BAD BONN KILBI
26, 27, 28 mai 2011
Après avoir bien aimé la première soirée, je suis repartie pour deux nouvelles journées de festival à Düdingen. J'y ai trouvé quelques supercalifragilisticexpialidocious concerts et fait des rencontres rigolotes tout en oubliant de dormir, ce qui peut avoir ses conséquences. Second volet des aventures de TEA au Kilbi, sans chat pour cette fois.
VENDREDI// "Gonjasufi, petit zizi. Caribou, gros matou."
Retour dans l'arène avec de gros nuages gris, ça caille un peu. Encore une fois, je rate honteusement le truc à voir : Julianna Barwick. Mais j'ai une excuse valable : j'ai loupé mon train à cause de la "Fête de Pérolles" (un rassemblement de cavaliers endimanchés qui empêche tout le monde d'atteindre la gare). Grosse haine pour bien commencer la soirée, check. Mais heureusement, ça a plutôt tendance à s'améliorer par la suite avec notamment Akron/Family sur la grande scène. Les deux barbus et le batteur servent un répertoire assez trippé à inspiration ethnique qui passe moyen en CD mais qui, en live, fait bien plaisir. Après, on est peut-être pas 100% convaincues par les chorégraphies que le chanteur tient absolument à nous faire faire mais au fond, l'humour et la bonne humeur du groupe sont plutôt contagieux. Mention aussi aux changements de rythmes inopinés qui ponctuent leurs compositions (et sans lesquelles on s'ennuierait, très probablement).
Bâtonnets de carotte et Blévitas.
Arrive ensuite l'heure des Crystal Fighters, pathétiques. Depuis leur prestation un peu simpliste à la Superette il y a deux ans, ils ont gagné en membres et en cheveux mais si le concert à la Case à Choc passait encore tellement c'était brouillon/punk, ici, c'est juste horrible. Des pseudo-tubes incarnés par un chanteur tellement pété qu'il voit même plus ses pieds. J'ai préféré passer mon chemin et grignoter des carottes en attendant la suite soit The Tallest Man On Earth qui déçoit aussi. Alors qu'il avait cassé la baraque au Fri-Son cet hiver, il fait juste figure d'un song-writer romantique mou du genou là. Vient Gonjasufi que beaucoup attendaient au tournant. Mais encore une fois, grosse déception. Alors que la bombe "A Sufi And A Killer" laissait présager un concert d'enfer, on se retrouve avec un groupe de musiciens prétentieux et un Gonjasufi acariâtre qui insulte le technicien pendant vingt bonnes minutes alors que ce dernier a visiblement fait de son mieux pour tenter de palier les problèmes de son récurrents de la B-Side. Une fois n'est pas coutume, on va largement préférer le disque que la bande semble malheureusement bien incapable de rendre en live.
Caribou-chats.
Heureusement, la donne change dès le concert suivant, Caribou, qui confirme une fois de plus une incroyable maîtrise de la scène. De jour comme de nuit, en salle comme en festival, le groupe laisse à chaque fois une empreinte indélébile. Enorme concert et énorme soulagement après les lives plutôt bofs du début de soirée. "Odessa" "Bowls" et "Sun" finissent de nous réconcilier avec la vie, pour le meilleur. Car tout de suite après, je découvre Darkstar et c'est le gros love. L'album ne m'avait pourtant pas tant plu. Mais là, c'est juste énorme et prenant, une espèce de dub ralenti et planant incarné à la perfection par un guest-chanteur qui a bien le look de l'emploi : gros rideau capillaire et hochements du chef. Gros coup de coeur de la soirée qui se termine avec les suisses-allemands Kalabrese & Rumpelorchester pas très convaincants (je préfère boire mes premiers "Kaffee-Lutz" pendant ce temps) et enfin, des tubes rockabilly sur lesquels je danserais bien jusqu'au bout de la nuit. Boom boom boom boom.
SAMEDI// Saxo vs Electro
L'ultime journée commençait tôt avec Monoski, derniers poulains sortis de l'admirable écurie Rowboat. Ils ont tout cassé, ça envoyait du bois de chauffage et du pâté. Un bon rock noise bien lourd pour se mettre en jambe sous le soleil de plomb. Après ça, Suuns (ça se prononce "souns" en fait) semblaient creux, tout l'inverse de leur chouette album "Zeroes QC". Je pars donc me balader et là je tombe sur un allemand rigolo qui ne fait pas de musique mais avec qui je passe tout de même pas mal de temps. C'est intéressant parce que :
1. Il est assez représentatif du type de personnes qui fréquentent le Kilbi : des passionnés, des habitués et des hipsters (aight, je suis dans mon élément). En raison de l'exiguïté de l'endroit, tout le monde a un peu l'impression d'être privilégié.
