[Guest 7 : Line]
Fin juin, je me suis envolée en Corée du Sud, pour rejoindre une amie rencontrée un an plus tôt en Irlande. Elle vit à Busan, la troisième ville portuaire du monde et la ville la plus importante de Corée, après Séoul.
J'ai donc vécu un certain nombre de choses dépaysantes dans ce pays encore mal connu, et parmi toutes les expériences que j'ai pu y faire, une m'a marquée plus profondément.
Comme je n'avais pas eu assez d'humidité et de pluie (oui, je suis partie pendant la saison des pluies), j'ai décidé d'aller faire un tour dans quelques hot springs.
Pour moi qui ai été éduquée à la douche en trois minutes, séchage compris et qui en Suisse n'avait pu expérimenter que les bains thermaux ultra couteux, même si on se contente du strict minimum, pénétrer dans un établissement de bain public en Corée fût un drôle de choc. La nudité, la générosité de l'accueil et du lieu ainsi que le rituel de prendre soin longuement de son corps, même s'il n'est pas parfait (et on est confronté à toute une palette de comparaisons possibles...) étaient des choses complètement nouvelles pour moi. Les Coréennes savent prendre le temps de s'occuper de leurs corps et sont un très bon exemple pour les Suissesses pressées et parfois légèrement nude voir "brut de décoffrage" dans leur manière de s'occuper d'elles.
Ayant de plus rencontré mon amie coréenne à Dublin, où l'on avait plutôt l'habitude de croiser des carrot girls (c'est-à-dire des filles qui achètent du fond de teint trop foncé par litres, histoire de paraître tanned au pays de la pluie et des rares rayons de soleil), la distinction entre la Corée et nos habitudes parut encore plus flagrante !
(pour des raisons de non-mixité du lieu visité, je ne parlerai qu'au féminin, n'ayant pas pu tester les endroits réservés aux hommes...)
Une tradition incontournable en Corée du Sud. Il s'agit de bains publics où l'entrée ne coûte quasiment rien et où l'on peut parfois passer la nuit à même le sol (pas forcément confortable, mais on s'habitue à tout. Même au kimchi.)
L'entrée ne coûte quasiment rien (les hot springs sont toujours considérées comme bains publics, malgré les infrastructures incroyables : salle de visionnage de DVD, dix saunas différents et trois bassins extérieurs dont un avec vue sur la mer...). On paie donc entre 7'000 et 10'000 won l'entrée (environ 6 à 9 CHF).
Beaucoup de coréens y vont en famille et ont un panier en plastique déjà prêt dans leur salle de bain, rempli d'échantillons de produits de toilette, y compris des brosses à dents, des gants de crin et toutes sortes de masques cosmétiques.
On se baigne tout nu dans les spa en Corée du Sud et ils ne sont, pour des raisons évidentes, pas mixtes ! Après avoir expérimenté des dizaines de regards curieux (rapport à ma blondeur) dans le métro et dans la rue, j'étais un peu refroidie à l'idée de me mettre nue devant des coréennes expérimentées des hot springs. Mais étonnement, c'est l'endroit où l'on m'a le moins regardée de travers, malgré que j'ai été la seule touriste dans deux des bains visités, et que niveau mode capillaire, ce n'est pas tout à fait la même chose en Europe qu'en Corée (plutôt plus longs, quoi).
Une fois à l'intérieur, il est d'usage de se changer (soit de "habits civils" à "toute nue", soit de "habits civils" à "espèce de gros pyjama confortable" si on passe par la case sauna). Les linges, les habits de relaxation sont fournis par l'établissement. Pour celles qui auraient oublié leurs cosmétiques à la maison ou pour les néophytes, il y a à disposition diverses crèmes pour le corps, lotions, cotons-tiges et même parfois des bigoudis (!), spécialement pour les Ajumma, ces grands-mamans légèrement acariâtres et habillées dans un style unique (mélange de motifs et grosses visières), adeptes des installations hésitantes à base de linge de bain sur la tête (cf. photo illustrative où j'ai donné de ma personne).
Dès que l'on entre dans l'endroit où se trouvent les bassins, on tombe la chemise et le linge. C'est entièrement nue que l'on arpentera les différents bassins d'eau aux vertus ébahissantes.
