L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S

21.6.11

Lattes

On ne compte plus les paires connues. Paires de manches, paires de ciseaux, et même paires de musicos. Des duos, des couples, des frères, des amis, deux personnes ensemble qui font du bruit, y en a partout. Pour n'en citer que des cools, on a par exemple Elli et Jacno, The Black Keys, Schwefelgelb, Überreel, First Aid Kit, The Black Box Revelation, The Kills, Girls, The Fruhstucks, et les nouveaux venus: Monoski. Ces derniers ont récemment sorti leur premier LP No More Revelations, compilation des talents des suisses Lionel Gaillard et Floriane Gasser. On l'a bien aimé, et surtout, il nous a rappelé un autre disque super cool et grand absent de TEA en 2010: Tweak Bird. On profite donc de l'occasion pour dire notre amour des frères Bird sans oublier de chanter les louanges d'un jeune groupe qui le mérite bien.


MONOSKI
No More Revelations

Tout d'abord, parlons du monoski, l'objet, soit le truc le plus ringard des pistes qui emmerde tout le monde dans les files d'attente pour le téléski. C'est un peu dommage parce que le nom est fun. Mais franchement, le mec qui a inventé la chose devait être un peu sadique ou alors super fort à la course que tu fais gamin, les lacets de chaussures attachés entre eux. Perso, j'ai jamais compris quel plaisir il y a à avoir les deux pieds liés (à part en ce qui concerne le chapitre "sirènes") et encore moins comment on faisait pour se mouvoir avec. Mais bon,  heureusement, il existe aussi des fusions plus réussies comme, à tout hasard, Monoski, la paire.


Né de la collaboration de deux helvètes exilés à New York, le groupe est aujourd'hui de retour au pays et produit par le label Rowboat. Un mec à la guitare, une meuf à la batterie, des voix qui s'alternent et surtout, ce bon gros son dense, voilà l'essentiel de ce qu'il faut savoir du tandem. Sur l'album comme en live, on est soufflés par la force sombre que dégagent des morceaux comme "Empty Jail", "Black Lamps" ou encore "Prohibition Song". Une puissance sonore qui est pourtant le fruit de riffs plutôt simples et d'une sacrée dose de grosse caisse. Comme quoi, on n'est pas toujours obligé de faire compliqué pour faire bien - citation très bateau qui résume malgré tout assez clairement ce qu'on retient de No More Revelations : simplicité, rock (ou "post-rock" si on préfère) entre stoner et garage et une envie de secouer la tête de haut en bas en fermant les yeux tout en se prenant du pâté dans la gueule. Somme toute la seule association qui mérite de porter un nom qui sonne aussi bien.

De l'autre côté de l'Atlantique, on connaissait déjà un duo du genre, les pré-cités Tweak Bird qui ont sorti en 2010 un album éponyme jouissif pour quiconque apprécie la formule batterie + guitare (cf. feu les White Stripes). Cela dit, bien que consommatrice acharnée de ladite galette, je n'ai pas fléchi un seul instant en découvrant No More Revelations. En effet, les différences entre les deux LPs sont assez marquantes pour qu'on ne se lasse ni de l'un ni de l'autre. Tandis que les ricains expérimentent à coups de cuivres, de bidouillages électroniques et de "aaaah aaaah", Monoski se révèlent, quant à eux, plus aventureux dans l'érection d'une espèce de magma sonore qui s'efface parfois pour laisser place à des intermèdes faussement calmes et un rien oniriques ("Everybody's Going Home"). Sur Tweak Bird, ce genre de pause est simplement squatté par le saxophone. En parallèle, les Helvètes s'avèrent également très forts en variations de pulsion, répartition voire superpositions de voix, et alternance entre chant et quasi-parlé - Un jeu subtil auquel les Bird s'adonnent moins car occupés à insuffler un brin de psyché dans la bouillabaisse stoner.


Au final on ne saura trancher entre No More Revelations et Tweak Bird et c'est tant mieux, parce que ce qui compte, au fond, c'est que ces paires là arrivent à faire un sacré boucan et ce, même en petit comité.