On connaissait le romantique fleuri, l’espagnol lubrique, le musicien solo et l’amateur de petits déjeuners. Maintenant, on l’a aussi vu en vrai et on peut vous dire que Sutja Gutierrez n’est pas le déprimé taciturne que l’on imaginait. Bien au contraire, il est très gentil et même drôle. Récit d’une soirée au Treibhaus de Lucerne (accessoirement organisé par notre poteau Guerolito et son crew Erasedtapes) où il jouait la première partie d’Austra. C’était cool.
SUTJA GUTIERREZ + AUSTRA
@TREIBHAUS, LUCERNE
Sale temps.
Accueillie par une pluie torrentielle à Lucerne, je suis à deux doigts de regretter d'avoir fait le trajet quand on m'annonce que Austra, eux, sont bloqués par quelque ouragan en Allemagne. Gros vols planés de déchets sur la carriole et arbres sur la route, parait-il. Donc finalement, ça va, je me trouve pas si mal lotie avec mon parapluie. D'autant plus que le Treibhaus est vraiment facile à trouver même pour une personne totalement dépourvue du sens de l'orientation et même avec un plan naze griffonné à la hâte sur un bout de papier.
Une fois arrivée, je découvre Sutja, tranquillement accoudé au bar. Il est chaleureux, assez petit, plutôt joli et tousse beaucoup aussi. Il attend qu'on lui serve son Panini. Selon lui, il y a trop d'oignon ou pas assez de viande dans les menus du jour. Quant à la météo, elle lui plait plutôt bien. Pour quelqu'un qui habite à la mer, un tel déluge est au fond assez exotique.
Une fois arrivée, je découvre Sutja, tranquillement accoudé au bar. Il est chaleureux, assez petit, plutôt joli et tousse beaucoup aussi. Il attend qu'on lui serve son Panini. Selon lui, il y a trop d'oignon ou pas assez de viande dans les menus du jour. Quant à la météo, elle lui plait plutôt bien. Pour quelqu'un qui habite à la mer, un tel déluge est au fond assez exotique.
"Swagging Around"
En fait, l'espagnol a tout compris. Pendant que le reste de l'équipe crève la dale dans les backstages en attendant les canadiens, il a le ventre bien rempli. Du coup il se marre. Et nous avec, après nous être lancés dans un délire de vidéos-lol du net pour tuer le temps. Parmi elles, cette fabuleuse interview des Odd Future dont les perles de citations vont ponctuer toute la soirée:
Gigs.
Une fois les Austra en place et tout le monde rassasié, les concerts peuvent enfin commencer. Comme annoncé, c'est Sutja qui inaugure la soirée avec pour seuls instruments son macbook et un clavier tellement petit qu'on le voit à peine. On croirait presque à l'imposture. En fait, le monsieur n'aime pas jouer de la guitare sur scène alors quand il n'a pas son poteau accompagnateur sous la main, il se contente du minimum. Mais ça nous va, parce que malgré un son dégueulasse et quelques transitions un peu longues au début, l'atmosphère intimiste qui colle si bien à ses créations ne tarde pas à s'installer. Alors il enchaine les "Ah, No", "Lucy", "White Ponycorn In My Room" et autres "Borderline (Hell, I'm The)". En méga bonus on a droit à des morceaux des Frustucks (mon moment préféré perso) et aussi à un aperçu de quelques nouvelles chansons, desquelles il dit ne pas encore savoir les paroles. Dans l'ensemble c'est très chouette et ça passe crème pour une première partie. En plus, le public bien que timide semble apprécier et on entend ça et là des "Mais c'est qui ce mec?" ébahis.
Sutja - Ah, No
Viennent ensuite Austra avec leur show rôdé à la perfection. Apparemment, le public était venu pour ça et jouit à mort. Je trouve ça un peu froid. Exception faite de "Beat and the Pulse" que j'écoute en boucle depuis. Sinon, c'est assez uniforme. Au passage, mention spéciale au mini-short jaune fluo du clavieriste.
Austra - Beat And The PulseLa Breeze
Etonnamment, beaucoup de gens sont aussi restés pour l'after avec un DJ plutôt cool qui passe "Tighten Up" et même "La Breeze" que ça faisait sacrément longtemps qu'on n'avait plus entendu. Le dancefloor est aussi un bon lieu pour faire plus ample connaissance avec Dorian, le tout mignon bassiste d'Austra. Genre on a appris que son père était allemand alors on lui a enseigné des mots comme "das Schlimmste" et son accent est meilleur que le mien. Gros fail. Sinon on a aussi aperçu Sutja avec des bouchons d'oreille dans les narines. Et aussi Guerolito en train de danser sur une chanson en allemand qui parle de "Ficken".
"Je suis un putain de Tsunami espagnol"
Mais Dorian ne tarde pas à aller se coucher et nous commençons à être sérieusement imbibés. Avec Sutja, nous nous lançons alors dans une série d'échanges cocasses, dont une partie a été enregistrée en guise d'"interview". Il n'y a pas grand chose à en retenir si ce n'est que Sutja affirme être schizophrène et met au moins dix minutes à ressortir la citation de Tyler : "I'm Tracy". Les autres infos intéressantes qu'on a pu en tirer concernent les Fruhstucks et son intrigante évolution personnelle de l'étape "j'ai des fleurs partout" à "je veux baiser la prochaine fille qui passe": "En ce moment, Fruhstuck c'est en pause parce qu'on a chacun nos trucs de notre côté. J'aime bien mon projet solo, c'est plus authentique. Avec le groupe on essayait de se donner une image romantique mais quand je suis tout seul ça colle plus. Je préfère ne pas mentir.". De belles intentions qu'il faut imaginer entrecoupées de "Fuck", de rires et de "Yeah" murmurés.
Au fait, Sutja a fait un vidéo de son expédition en Suisse. Entre les oiseaux, les bouts de Lucerne et les morceaux de concerts, vous verrez des extraits de la session qu'il a faite à la radio 3fach le lendemain.