INTERVIEW ADAM KESHER
Samedi dernier au Chabada, c'était la Gymtonic organisée par le blog et label übercool FTW. Une chouette soirée, totalement sold out, placée sous le signe de l'electro (avec Bobmo, Renart, Kanthos et Joseph 9000) mais pas que. Il y avait aussi un groupe live, et pas des moindres : Adam Kesher. Le quintette a joué des morceaux de son deuxième album, sorti à la fin de l'été et qu'on vous recommande chaudement : Challenging Nature. Et même la grosse partie du public qui était plus là pour bouger son boule sur de l'electro pure que pour regarder un groupe avec des guitares a aimé. Et ouais. TEA avait rencontré Adam Kesher un peu plus tôt ce 23 octobre, compte-rendu :
TEA : Vous avez affolé tout le monde avec la sortie de votre nouvel album, contents d’être buzzés comme ça ?
Gaëtan (guitare) : Oui parce qu’on est très contents du disque. Et le label Disque Primeur s’est énormément investi sur le disque, que ce soit en terme de coût ou en termes de démarches étant donné que maintenant l’ensemble de Disque Primeur est distribué par EMI qui est quand même une major. Et puis même nous on avait bossé pendant un an et demi sur ce disque. Ensuite on a produit le truc avec Dave 1 de Chromeo. On avait vraiment envie qu’il y ait des bons retours. On est assez fiers du produit fini.
On dirait que c’est hype d’écouter Adam Kesher...
Gaëtan : Je sais pas. (rires) Ça dépend ce qu’on entend par hype. Il peut y avoir un côté craignos, chiant, genre "hypos" quoi (sourire) ou alors il y a un côté qui serait plus plaisant qui serait de voir la hype comme quelque chose qui est de bon goût.
Julien (chant, claviers) : Après nous on aimerait bien que ça parle quand même à beaucoup, pas seulement à une petite élite parisienne. Mais bon, c’est cool d’être assimilés à quelque chose de bon goût.
Pouvez-vous nous parler de votre deuxième album par rapport au premier ?
Julien : Sur le premier disque, on nous a vachement reproché par la suite d’avoir fait un truc qui partait un peu dans tous les sens, y a vraiment plein de styles musicaux.
En même temps, c’est ce que vous recherchiez non ?
Julien : Ouais, après p’tetre qu’on manquait de maturité pour faire vraiment virtuoses quoi. Il y avait peut être quelques maladresses. Mais en tout cas sur le nouveau, le fait d’avoir travaillé avec Dave 1 qui était un élément extérieur, ça a permis de vachement préciser notre propos parce qu’on était un peu partis sur les mêmes bases, on avait fait une vingtaine de démos, y avait vraiment plein de trucs différents. Et quand il est arrivé, il en a choisi dix pour vraiment prendre ce qui était cohérent, on a même travaillé avec lui sur des arrangements pour un peu tirer chaque morceau l’un vers l’autre quoi, pour faire un truc plus compact. Je pense que ça c’est différent. Après dans la production on a vachement plus travaillé. Le premier disque on l’avait enregistré tout d’un coup, on avait pas l’expérience du studio donc c’était un peu à tâtons, là on est déjà plus à l’aise et puis Dave 1 a pas mal de savoir-faire pour ce qui est musique dansant. On a bossé sur pleins de petits détails au point de vue rythmique, aérer les morceaux, enfin on s’est plus pris la tête quoi. (rires)
D’ailleurs c’est étrange que vous existiez depuis pas mal de temps et que vous n’ayez fait que deux albums.
Gaëtan : Ça c’était un choix qui venait de Disque Primeur. D’une part parce que déjà à l’époque beaucoup de groupes commençaient par sortir des maxis, en terme de coût c’est plus facile à produire et tout ça, et après aussi le choix de Disque Primeur c’était clairement, j’pense que là dessus ils étaient vraiment plus lucides que nous et ils ont eu vraiment raison, c’est-à-dire ils voulaient pas nous laisser sur un gros projet que serait un album entier, parce que ils disaient « laissons leur un peu le temps de se faire la main pour pouvoir faire un disque un peu plus costaud » et je pense qu’ils ont eu raison parce que notre premier disque aurait été nettement moins bon si on s’était précipités pour le faire, et pareil pour le deuxième disque.
