L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S

20.9.09

Gros Bâtards (à l'assaut des nazis)


Inglourious Basterds
Quentin Tarantino, 2009

De prime abord, Inglourious Basterds, le dernier-né de Quentin Tarantino (Kill Bill et Pulp Fiction notamment - mais vous le saviez déjà) donne tous les gages de se poser en énième blockbuster hollywoodien produit par et pour l’industrie de l’argent. Et en prenant la peine de le découvrir de visu, on constate que toutes nos craintes sont bel et bien fondées. Etonnamment cependant, et n’en déplaise à ceux pour qui argent rime toujours avec qualité médiocre (j’étais un de ceux-là), le film n’est de loin pas déplaisant, il se révèle même être l’excellente surprise de cet été.


Accusé à tort de manquer de respect à l’Histoire avec un grand H, il narre l’épopée en terre allemande du lieutenant Aldo Raine (campé par un Brad Pitt vieillissant mais convaincant) et de ses hommes, tous juifs, qui se retrouvent investis de la glorieuse mission de « trancher du Nazi ». Ils recevront l’aide bienvenue d’une actrice et agent double allemande Bridget von Hammersmark (Diane Kruger, passable) dont l’attrayant physique sera un atout non négligeable. Parallèlement à cette jouissive campagne dégoulinante de scalps, de passages à tabac à coups de batte de base-ball et d’humour toujours piquant, jamais insultant, on suit la jeune Shosanna (Mélanie Laurent) dans son désir de vengeance, elle qui a échappé au massacre de sa famille par des soldats allemands.


Vous l’aurez compris, comme à son habitude, Quentin Tarantino n’y va pas avec le dos de la cuillère, c’est immédiat, sanglant et, pour ne rien cacher, très bien fait. L’intérêt de ce film ne réside pas tant dans son scénario (bien vide, c’est pour l’argent quand même, si on devait écrire des bons scénarios, ça marcherait moins bien...) que dans les traits caricaturaux des personnages, exacerbés par le génie d’un réalisateur très en forme. On comprend ainsi que les intrépides « bâtards » auront à se battre contre des soldats allemands juste assez malins pour savoir lacer leurs chaussures, lesquels sont totalement dévoués à un Hitler pathétique à souhait et rusé comme un manche à balais.
C’est fort en hémoglobine et en bastons très excitantes, c’est peut-être justement parfois trop fort là-dessus et pas assez ailleurs, toujours est-il que ça vaut le détour.


Loin de représenter une pâle satire de la guerre, loin de tenter d’un minimiser l’impact et les conséquences, loin de manquer de respect à aucun groupe ethnique, Inglourious Basterds associe un cynisme et une ironie dosés au millilitre près à un décallage suffisant pour résumer l’absurdité de l’Homme, ses vices, sa bêtise.


Amis de l’humour corrosif, courrez vous réfugier dans une salle obscure, ça en vaut la peine !