[Guest: Sophie (We Find Wildness)]
Explorer une installation de Rudy Decelière, cʼest inévitablement se retrouver dans lʼintimité de sons, parfois inaudibles, souvent discrets, dʼapparences faibles et parfois inquiétants. Mais plus qu’un résultat ‘musical’, c’est l’expérience de l’écoute en rapport avec le temps et l’espace que Rudy Decelière partage à travers son travail.
Pour sa récente exposition à lʼAbbatiale de Bellelay, Decelière est parti dʼun petit élément, pas plus grand quʼune chips, quʼil a suspendu au plafond de lʼAbbatiale (17 mètres de hauteur). Ces petites chips qui sont en fait des feuilles de monnaie-du-pape séchées diffusent un son, ou plutôt une infime vibration qui est reproduit à lʼidentique plus dʼun millier de fois (1122 exactement). Chaque élément a sa propre fréquence de résonance liée à son poids, sa taille et sa forme. Ce qui fait que même si chacune reçoit les mêmes impulsions et le même courant sonore, chacune réagit différemment.
En résulte, des grésillements sourds qui émergent aléatoirement via ces milliers de fils en cuivre suspendus dans un quadrillage dʼune grande précision: dispositif fragile, vulnérable, dans lequel le visiteur tend l’oreille silencieusement afin de ne pas masquer les quelques détails encore audibles. Chaque auditeur-visiteur se retrouve naturellement enveloppé par un flux acoustique, et traverse l’installation immergé dans ses propres perceptions, transcendant ainsi les limites de l'espace d'exposition.
Entre complexité et simplicité, cette installation spécifique intitulée ʻAllotopies I, II & IIIʼ submerge lʼAbbatiale dans une tension harmonique retentissant tel un paysage sonore, et sature visuellement le vide par ces petites balises translucides semblable à des lointaines étoiles qui ne sʼoffrent aux regards que dans une échappée ou grâce à un rayon lumineux. Lʼexpérience visuelle est troublante, lʼimmersion acoustique totale.
ʻAllotopies I, II & IIIʼ par Rudy Decelière est à découvrir à lʼAbbatiale de Bellelay jusquʼau 16 september 2012.
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Je viens dʼun village où les cimes des sapins touchent le ciel, où les champignons tergiversent sur fond de mousse verte acide. Paraît même quʼil y a des orchidées plutôt sauvages qui ne demandent quʼà être vues. Lʼair y est élastique. Le temps à rallonge.
Pour moi, maintenant, les chats sont des gifs animés errants de sites en sites. Les fleurs amassent des millions de pixels qui font exploser la taille des fichiers. Il nʼy a plus de ciel, plus de sol, ni de murs, mais parfois quelques nuages vengeurs. On nʼy respire que par tweets mais les possibilités y sont infinies. Paraît-il.
Pour moi, maintenant, les chats sont des gifs animés errants de sites en sites. Les fleurs amassent des millions de pixels qui font exploser la taille des fichiers. Il nʼy a plus de ciel, plus de sol, ni de murs, mais parfois quelques nuages vengeurs. On nʼy respire que par tweets mais les possibilités y sont infinies. Paraît-il.
Toutes les photos sont de l'auteur sauf la plus foncée, qui est de l'Abbatiale.