Cultiver sa différence pour se démarquer peut être pratiqué à tous les niveaux. Pour le festival Nox Orae, ce signe distinctif pourrait bien être la météo de merde. Explications:
NOX ORAE
La Tour-de-Peilz, 6-7/9/13
La Tour-de-Peilz, 6-7/9/13
Cet été encore, il a plu au Nox Orae. Hyper même, comme "vache qui pisse" dirait tonton René. Et on a eu droit en prime à un orage si violent que "le Nox" a dû être interrompu aussi sec. BAM. Avec deux annulations à la clé (Junip et Bombino). C'était triste, mais pas autant que de voir les pauvres organisateurs condamnés à courir dans tous les sens pour tenter de sauver ce qui était sauvable. Ils nous ont broyé le coeur les petits. Quand on sait le travail acharné et semé d'embuches que c'est de monter un festival, même minuscule, il y a de quoi s'apitoyer (à moins d'être insensible comme cette grosse pute de météo). Mais qu'on se rassure, il est probable que malgré tout, les organisateurs remettrons le couvert l'an prochain: "Il est encore un peu tôt pour dire s'il y aura une cinquième édition mais comme nous pratiquons un budget réaliste, nous devrions pouvoir limiter les dégâts afin de pouvoir revenir au Jardin Roussy de la Tour-de-Peilz.". Tout peut encore arriver. En tout cas, l'occasion est bonne pour discuter un tantinet de la pertinence d'un tel festival. C'est vrai au fond, pourquoi s'acharner à planter une mini-scène au bord du lac Léman? Est-ce que tout ça a encore un sens dans un pays saturé de festivals?
En fait, il n'y aurait jamais dû y avoir de Nox Orae: "Nous n'avions jamais décidé de faire un festival." confie Joël Bovy co-fondateur et co-programmateur de l'événement en racontant la genèse de son bébé: "Ca a commencé par hasard en 2010 quand, avec Maude, nous étions programmateurs du Rocking-Chair et que nous voulions absolument faire venir Yeasayer... La seule date qui jouait était hors ouverture de notre salle, du coup, nous avons eu l'idée de les faire jouer au bords du lac, en tentant le pari fou d'inviter trois autres groupes à se produire à leurs côtés. Le risque a payé et malgré la pluie, l'affluence a été bonne: le Nox Orae était né!". Forte de ce premier beau succès, l'équipe décide de se relancer chaque année jusqu'en septembre dernier. Les affiches de qualité se succèdent, aussi bien au niveau graphique qu'au niveau des noms écrits dessus:
Evidemment, le Nox n'est pas tout seul. Il cherche donc à se démarquer: "Le Nox Orae se veut être un événement en marge des festivals actuels en Suisse. Nous voulons offrir une programmation différente en misant sur des groupes qui ont une bonne prestation scénique ou qui dégagent une atmosphère qui correspond bien au charme particulier du site de verdure du Jardin Roussy." Une ambition triviale dirons-nous, mais ô combien précieuse au milieu des grosses manifs qui s'arrachent des têtes d'affiche aux cachets exorbitants pour attirer le chaland et espérer rentrer dans leurs frais. C'est là que le Nox (mais aussi le Psych Fest ou encore Kilbi et compagnie) tirent leur épingle du jeu. A l'écart du circuit des raouts, les petits événements s'assurent une marge de négociation suffisante pour échafauder une prog' de qualité. Autrement dit, c'est la loi du marché: étant donné que les nouveaux venus n'ont de toute façon pas les moyens d'attirer un bon gros groupe (soyons honnêtes, il y a des grands groupes géniaux), ils peuvent se focaliser sur la découverte en ratissant minutieusement parmi l'immense masse de ceux dont les prix n'ont pas encore pris l'ascenseur. Comme dans n'importe quel secteur, c'est donc la recherche de l'exclusivité qui prime chez les organisateurs... et chez le public "cible" de hipsters/bobos/connards amateur de sombres noms que personne ne connait et qui se fera un plaisir de se déplacer pour instagrammer sa crêpe jambon-fromage le cul posé dans l'herbe devant Capsula (bisou les copains).
Quoi qu'il en soit, niveau "programmation différente misant sur des groupes qui ont une bonne prestation scénique", le Nox amputé de 2013 mérite un check. On se souvient surtout du crescendo rock psyché < math < indé < indus < garage du vendredi avec notamment cette idée vraiment fantastiquement géniale de faire jouer les mythiques Young Gods au bord du lac. En configuration "à l'ancienne" (mais sans Al Comet), doté en tout et pour tout d'une batterie, de samples et de la voix de Treichler, le groupe fribourgeois a débalé son son massif à défoncer les tempes ("Comme si c'était la dernière fois" ou "Fais la mouette"). Bien méchant aussi, le set de Crocodiles en fin de soirée a permis à un certain nombre de personnes d'abandonner toute fierté en dansant sous des trombes d'eau jusqu'à plus soif (ha-ha). Le lendemain, seuls WTF Bijou! et l'orage (!) ont réussi à égaler la décharge d'énergie brute que fut cette brillante première soirée.
