Un jour pas si lointain, on m'a dit qu'il y avait un type, plus ou moins génie de la musique, qui était mort et que tout le monde s'en foutait. Ma passion pour les causes perdues a fait le reste, j'ai aussitôt décidé de découvrir l'oeuvre de Jacno, en cherchant non sans difficulté toute sa discographie sur internet (et sachez qu'on ne trouve pas tout). Ca m'a occupée un temps, et puis j'ai complètement oublié pendant des mois. Mais cette semaine est sorti Jacno Future, un album-hommage où des artistes reprennent des morceaux de Denis Quilliard aka Jacno, plus d'un an après qu'il soit décédé d'un cancer, en novembre 2009, à 52 ans.
Pour être honnête, je m'en fous un peu de ce disque (qui d'ailleurs a une jolie pochette signée Castelbajac, ami de Jacno), mais il a le mérite de rappeler l'existence de feu l'artiste, trop vite enterré, et c'est peut être sa dernière chance pour qu'il bénéficie enfin d'une reconnaissance plus populaire. Au générique de Jacno Future, des proches et des moins proches, des vieux (Etienne Daho, Jacques Higelin, Miossec, Christophe, Brigitte Fontaine...) et des plus jeunes (Chateau Marmont, Coming Soon, Thomas Dutronc, Benjamin Biolay...), un milkshake pour montrer que Jacno peut toucher plein de gens différents, surement. Toute cette petite bande reprend des morceaux allant des débuts (The Stinky Toys, un des premiers groupes de punk en France) à ses albums solos (le dernier, Tant de Temps, est sorti en 2006) en passant évidemment par l'aventure Elli Medeiros.
C'est bien cette période là que je préfère, celle du couple Elli & Jacno, de 1979 à 1984. A l'époque Jacno s'occupait de la musique (des synthétiseurs surtout), minimaliste au possible, pendant que sa copine écrivait et chantait des paroles assez simplistes et parlant souvent d'amour. J'aime bien regarder leurs vidéos, avec au premier plan Elli et son air de peste, mais qui danse drôlement bien, et un peu en retrait, Jacno à l'allure de dandy, qui joue d'un instrument. Ils ont fait trois albums, assez inégaux (à la fin Elli est très agaçante), mais le dernier, Les Nuits de la pleine Lune, composé pour le film d'Eric Rohmer du même nom, est sûrement le mieux.
Mais le plus gros succès commercial de Jacno, c'est une chanson instrumentale, "Rectangle", une espèce de Kraftwerk joyeux qui a été choisie pour une publicité Nesquik.
Jacno a aussi été un producteur important, travaillant avec Lio (qui reprend la chanson "Amoureux Solitaires" des Stinky Toys et en fait un méga tube), Etienne Daho (pour son premier album, Mythomane), Jacques Higelin, Daniel Darc...
Après la séparation avec Elli, Jacno s'est lancé dans une carrière solo, sortant six albums. Mais la chanson française, ce n'est pas vraiment mon truc.
Concernant les reprises sur Jacno Future, je reste perplexe face aux louanges que les médias portent à cet album. Dominique A transforme "Je T'Aime Tant" en une grosse soupe insipide, Katerine rend "Rectange" encore plus dingo, Chateau Marmont revisite "Main Dans La Main" dans une version vocodée sympa mais sans plus, Etienne Daho chante bien sur "Amoureux Solitaires" mais la grosse électro rentre-dedans qui l'accompagne est quand même too much. D'ailleurs, concernant ce titre, Daho est accompagné par la fille d'Elli et Jacno, Calypso, et on a invité des gens bien à remixer le morceau (Yan Wagner entre autres). Et les autres chansons ont à peine retenu mon attention. L'idée était bonne et louable, mais je retourne écouter les originaux, salut.