Il paraît que ce que vous aimez surtout dans la musique, c’est faire des concerts...
Julien : Non.
Gaëtan : On disait beaucoup ça avant.
C’est pas vrai en fait ?
Gaëtan : Si si, mais après je pense que c’est deux façons de vivre la musique qui sont différentes. Le studio, la création musicale d’un côté, et le live de l’autre. Et c’est deux modes d’expression différents dans le sens où sur scène on se rend compte que certains morceaux qui nous paraissaient moins importants sur le disque, sur scène ils se révèlent.
Quels morceaux par exemple ?
Gaëtan : Pour "Kiss Me Kinski" qu’il y a sur le nouveau disque. Enfin là c’est très personnel mais je pense qu’on est tous d’accord, on est vachement contents de le jouer à chaque fois. Et c’est pas exactement la même énergie. Et je pense aussi que le live permet de mieux comprendre les enjeux de ce qu’on a fait avec le deuxième disque par exemple. C’est-à-dire par rapport à la direction que prend Adam Kesher qui est nettement plus disco et beaucoup plus fondée sur la basse, la batterie et les claviers, moins de guitares que sur le précédent.
Julien : Il y aussi deux membres qui sont partis après le premier album, et Pierrick est arrivé dans le groupe, il joue de la basse, y a une guitare de moins. Et avant qu’on fasse le deuxième disque c’était un peu dur qu’on fasse des morceaux qui avaient été joués à six et les réadapter avec une guitare, c’était un peu bancal.
Votre pire concert ?
Matthieu (claviers) : Y en a plein ! (rires)
Julien : En Angleterre il nous est arrivé un truc pas mal. On était venus de Bordeaux jusqu’à Londres pour une soirée. Et le mec avait coupé le son en plein milieu du concert, on comprenait pas et il nous a dit «C’est plus l’heure, c’est terminé».
Gaëtan : Et en Angleterre souvent t’es pas nourri, t’es pas logé.
Julien : Donc quand on te coupe ton concert en plein milieu et que le lendemain tu te retappes quatorze heures de route...
Gaëtan : Ouais aussi en Angleterre on a fait un concert devant zéro personne. C’était la toute première date en Angleterre.
Matthieu : A Brixton dans un club qui faisait pas du tout de rock en fait. On sait même pas pourquoi on était là quoi. (rires). C’était plutôt black, drum & bass et dubstep et nous on était là, on a joué devant zéro personne.
Julien : Y avait juste les gens de l’autre groupe qui allait jouer après.
Matthieu : Ils regardaient parce qu’il y avait pas de loge. (rires)
Gaëtan : Dehors il faisait froid. Et je pense que ce concert était vraiment bien, mais personne l’a vu. (rires)
Il parait que vos paroles sont intelligentes. On va dire que j’y connais rien en anglais, vous pouvez me dire un peu de quoi vos morceaux parlent ?
Gaëtan : Ça parle de plein de choses différentes. Ça parle de l’intelligence. (rires) Donc nan, y a pas mal de morceaux qui sont liés à des souvenirs d’enfance... Par exemple dans "Gravy Train", j’étais jeune, j’habitais à la campagne, et y avait des mecs un peu bêtes... qui étaient mes copains (rires). Un jour ils étaient débarqués en me disant « On a trouvé du pétrole, on a trouvé du pétrole » et ils m’ont emmené et je leur disais « Qu’est ce que c’est que ces conneries ? », mais bon c’était quand même marrant. Et ils m’ont emmené devant une rivière, et en fait ils remuaient de la boue et ça faisait remonter de la boue noire, et ils me disaient que c’était du pétrole. Et aujourd’hui je sais pas si j’y croyais ou pas mais en tout cas le jeu c’était d’y croire, et du coup on a fait un morceau sur cette idée là de s’illusionner et du plaisir un peu pervers qu’on peut prendre à s’illusionner.
