Et une année de plus.
Encore un premier week-end de juillet passé à Belfort, comme un
rituel. Une habitude de petites vieilles qui aiment à se dire
qu'elles sont sures de se retrouver au moins une fois par an au même
endroit. La programmation importe peu, les Eurockéennes se suffisent
à elles-mêmes tant elles nous rappellent de bons souvenirs et
promettent de nouveaux grands moments. Même notre tendance latente à
devenir de plus en plus exigeantes/reloues musicalement ne peut rien
contre ce rendez-vous évident. Alors voilà, c'était nos cinquièmes
Eurocks. Ça nous a fait prendre un sacré coup de vieux, de réaliser
ça. Maintenant, nous ne sommes plus du tout les plus jeunes,
d'autres lycéens nous ont remplacées. Les Eurockéennes n'ont plus
de secret pour nous, mais arrivent quand même à nous offrir de la
surprise malgré une affiche pas si alléchante. Retour sur un
week-end de canicule et de tempête, de brumisateur et de poncho de
secours, de country-metal et de rap.
LES EUROCKÉENNES 2012
VENDREDI
A croire que le festival
a lu notre article bilan de l'année dernière et pris en compte nos
remarques pour rédiger leur nouveau cahier des charges. La
programmation était meilleure qu'en 2011, ils ont remis une
minuscule scène house (où on n'a pas été de tout le week-end,
mais c'est un détail) et surtout, ont rouvert le camping dès le
jeudi. On ne dira jamais assez à quel point c'est pratique d'arriver
un soir avant, ne serait-ce que pour boire des bières avec ses
voisins de tente, et surtout, pour arriver à l'heure aux concerts le
premier jour du festival.
C'est ainsi que vendredi,
nous étions en plein cagnard et à un horaire pourrave devant la
scène de la Greenroom (aka feu le chapiteau) pour Hanni El Khatib,
qu'on avait lamentablement raté aux Transmusicales passées.
L'Américain a des
tatouages, des cheveux gominés et une voix sensuelle, ne vous
étonnez donc pas si une fille dit qu'elle a a-do-ré le concert
alors que vous, vous avez trouvé ça plutôt bof et pas assez
énergique et spontané. C'est juste que vous êtes un garçon
hétérosexuel, cherchez pas. Quand les hormones se taisent un peu,
on doit avouer que c'était pas forcément facile de rentrer dans le
truc, mais que "Dead You Rascal You" et la reprise de "Human Fly" étaient bien chouettes.
Le vrai premier bon
concert était sur la plage juste après, c'était du country-metal.
Si vous ne comprenez pas ce qu'il se passe dans la tête d'une
personne pour avoir l'idée de faire un mélange aussi improbable de
genres, vous saisissez davantage l'idée quand vous savez qu'il
s'agit d'Hank William III, le fils de Hank William Jr et le
petit-fils d'Hank William Sr, qui a fait du métal dans sa jeunesse
avant de se faire rattraper par les discographies de papa et pépé.
Bon, le résultat est un grand n'importe quoi, mais c'est totalement
rafraîchissant. On alterne head banging et danse neu-neu en moins de
deux. Les musiciens qui accompagnent le bonhomme au chapeau de pêcheur manient à merveille leur banjo, pedal steel, violon ou contrebasse. On avouera même avoir un sacré
crush pour le contrebassiste barbu en salopette. Sexy redneck.
Malheureusement, le mélange country et métal n'était pas présent
dans toutes les chansons, et le concert perdait donc son intérêt
principal.
On apprendra par la suite
à nos dépens que c'était quand même le meilleur mélange de
genres que l'on pouvait trouver sur le site ce jour. Parce qu'Amadou
et Mariam, eux, ont sacrément foiré leur truc. Déjà, ils n'ont
pas joué "C'est dimanche à Bamako", ce qui est aussi
scandaleux qu'un Bruce Springsteen oubliant de mettre "Born In
The USA" dans sa setlist, et pas de "Sabali" non
plus, alors que ce morceau est tellement inécoutable qu'il en est
génial. Mariam avait beau s'être faite toute jolie et avoir profité
du service coiffure du festival, ça ne pouvait pas compenser notre
frustration. En special guest, il devait y avoir Ebony Bones, mais
elle n'est pas venue, tant mieux, je l'aime pas, elle crie trop. Par
contre, Bertrand Cantat était bien là, et il a éclipsé les
aveugles d'un coup. On ne sait pas ce qu'il foutait là, il faisait
vraiment tâche à chanter des bouts de paroles en français du genre "L'Afrique est un berceau, son cœur est palpitant".
C'était aussi utile qu'Amadou lançant au public "L'argent,
c'est bien ou c'est pas bien ?" ou Mariam qui lançait
des "Ça va bien ?" a des moments complètement
inopportuns, comme si elle était pétée. Et puis on s'en foutait,
on ne connaissait pas leurs autres morceaux. Bref, on s'est bien fait
enculer. Je vais le dire à Ansar Dine.
Ensuite, on a laissé
tomber notre dignité pour aller voir un groupe qu'on aurait trop
aimé voir quand on était au collège et qu'on n'avait pas le droit
de sortir après seize heures, Dionysos. Ouais. Et même que c'était
pas du tout de la merde. Ils ont joué pas mal de vieux morceaux, et
c'est vrai qu'ils sont très bons en live. Ils ont l'air tout excités
à l'idée de jouer sur la grande scène, comme si c'était encore un
jeune petit groupe, et c'est appréciable. On dira ce qu'on voudra
sur leur musique et la voix à briser les verres de la chanteuse,
Dionysos est un groupe respectable. De là à regretter d'avoir vendu
mon CD de Monsters In Love au vide grenier de Bécon les
Granits, il y a un pas.
Mais le revival fin de
collège ne s'arrêtait pas là puisqu'ensuite on a filé à la
Greenroom pour les Kooks. Un peu en traînant des pieds, parce que
c'était chiant et même pas marrant à Rock en Seine en 2010. Là,
allez savoir pourquoi, l'heure plutôt tardive peut être, une
atmosphère plus détendue qu'au vilain festival parisien, une
meilleure prestation peut être même, en tout cas, c'était bien
mieux. On ne connait toujours pas les morceaux du deuxième et
troisième album et on s'en moque puisqu'ils n'ont pas l'air
terrible, mais cela faisait bien plaisir de refaire sa crise
d'adolescence et d'entendre "Ooh La", "She Moves
In Her Own Way" ou encore "Seaside" en live.
Même pas honte. La vie était plus simple quand on avait quinze ans.
Au fait, pour les anciennes groupies, Luke Pritchard n'est toujours pas beau, et il avait un pantalon
dégueulasse imitation serpent.
Les Eurockéennes ne
seraient rien sans la barquette de tartiflette en guise de dîner. On
s'est assises sur la plage, et la saveur du met franc-comtois nous a
tellement absorbées qu'on a passé une heure et demie devant The
Mars Volta et on n'a rien remarqué. Rien, mais alors rien à dire
sur la prestation. Ah si, le son était vraiment pourri sur les
scènes de la plage et de la Greenroom cette année, on n'entendait
qu'un brouhaha. A moins que ce ne soit normal. En tout cas, on n'a
pas eu le courage d'attendre une grosse heure à rien faire avant
Factory Floor, et c'est un peu dommage vu qu'on les avait
lamentablement (encore) ratés aux Transmusicales. Mauvais karma.