A la vue des réussites musicales de l'événement, il est quasi certain que les les instigateurs de la "Nuit du Rivage" ont tout a fait raison de continuer à lutter. "Pour la plupart des personnes qui y bossent, ce festival est un rêve devenu réalité" affirme - comme c'est romantique! - Joël Bovy. Mais alors que l'équipe se remet déjà au travail pour la suite, plus personne ne croit vraiment à la probabilité que les éléments soient enfin enclins à coopérer. "Notre festival est né sous une mauvaise étoile" constate invariablement Bovy. Effectivement, le bilan météorologique des quatre années écoulées permet de prouver l'équation suivante: Petit a. toutes les éditions en plein air ont été arrosées. Petit b. l'édition 2012, qui s'est déroulée en salle pour des raisons financières, a eu lieu PILE le week-end le plus chaud de tout l'été. Donc Nox Orae = Temps de merde. CQFD.
Une bien belle affiche:
Evidemment, le Nox n'est pas tout seul. Il cherche donc à se démarquer: "Le Nox Orae se veut être un événement en marge des festivals actuels en Suisse. Nous voulons offrir une programmation différente en misant sur des groupes qui ont une bonne prestation scénique ou qui dégagent une atmosphère qui correspond bien au charme particulier du site de verdure du Jardin Roussy." Une ambition triviale dirons-nous, mais ô combien précieuse au milieu des grosses manifs qui s'arrachent des têtes d'affiche aux cachets exorbitants pour attirer le chaland et espérer rentrer dans leurs frais. C'est là que le Nox (mais aussi le Psych Fest ou encore Kilbi et compagnie) tirent leur épingle du jeu. A l'écart du circuit des raouts, les petits événements s'assurent une marge de négociation suffisante pour échafauder une prog' de qualité. Autrement dit, c'est la loi du marché: étant donné que les nouveaux venus n'ont de toute façon pas les moyens d'attirer un bon gros groupe (soyons honnêtes, il y a des grands groupes géniaux), ils peuvent se focaliser sur la découverte en ratissant minutieusement parmi l'immense masse de ceux dont les prix n'ont pas encore pris l'ascenseur. Comme dans n'importe quel secteur, c'est donc la recherche de l'exclusivité qui prime chez les organisateurs... et chez le public "cible" de hipsters/bobos/connards amateur de sombres noms que personne ne connait et qui se fera un plaisir de se déplacer pour instagrammer sa crêpe jambon-fromage le cul posé dans l'herbe devant Capsula (bisou les copains).
Quoi qu'il en soit, niveau "programmation différente misant sur des groupes qui ont une bonne prestation scénique", le Nox amputé de 2013 mérite un check. On se souvient surtout du crescendo rock psyché < math < indé < indus < garage du vendredi avec notamment cette idée vraiment fantastiquement géniale de faire jouer les mythiques Young Gods au bord du lac. En configuration "à l'ancienne" (mais sans Al Comet), doté en tout et pour tout d'une batterie, de samples et de la voix de Treichler, le groupe fribourgeois a débalé son son massif à défoncer les tempes ("Comme si c'était la dernière fois" ou "Fais la mouette"). Bien méchant aussi, le set de Crocodiles en fin de soirée a permis à un certain nombre de personnes d'abandonner toute fierté en dansant sous des trombes d'eau jusqu'à plus soif (ha-ha). Le lendemain, seuls WTF Bijou! et l'orage (!) ont réussi à égaler la décharge d'énergie brute que fut cette brillante première soirée.
La bonne ambiance (et le sourire de Joël Bovy à 0:15):
A la vue des réussites musicales de l'événement, il est quasi certain que les les instigateurs de la "Nuit du Rivage" ont tout a fait raison de continuer à lutter. "Pour la plupart des personnes qui y bossent, ce festival est un rêve devenu réalité" affirme - comme c'est romantique! - Joël Bovy. Mais alors que l'équipe se remet déjà au travail pour la suite, plus personne ne croit vraiment à la probabilité que les éléments soient enfin enclins à coopérer. "Notre festival est né sous une mauvaise étoile" constate invariablement Bovy. Effectivement, le bilan météorologique des quatre années écoulées permet de prouver l'équation suivante: Petit a. toutes les éditions en plein air ont été arrosées. Petit b. l'édition 2012, qui s'est déroulée en salle pour des raisons financières, a eu lieu PILE le week-end le plus chaud de tout l'été. Donc Nox Orae = Temps de merde. CQFD.