Mes amis bordelais aiment bien débattre, et à la question « Quel est le meilleur groupe bordelais ? » Ils répondent Adam Kesher. Sauf que maintenant vous vivez à Paris, vous vous considérez encore comme Bordelais ?
Julien : Chaque fois qu’il y a une chronique sur nous ils disent "les Bordelais", donc on a du mal à s’en défaire.
Ça vous énerve ?
Julien : Nnnon non, enfin on est contents de venir de Bordeaux, mais c’est juste un peu bizarre de lire qu’on est tout le temps bordelais alors qu’on y vit plus.
Pourquoi êtes-vous partis ?
Julien : Nous on est nés là-bas ou on y est arrivés très jeunes, minimum dix ans pour chacun d’entre nous. On habitait là donc on avait un peu envie de changer d’air. C’était pas forcément pour la musique. On avait un peu l’impression d’avoir fait le tour à Bordeaux.
Des groupes bordelais à conseiller ?
Julien : Y a Alba Lua, c’est vachement sympa. Y a Kap Bambino aussi, mais eux ils sont plus connus et je crois qu’ils sont partis à Londres.
Gaëtan : T’as aussi plein de groupes de garage assez cools, Magnetix... Et puis Radikal Satan, des Argentins qui sont partis vivre à Bordeaux.
Julien : Et ya Charlie Greane !
Gaëtan : Ah oui quand même, c’est un peu le Booba de Bordeaux.
Si vous étiez une femme célèbre ?
Un (problèmes d'identification de voix malheureusement, NDLR) : Beyonce ? Beyonce Knowles ?
Les autres : Ouais.
Gaëtan : Sinon faudrait trouver une femme morte quoi... Mata Hari ! Elle est trop cool, c’est une espionne, c’est un peu une sorte de symbole de la femme libérée, justement par rapport à son statut d’espionne où elle était confrontée à des problèmes diplomatiques hyper importants et puis il y a une forme de glamour aussi.
On s’appelle, TEA, vous aimez le thé ?
Gaëtan : Oui, ça fait quelque mois que j’ai arrêté le café parce que j’en prenais tout le temps, et je devenais fou. Du coup maintenant je bois du thé. Et... c’est beaucoup mieux ouais, j’suis vachement moins fou (rires). Et il y a tout un rituel autour du thé que je trouve hyper fou, même si je bois pas du thé come ça. Normalement le thé on le fait infuser dans certains récipients, dans certaines matières, il y a des températures et un temps d’infusion... C’est vraiment un art.
Pour finir, vous auriez une blague à raconter ?
Julien : Yann...
Yann (batterie) : Une blague ? (un temps) Alors c’est un p’tit ours polaire qui rentre dans le blizzard avec son père qui est aussi un ours polaire, il fait super froid, il combat la neige et il fait « Papa papa ! » Et son père il trace. « T’es un ours polaire ? » Et son père il lui dit oui, il continue, il trace. Et là t’as le petit il saute dans les pas de son père et il dit « Papa Papa, Maman c’est un ours polaire aussi ? », « Mais oui c’est un ours polaire, mais dépêche toi, il va faire nuit ». Mais le petit il continue, et les grands parents et machin. Et puis à la fin il demande « Papa, moi aussi j’suis un ours polaire ? » et le père dit « Oui, pourquoi tu poses toutes ces questions ? » « Parce que j’ai froid ». (rires)
Gaëtan : Ah si moi j’aime bien aussi celle du kangourou qui commande un gin fizz. En fait c’est un kangourou qui rentre dans un bar, et il commande un gin fizz... D’ailleurs je me souviens plus comment elle est Yann.
Yann : Il rentre dans un bar et il dit « Bonjouuuur » et le patron du club il hallucine de voir un kangourou : « Vous voulez quelque chose ? » « Ouais j’voudrais un gin fizz s’il vous plaît » Donc le mec il lui fait, « Quinze euros », voilà. Et le kangourou il danse, il ondule et le patron du club il hallucine quand même et il vient le voir en disant « C’est la première fois que je vois un kangourou dans mon bar » et le kangourou il dit « Ben à quinze euros le gin fizz, ça m’étonne pas ».