C’est pour dire où nous sommes et ce que nous faisons. Il y a des blogs qui ne parlent que de musique. Moi je pense que le reste compte aussi. Comme les merdes d’oiseaux par exemple.
Et votre prochain album, ça va être L’Album de l’année ?
K : Ouais !
W : Je ne sais pas. Nous on l’aime. On a beaucoup bossé dessus. On aimerait que les gens l’aiment. Mais les ventes de disques, tout ça, c’est complexe. Vous connaissez the XX ? Tout le monde a adoré leur album, qui est très bien. Alors qu’au début personne n’avait beaucoup misé d’argent sur eux.
Et le disque sera-t-il différent de Twenty One ?
W : Ouais, très différent. Ca sera plus rock. Plus comme ça (il mime un solo de guitare électrique)
Vous allez faire du hard rock...
K : Ouais.
W : C’est pour ça que Blaine ne peut plus parler, il a trop crié. (rires) L’album sera un peu cinématographique. C’est plus grand, plus comme des paysages. Il y aura davantage la notion d’espace. Une sorte de voyage, je pense. Tu vois, des pays comme l’Australie ou le Mexique. Ca sera assez lourd. Pas au sens péjoratif du terme. Plutôt comme, tu vois, être.
Comment sera t-il appelé ?
W : On sait pas. (il prend la bouteille de Bordeaux et lit l’étiquette) Supérieur !
K : Ouais, Supérieur !
W : C’est difficile d’appeler la musique. C’est stupide un peu de lui donner des noms. Je ne sais pas...
K : On n’aime pas trop parler de la musique.
Et l’album sortira quand ?
K : Mai.
W : On espère. Avant il y aura un single. Mais on le cherche encore. Le premier single. Il faut qu’on l’aie pour que l’album sorte...
Et l’amour ne sera pas le sujet majeur de cet album, comme il l’a été pour Twenty One ?
W : L’amour est encore un sujet, mais ce n’est pas évoqué d’une façon aussi explicite. Notre dernier album parlait beaucoup d’amour, "Young Love", Ou "Two dors down I think I’m in love" L’amour était un fil conducteur. Maintenant, l’amour est plus en arrière plan. Il est encore là, mais c’est un sous-thème. Il y a cette chanson appelée "Lorna Doone", qui est basée sur l’histoire de Lorna Doone. Vous connaissez Lorna Doone ? C’est l’histoire d’une femme au XVIIè siècle, elle tombe amoureuse de ce gars, alors elle s’échappe de sa maison... Et la chanson "Lorna Doone" est basée sur ça. Ce n’est pas forcément une chanson d’amour. Dans le dernier album, l’amour était au premier plan, maintenant, c’est une perspective différente.
Vos chansons ont donc changé depuis Twenty One, et vous, en tant que personnes, vous avez changé ?
K : Ouais.
W : Maintenant je ne confonds plus Grenoble et Tchernobyl.
K : Kai dort plus.
W : On a grandi.
Vous avez donné des concerts à Berlin sous le pseudonyme de Crystal Wolf Hunters, ou Fighters, qui a eu cette idée ?
W : Beaucoup de nos musiciens préférés ont une relation particulière avec Berlin.
K : The Birthday Party...
W : Donc on se disait qu’en tant que groupe, on devait y aller. Et après le deuxième album, on avait huit nouvelles chansons, donc on a été à Berlin, on a changé nos noms, on était comme masqués. Comme on n’était pas sous notre vrai nom, nous pouvions faire ce que nous voulions, c’était ça l’idée.
Et les Berlinois vous ont quand même reconnus ?
W : Je pense que certains nous ont reconnu.
K : On faisait des reprises de nos propres chansons, on reprenait les Mystery Jets... Mais en même temps on jouait vraiment dans de petits pubs. Le dernier jour, tous nos amis sont venus.
W : C’était vraiment sympa de faire ça.
Ca fait quoi de tourner avec les Arctic Monkeys ? Vous les connaissiez avant ?
K : Ouais.
W : On les a rencontrés quand ils ont sorti leur premier album, ça devait être en 2006. Vous connaissez le NME tour ? On l’a fait ensemble, avec aussi Maximo Park et We Are Scientists. On s’est rencontrés là bas. Ce sont vraiment des gens biens. Et ils ont vraiment le sens de la musique. C’est vraiment des supers mecs. C’est cool de tourner avec eux.
Quand vous jouez en France, c’est toujours ou presque pour faire la première partie d’un gros groupe. Est-ce que vous allez faire une tournée où vous serez les têtes d’affiche et jouerez dans des clubs ?
W : Ouais. On a eu une idée. Vous connaissez les Maccabees ? Vous les aimez ?
Oui.