2. Il est allemand. Du coup, logiquement, on a parlé allemand. Ca ne semble pas trop extraordinaire au vu de la situation géographique (on est en plein sur le röstigraben) mais c'est quand même remarquable à quel point suisses-allemands et romands se mélangent bien au Kilbi.
3. Véritable cliché du vieux punk amateur d'underground il m'aborde d'abord parce qu'il croit m'avoir déjà vue dans un squatt zurichois. Et puis il est gentil et vénère le Kilbi entre autres parce qu'il figure parmi les sélections du magazine Wire, et trouve ça fou que je connaisse Wire d'ailleurs.
4. Il adore tout ces groupes expérimentaux que l'on a la chance de découvrir dans le festival. En outre, il exprime assez bien la galère dans laquelle je suis: "c'est difficile de décrire tout ce qu'on voit ici, il y a plein de groupes bizarres qui mélangent plein de trucs improbables." (Ca peut sembler prétentieux et pourtant il a raison).
Et puis au bout d'un moment Broken.Heart.Collector débutent sur la B-Side alors je le perds de vue pour me retrouver face à un exemple typique de ces espèces d'ovnis indescriptibles : une bande d'autrichiens multi-instrumentistes avec un gros stock d'idées spéciales. L'ensemble est assez cool (surtout le saxo basse qui remplace avantageusement tous les petits bidouillages que peut fournir l'électronique) mais au bout d'un moment, c'en est juste trop. Malaise ou lassitude je ne fais pas trop la différence et cours me réfugier vers la grande scène où Anika entonne déjà "Terry".
Bombe trip-hop.
Qu'on se le dise, Anika en concert, c'est un peu comme écouter "Anika" avec une très bonne sono. C'est cool et t'as envie de te coucher pour planer tranquillement. Problème : tu es en face de Beak> et de la jolie Anika, ce n'est donc pas vraiment le moment de t'imaginer dans ton lit. Mais au fond, t'y serais pas plus mal tellement la jeune femme ne semble pas vraiment heureuse d'être là. Elle sort même de scène avant que les musiciens n'achèvent le dernier morceau. Enfin, on pourra dire que ce n'est rien comparé au guitariste désoeuvré qui a passé au moins dix minutes à faire des sudokus en plein milieu du concert. Mais son cas est plutôt rigolo. Un peu sur ma faim, je me dirige donc rapidement vers le Bad Bonn, où résonnent déjà les premières basses de Feldermelder.
1. Il est assez représentatif du type de personnes qui fréquentent le Kilbi : des passionnés, des habitués et des hipsters (aight, je suis dans mon élément). En raison de l'exiguïté de l'endroit, tout le monde a un peu l'impression d'être privilégié.
2. Il est allemand. Du coup, logiquement, on a parlé allemand. Ca ne semble pas trop extraordinaire au vu de la situation géographique (on est en plein sur le röstigraben) mais c'est quand même remarquable à quel point suisses-allemands et romands se mélangent bien au Kilbi.
3. Véritable cliché du vieux punk amateur d'underground il m'aborde d'abord parce qu'il croit m'avoir déjà vue dans un squatt zurichois. Et puis il est gentil et vénère le Kilbi entre autres parce qu'il figure parmi les sélections du magazine Wire, et trouve ça fou que je connaisse Wire d'ailleurs.
4. Il adore tout ces groupes expérimentaux que l'on a la chance de découvrir dans le festival. En outre, il exprime assez bien la galère dans laquelle je suis: "c'est difficile de décrire tout ce qu'on voit ici, il y a plein de groupes bizarres qui mélangent plein de trucs improbables." (Ca peut sembler prétentieux et pourtant il a raison).
