Impossible de me rappeler pourquoi je voulais aller voir "Enter The Void". Un article quelque part sûrement. Toujours est-il que je me suis retrouvée un peu par hasard dans cette salle de cinéma vide (enfin pas totalement, il y avait une vieille dame aussi) après avoir pris ma place avec détermination à la caisse.
Donc "Enter The Void" est le nouveau film de Gaspard Noé. Sauf que je n'avais jamais vu de Gaspard Noé avant. Parait qu'il avait fait scandale avec un film appelé "Irréversible". D'"Enter The Void", je n'avais en mémoire que le résumé sur le programme du cinéma : "Oscar et sa sœur Linda habitent depuis peu à Tokyo. Oscar survit de petits deals de drogue alors que Linda est stripteaseuse dans une boite de nuit. Un soir, lors d'une descente de police, Oscar est touché par une balle. Tandis qu'il agonise, son esprit, fidèle à la promesse faite à sa sœur de ne jamais l'abandonner, refuse de quitter le monde des vivants. Son esprit erre alors dans la ville et ses visions deviennent de plus en plus chaotiques et cauchemardesques. Passé, présent et futur se mélangent dans un maelstrom hallucinatoire." Ouais, bon.
Dans la salle presque vide, le film démarre, avec un générique pas pour épileptiques. Je regrette de m'être mise aussi près de l'écran (mais je suis tout au fond de la salle déjà, ah oui) j'ai mal aux yeux, et ça ne fait que commencer.
Le début du film est génial, tout en isochronie. On suit en temps réel un gus qui s'appelle Oscar (Nathaniel Brown), installé à Tokyo avec sa soeur cadette Linda (Paz de la Huerta) dans un petit appartement entouré d'enseignes de néon. Il fait nuit. Il fait presque toujours nuit dans ce film. Nous sommes à la place d'Oscar, nous voyons ce que ses yeux voient, et sa voix semble sortir de nous mêmes. On entend d'ailleurs ses pensées. Un point de vue original et réussi.
Oscar décide de prendre du DMT, un stupéfiant puissant, et oulala, c'est fort. Comme nous sommes à sa place, on a nous aussi droit à ses visions hallucinatoires, des images colorées, abstraites, et moches. En plus, cette séquence dure longtemps. Plus intéressants sont les plans où la caméra suit les mouvements que font les yeux d'Oscar le défoncé marchant dans la rue. Oscar deale un peu, et se fait dénoncer. La police lui tire dessus. Fin de la première et meilleure partie du film, une demie heure.
Ensuite, il ne reste plus que l'âme d'Oscar qui, selon les croyances tibétaines et le scénario de Gaspard Noé, va d'abord revoir sa vie. Cela se fait par fragments, c'est assez confus, mais le puzzle est plutôt intéressant à reconstruire. Il y a de jolies images de son enfance, et d'autres beaucoup moins heureuses. Ca parle de liens familiaux qui ne se briseront jamais, wow.
En fait, le film se gâte surtout vers la fin, quand l'âme d'Oscar a fini de se remémorer sa vie et maintenant erre dans le monde des vivants sans pouvoir communiquer (oui, ça veut dire qu'on n'entend plus la voix d'Oscar, et que plus aucune voix ne s'adresse directement à nous, relègués comme le mort au simple rang d'observateurs). L'âme décide de suivre les personnes qu'il connaît, en particulier Linda, voir ce qu'elle fait. Ca tombe bien, elle est strip teaseuse, alors Gaspard Noé se fait plaisir avec de longues séquences avec des gens pas trop habillés. Ce qui est agaçant avec l'âme d'Oscar, c'est qu'elle aime trop les lumières jaunes, donc dès qu'il y a une loupiotte de cette couleur dans une scène, hop, faut qu'on plonge dedans et qu'on se fade plusieurs secondes ou minutes d'écran jaune. Ce plus d'une dizaine de fois. Argh. On notera qu'il y a parfois des plans plus originaux, comme une lumière rouge ou orange : wouahou. Ce qui est casse-pieds aussi, c'est que cette âme, toujours elle, puisque nous sommes obligés de la suivre, se déplace pas vite dans Tokyo. Alors bonjour les trop nombreux plans de la ville vue du ciel (et encore, si c'était beau comme du Yann Arthus Bertrand...), ça lasse très vite. On pourra aussi blâmer des plans inutilement trash (dix minutes au moins de couples qui copulent dans un hôtel imaginaire, un embryon avorté, une petite fille ensanglantée, un accident de voiture, plein de paires de seins...) Too much. Et puis le gros gros problème du film surtout, c'est qu'il est trop long, on finit par attendre la fin avec empressement, et en plus, la fin est gnan gnan et on s'y attendait depuis trente minutes.
Dommage, malgré une bonne idée de départ (l'histoire du point de vue d'Oscar), les longueurs finissent par enlever le charme que ce film pouvait avoir. Donc allez-y si vous voulez, et sortez au bout d'une heure vingt environ, et vous trouverez ce film très bien.