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20.3.12

"Dans cette ville de huit millions d'habitants, seulement 400 personnes savaient ce qui se passait"




INTERVIEW THE FLESHTONES

Dans le Queens des années 76, Peter Zaramba et Keith Streng s'emmerdent sévère et décident de se mettre à la musique. Trente-six ans, une foule de concerts et d'enregistrement plus tard, les Fleshtones sont toujours là, à délivrer leur vision garage du rock'n'roll. Et leur énergie ferait honte à n'importe quel jeune d'aujourd'hui. Leur prestation à l'I.Boat la semaine dernière était vive et folle, le quatuor sort encore ses plus belles chemises, a un jeu de scène exceptionnel et fait des pompes entre les morceaux. On a interviewé le chanteur et claviériste de ce groupe mythique pour une poignée de connaisseurs, Peter Zaremba, un homme à la classe folle, tout à fait charmant et très fort en blagues.


TEA : Les Fleshtones sont une fois de plus en tournée en Europe, vous êtes pas un peu vieux pour ça ? 
Peter Zaremba : Hhm non, tu sais, je pense que tant qu'on pourra donner un bon concert, on ne sera pas trop vieux. Et puis je ne me sens pas vieux. Peut être que je le suis... Tu pourras en décider ce soir. On peut continuer à sauter partout, alors on le fait. Mais si on devient pathétiques, il faudrait qu'on nous dise d'arrêter.

Janique Jouin de Laurens, la traductrice de votre biographie, vous a récemment comparé dans une interview à des beautiful losers. Comment le prendre ? 
Aha. Je préférerais être un beautiful winner, mais je comprends le culte français du beautiful loser. On a eu de la malchance, mais je pense que dans un sens, on a quand même gagné, parce que nous jouons encore et faisons encore des disques comme nous voulons. Personne ne nous dit quoi faire. Donc vivre sa vie de cette façon là, en faisant ce qu'on veut, ça fait de nous des winner. Nous ne sommes pas de vrais gros losers, comme Johnny Thunders ou Machin, tu vois, on ne s'est pas tué ou fait un autre truc stupide du genre. Donc j'apprécie assez le titre de beautiful loser. Et c'est toujours bien d'avoir un titre, c'est bien d'être quelque chose de défini. 

C'était comment le Queens à New York en 1976 ? 
C'était un endroit vraiment stupide. Les gens, la musique, tout était stupide. Il n'y avait rien. Les personnes écoutaient ce qui passait à la radio, ce qui était de la très mauvaise musique, je détestais ça. Il y avait des trucs comme les Eagles, Fleetwood Mac, du heavy metal, du glam rock... C'était vraiment naze. Nous nous étions des mecs qui collectionnaient des vinyles, étions fans de ce que nous pensions être le vrai rock'n'roll. Nous ne connaissions pas. Je ne connaissais pas les Ramones. Mais nous aimions les mêmes choses, allions aux mêmes concerts, aux mêmes disquaires. Je connaissais juste Andy Shernoff parce qu'il était dans mon lycée, il a créé les Dictators. J'ai rencontré Keith [Streng, le guitariste des Fleshtones] au lycée. La révolution a eu lieu au CBGB et Max's Kansas City, mais la vérité c'est que, dans une ville de huit millions de personnes, seulement 400 personnes savaient ce qui se passait. On disait aux jeunes de mon quartier qu'on aimait les Ramones, et ils disaient « Les Ramones puent ! Ils ne savent pas jouer ! Blah blah blah ». Mais n'empêche que tout le monde voulait venir à nos soirées, parce qu'on organisait les meilleures soirées. On était les outsiders avec qui tout le monde voulait être. Parce qu'on offrait quelque chose d'excitant et d'amusant. Alors que tout le monde était tellement ennuyeux.