Et puis au bout d'un moment Broken.Heart.Collector débutent sur la B-Side alors je le perds de vue pour me retrouver face à un exemple typique de ces espèces d'ovnis indescriptibles : une bande d'autrichiens multi-instrumentistes avec un gros stock d'idées spéciales. L'ensemble est assez cool (surtout le saxo basse qui remplace avantageusement tous les petits bidouillages que peut fournir l'électronique) mais au bout d'un moment, c'en est juste trop. Malaise ou lassitude je ne fais pas trop la différence et cours me réfugier vers la grande scène où Anika entonne déjà "Terry".
Bombe trip-hop.
Qu'on se le dise, Anika en concert, c'est un peu comme écouter "Anika" avec une très bonne sono. C'est cool et t'as envie de te coucher pour planer tranquillement. Problème : tu es en face de Beak> et de la jolie Anika, ce n'est donc pas vraiment le moment de t'imaginer dans ton lit. Mais au fond, t'y serais pas plus mal tellement la jeune femme ne semble pas vraiment heureuse d'être là. Elle sort même de scène avant que les musiciens n'achèvent le dernier morceau. Enfin, on pourra dire que ce n'est rien comparé au guitariste désoeuvré qui a passé au moins dix minutes à faire des sudokus en plein milieu du concert. Mais son cas est plutôt rigolo. Un peu sur ma faim, je me dirige donc rapidement vers le Bad Bonn, où résonnent déjà les premières basses de Feldermelder.
La Suisse haut niveau.
Je l'avais déjà raté à plusieurs reprises, c'est désormais réparé : j'ai vu le suisse Feldermelder en live et c'était juste dément. Pourtant, on pourrait penser que son électro expérimentale passerait loin au dessus des têtes. Trop pas. C'est finalement très terre-à-terre, te prenant au ventre tout en ne cessant de captiver avec plein de bidouillages inventifs. En bonus, les visuels de Fichtre complètent admirablement l'ensemble. Autant dire qu'on était bien servis. La preuve qu'en suisse, il y a de chouettes trucs qui se passent dans l'univers analogique. Citons pour l'exemple Buvette, également aperçu dans l'après-midi et toujours aussi top.
Le spasme de la mort.
Viennent ensuite les ricains The Walkmen qu'on attendait de pied ferme. Malheureusement, bien que très chouettes au début, j'ai fini totalement désenchantée tellement ça m'a paru long. Mais il faut dire aussi que c'est le moment qu'ont choisi mes jambes pour me lâcher, frétillant de façon incontrôlée et douloureuse. Etant dès lors condamnée à m'asseoir j'étais pas trop top condition pour profiter vraiment de Battles. Mais ce que j'en ai vu a déjà suffi à m'enthousiasmer en vue des Eurockéennes. En effet, le groupe, en passe de sortir son deuxième album, bien qu'amputé d'un membre, n'a rien perdu de son punch et "Ice Cream" par exemple, en est une parfaite illustration.
Bombe nucléaire.
Pas très apte à m'ébrouer sur le set de DJ Fett, je suis rentrée à peine les accords de Battles évaporés (en même temps, le rappel était moyen alors je ne ratais rien). Et c'était même chouette parce que le parking où l'on attend les navettes s'avère un lieu de rencontres inopinées. Pour exemple, on retiendra ce garçon pas très frais et hilare qui, après s'être montré très, très lourd en drague, gratifia un petit public de badauds d'une excellent imitation d'explosion atomique (meurtre du petit cycliste innocent compris), avant de repartir en chantonnant sans relâche la même portion de "Brother Sport" d'Animal Collective ("open up your, open up your, open up your,..."). Un dernier petit rebondissement pour clore avec le sourire ce Kilbi 2011 tout en se disant que l'année prochaine, on ira peut-être quand même au camping.
Bombe nucléaire.
Pas très apte à m'ébrouer sur le set de DJ Fett, je suis rentrée à peine les accords de Battles évaporés (en même temps, le rappel était moyen alors je ne ratais rien). Et c'était même chouette parce que le parking où l'on attend les navettes s'avère un lieu de rencontres inopinées. Pour exemple, on retiendra ce garçon pas très frais et hilare qui, après s'être montré très, très lourd en drague, gratifia un petit public de badauds d'une excellent imitation d'explosion atomique (meurtre du petit cycliste innocent compris), avant de repartir en chantonnant sans relâche la même portion de "Brother Sport" d'Animal Collective ("open up your, open up your, open up your,..."). Un dernier petit rebondissement pour clore avec le sourire ce Kilbi 2011 tout en se disant que l'année prochaine, on ira peut-être quand même au camping.