W : Bien ! On pense faire une tournée ensemble en Europe. Donc on jouerait dans des pays comme la France, l’Allemagne, mais aussi j’aimerais bien faire la Pologne, la Hongrie, l’Ukraine, la Roumanie, la Transylvanie...
K : Les Editors ont joué en Europe de l’Est, et ils ont dit qu’il y avait un bon public. Oh, et la Russie...
Donc vous retournerez en France.
W : C’est sûr. On aime la France.
Quel est le pire concert que vous ayez joué ?
(ils réfléchissent)
K : Pire concert... On en a joué un il y a des années, tu sais, Patrick Wolf.
W : Oh ouais ! On faisait un concert dans l’East End, et il y avait Patrick Wolf dans le public. Et il était complètement bourré. Et à un moment il est monté sur scène, a pris mon micro et a chanté. Et il était vraiment vraiment bourré. Et tout le monde le connaissait. On ne savait pas trop quoi faire. Il chantait...
K : Non, il criait.
Si vous étiez une femme célèbre, qui seriez vous ?
W : Mona Lisa ?
K : Beth Ditto ? C’en est une bonne.
W : Oh ! Carla Bruni ! (il prononce Brounaï) (rires)
Si vous n’étiez pas les Mystery Jets, que feriez vous de votre vie ?
W : Je suppose que j’étudierais. J’ai un peu étudié avant de faire les Mystery Jets donc... Oh, Kapil avait un super job, il bossait dans un magasin de vêtements.
K : Non ! C’est sûrement les pires années de ma vie !
W : Il ment, il adorait ça !
K : Non !
W : Il adorait. "Oh ! Laissez moi prendre vos mesures !" (il mime)
K : C’était terrible. Rien ne se passait. Heureusement qu’il y a eu le groupe.
W : Faire les vêtements c’était son premier choix, le groupe n’arrivait qu’en deuxième position. C’était ton plus grand rêve, de devenir gérant d’une boutique. Et puis tu pouvais regarder dans les cabines d’essayage.
Et quand vous étiez petits, que rêviez-vous de faire ?
W : Blaine voulait être un astronaute. Il voulait être comme dans Armageddon. On a vu le film.
K : Tu as pleuré à la fin ?
W : Non.
K : Moi j’ai pleuré.
W : Je trouvais que c’était un bon film. Mais Blaine voulait vraiment être un putain d’astronaute. Il le pensait vraiment. Je lui disais on fait un groupe mec, et lui disait "Non, je veux être astronaute". Il était vraiment sérieux. Pour s’entraîner, il marchait comme ça (il mime la démarche d’un astronaute sur la lune).
Vous auriez des endroits cools à Londres à nous conseiller ?
W : Tu veux dire, pour boire ? Il y a un super pub où vous devriez aller, ça s’appelle le Stags Head. C’est à Dalston, tu connais Dalston ? Donc tu prends la rue principale de Shoreditch, toute cette longue route, et à la fin, il y a une station. Entre Shoreditch et cette station, il y a un bar, qui s’appelle The Russian, et qui est bien aussi, et une rue après ce bar, il y a le Stags Head.
Vous connaissez des groupes français ?
Blaine (chant, claviers, percussions) : (criant, derrière nous) The Dodoz !
On les as interviewé il y a deux semaines et ils nous ont parlé de vous.
B : Yep. On les voit demain.
Et Jules a dit que tu étais très sympa.
W : Il a menti !
B : Je les aime beaucoup. Écoutez leur musique, ils sont fantastiques.
Notre fanzine s’appelle TEA, est-ce que vous aimer le thé ?
W : J’adore ça, j’adore vraiment ça.
K : Tu as déjà bu du thé indien ?
Oui.
K : (ses yeux s’illuminent) Vraiment ? Où ça ? Tu as aimé ? C’est vraiment fort hein ?
W : Moi j’aime le redbush. Il y a du paprika.
(S’ensuit une conversation enflammée sur le thé où ils parlent d’une dizaine de variétés différentes avec passion)
Wow, vous êtes des spécialistes.
Et pour ce qui est d’une blague, ils n’en ont pas et nous autorisent donc à écrire sur TEA que les Mystery Jets ne sont pas drôles. Ensuite, nous examinons avec attention l’étrange mixture que Blaine se fait. Puis leur demandons s’ils ont ou vont visiter Bordeaux "Oui, nous sommes déjà allés à la boulangerie". On termine en leur demandant quel album vont ils jouer le plus le soir au concert. Aucune du premier album.
Vous n’aimez plus votre premier album ?
Les deux (en hochant la tête) : non.
K : C’est de la merde. Ca fait longtemps qu’on l’a fait. On ne l’aime plus du tout.
W : Ouais, c’est vraiment de la merde.
Half in love with the Mystery Jets ? Plus qu'half même.