Les bassins où l'on ne met que les jambes (circulation du sang), les beaucoup-trop-brûlants-mais-je-peux-m'y-habituer-peut-être-en-fait-non (ils sont légion), les parfumés aux huiles essentielles et autres cascades, jets massants, "philosophical caves" (grottes parfumées aux huiles censées favoriser la réflexion (ou l'endormissement c'est selon) etc.
Le nec plus ultra des bains (et la raison pour laquelle j'y suis retournée trois fois), c'est l'endroit des soins personnels que l'on peut demander à des dames (vêtues de sous-vêtements retro) officiant dans un coin de l'établissement. J'ai choisi, sur les conseils de mon amie, le gommage intégral avec massage à l'huile.
Autant prévenir tout de suite, c'est assez déstabilisant de se faire retourner dans tous les sens sur un matelas en plastique (style table d'auscultation) qui glisse, en étant toute nue et se faire exfolier partout (oui, partout.). Mais la dame en sous-vêtement, chaussettes (Pourquoi ? Je pose la question.) et sandales en plastique y met tellement de coeur qu'on en ressort avec une peau de bébé pas encore né et le corps tout nu tout bronzé tout huilé. Et c'est un réel bonheur de se glisser dans l'eau brûlante juste après (en vrai, ça pique et on en ressort tout rouge). Par contre, je ne conseille pas spécialement le massage, qui consiste à se faire écarteler les jambes (toujours nue...), les épaules et taper sur le dos et tous les muscles du corps (c'est pour faire revenir l'énergie, paraît-il). Dans certains bains, les masseuses lavent les cheveux et les oreilles en plus du massage.
J'ai beaucoup aimé cette aisance par-rapport aux corps nus et aux soins que l'on y apporte, sans aucun regard déplacé ou malaise. Les rituels de soins qui se transmettent de mères en petites filles, les enfants qui jouent partout, complètement décomplexés. Je ne me suis jamais sentie mal à l'aise dans ces hot springs, alors que les regards parfois sans aménité dans la rue, avec une curiosité non dissimulée (surtout de la part des personnes âgées, qui n'hésitaient pas à me pointer du doigt) m'ont toujours rendues nerveuse.
☼ Petit guide de l'amateur de Hot Springs en Corée ☼
Quelques adresses :
Hurshimchung Spa (Heosimcheong) – mon préféré, beaucoup de bassins différents, de saunas à l'extérieur, une magnifique coupole de verre surplombant la salle principale. Très relaxant, très calme. A tester : l'exfoliant massage.
Shinsegae Centum City Spaland – situé dans le plus grand département store du monde (j'ai eu du mal à y croire, mais je ne l'ai vraiment pas visité de fond en comble, hm.), c'est celui où il y a une dizaine de sauna différent et une salle de DVD. Une autre expérience que Hurshimchung Spa, car tellement grand et touristique. A voir pour le dépaysement devant une telle démesure, mais il faut être préparé à se baigner avec des marines américaines se comportant en pays conquis.
Une info utile tout de même : peu de Coréen-ne-s parlent une autre langue que le coréen, il est donc utile d'avoir un petit dictionnaire et de connaître des formules de politesse de base. Un-e étranger-ère se fera souvent dévisager (mais sans gestes de sympathie ou d'intérêt) surtout s'il ou elle ne passe pas inaperçu-e (comme une fille blonde, un peu plus grande que les Coréennes...), donc il est bon de le savoir à l'avance et d'essayer de ne pas en prendre ombrage.
Après une visite aux hot springs, rien de tel qu'un Americano pour reprendre de l'énergie. Il s'agit d'un expresso mélangé à de l'eau froide et des glaçons. Un must chez les jeunes Coréens et Coréennes !
Un peu de coréen (hangûl) utile pour aller aux hot springs :
Annyeonghaseyo - Bonjour (formel) (informel : Annyeong)
Annyeonghi gaseyo - Au revoir (formel)
Gamsahabnida - Merci
Americano chuseyo - J'aimerais un Americano
Kûleditû kadû - Carte de crédit
Quand on vous demandera d'où vous venez : Sûwisû ! (Suisse).
Ce à quoi les Coréen-ne-s répondront : Chokollis ! (Eh ouais.)
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NB : pour des raisons évidentes, je n'ai pas pu prendre de photos dans les établissements de sources thermales.
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Line : étudiante économisant (parfois) pour partir (souvent).