THE HORRORS @ ROCK SCHOOL BARBEY
27/11/09
C'est quand je pense aux Horrors en particulier que je me dis qu'il faudrait revoir l'appellation de TEA, et qu'au lieu de mettre "le webzine qui met la culture en sachets", il faudrait écrire "fanzine". Parce que c'est ce que nous sommes, des fans qui écrivent d'abord et surtout sur ce qu'elles aiment. D'où le grand nombre d'articles consacrés aux Horrors. Parce qu'on ne se remet toujours pas de la claque "Sea Within A Sea" ni de la beauté de l'album Primary Colours. Parce qu'on aime tellement leur musique qu'après leur annulation à la Route Du Rock nous avons été dans l'incapacité de les boycotter malgré toute la volonté du monde.
C'était donc évident que nous profiterions de leur tournée pour voir enfin ces cinq Horreurs en live. Voici une chronique de leur concert à Bordeaux le week-end dernier, dans la mythique salle du Rock School Barbey. Vous avez été bien prévenus, cette review sera fatalement subjective, une review de fan, en somme.
Ce n'est pas un mais deux groupes qui ouvraient ce soir là pour les Horrors. Ils nous gâtent à Bordeaux. En premier étaient programmés Capsula, un trio de Bilbao (ville qui se situe en Espagne, comme chacun sait), qui fait du rock qui se veut expérimental (d'après leur myspace) se rapprochant vaguement du style des Horrors à leurs débuts (période Strange House), mais en moins bien. Déjà, il faut applaudir le courage du chanteur moustachu (ressemblant à Faris Badwan des Horrors, aurait-on programmé le groupe pour cette raison ?), premier homme de l'histoire du rock à oser la veste de jogging en satin bleu électrique taillée trop petit. Capsula n'est, musicalement parlant, pas vraiment marquant. Mais heureusement, à défaut de son, il y a les images. Et c'est même assez marrant de voir le chanteur-guitariste brandir sans cesse sa guitare vers le ciel (le plafond pardon) en la secouant très fort tel un sorcier vaudou ou un gagnant de la coupe du monde de football. Mais bon, ça va cinq minutes, ce petit manège à la fin de chaque chanson finit par lasser. Et puis décidément la chanteuse-bassiste (et ses poses qui se veulent aguicheuses mais sont ratées) est antipathique.
La deuxième première partie est assurée par les anglais de Factory Floor. C'est déjà nettement plus intéressant pour nos oreilles. Leur musique expérimentale, sûrement inspirée par Joy Division et le post punk (ici on pense plus à Primary Colours du coup), offre une atmosphère totalement hypnotique, sombre et inquiétante. Une découverte, donc. Même si à la fin, ça peut devenir vraiment pesant, et l'absence totale d'adresse au public renforce cette sensation. Leur set est de toute manière très court, à peine plus d'une demi heure. On pourrait en demander plus, mais attendre les Horrors un peu plus longtemps serait un supplice.
C'est avec "Mirror's Image" que les Horrors arrivent. C'est déjà beaucoup qu'ils soient là et n'aient pas annulé. Cinq sombres squelettes (leurs jambes sont aussi épaisses que les bras d'un mannequin pour Vogue) au look travaillé, impeccable, parce que les Horrors c'est aussi une esthétique. Un simple "bonsoir" prononcé. De toute façon, on imaginait mal trouver un groupe tout sourire avec Faris Badwan lançant des blagues Carambar à l'assistance. Niveau jeu de scène, on avoue avoir un faible pour celui de Rhys Spider Webb (avant aux clavier et aujourd'hui à la basse) qui effectue de jolis demi-tours sur la pointe des pieds avec une grande élégance, tandis que Faris a vissé ses mains à son pied de micro et se tord la cheville dans une posture de chanteur meurtri qui lui va bien. Leurs concerts devaient être plus énergiques quand ils jouaient Strange House tout de même. Puisque, comme Rhys nous avait prévenu en interview (en ligne en fin de semaine sur TEA), ils jouent la quasi-totalité de Primary Colours (excepté "Do You Remember"), et leur face B "Whole New Way".
Dommage, à cause d'un mauvais réglage, la voix de Faris est parfois peu audible. Il y a quand même des moments d'une rare intensité dans le set, comme la magnifique fin de "I Only Think Of You", où les instruments s'effacent pour mieux laisser entendre la voix de Faris, troublante. Et évidement "Sea Within A Sea" (en final) est un vrai régal. Comme dans le clip, Faris semble être un grand prêtre donnant une messe solennelle, bras ouverts vers le ciel. Puis chaque musicien part un par un.
Au rappel, changement de genre : place aux chansons de Strange House. Ils jouent "Count In Fives", "Gloves" et bien sûr "Sheena Is A Parasite". Ceci est une piqûre de rappel : les Horrors ont engendré un premier album de garage vraiment bon.