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12.2.14

[Les fans] Se faire taper par un type qu'on adore

Pour notre dossier sur les fans, on a demandé à des gens de nous raconter comment ils vivaient la chose.


Texte et photo : Jérôme

Ça fait longtemps que j'ai laissé au placard toute ma panoplie de badges, clous et autres épingles à nourrice. Adolescent, c'était pourtant un passage obligé pour quiconque est fan de métal. Je me souviens de mes premiers "Hard n' Heavy" et ses compilations que je chérissais, des clips de métal qui passaient sur "RockTV" (une chaîne italienne sur Canal Satellite), et de l'émission "Ultra-Métal" sur MCM. A cet âge, c'est toute une vague de choses jamais vues qui te tombe dessus : des masques de carnaval qu'on trouve super cools aux maquillages de coccinelle ou de zèbre trop excellents, en passant par les albums portant la mention "Parental Advisory" parce qu'il y a plein de gros mots géniaux et des symboles sympas, même si on ne comprend pas vraiment ce qu'ils signifient.

Dans ma vie, pas d'alcool ni cigarette. Le métal agit chez moi comme une sorte d'aspirateur à frustrations, un peu comme si le mec qui s'égosille dans mes écouteurs s'énervait à ma place. J'ai besoin de ça. En plus, les morceaux métal sont souvent déstructurés et complexes, on a l'impression qu'il se passe sans cesse quelque chose, c'est juste génial. Plus jeune, c'était également bien suffisant pour être "rebelle". Ainsi au collège, les parents d'un ami ont convoqué ma mère, car cet ami avait écrit sur sa trousse : "Satan is my best friend". Horreur, malheur : ses parents se sont empressés de placer une petite crèche de Jésus dans sa chambre (véridique), et de le mettre en garde sur ma "mauvaise influence".

Beaucoup de personnes s'imaginent que les membres de groupes sont des croque-morts sataniques, alors qu'ils peuvent être professeurs, facteurs, ou même membres du jury de The Voice. Il y a tout une sorte de mythologie autour de cet univers. Je me rappelle de toutes les rumeurs qui circulaient au collège sur Marilyn Manson, selon quoi il se serait enlevé des côtes pour pouvoir se sucer lui-même, ou encore qu'il écrasait des poussins sur scène. Pour moi, le groupe met un masque le temps de l'album, comme un comédien joue un rôle au théâtre. Lorsque la pièce est finie, chacun reprend sa vie normale. Idem pour l'auditeur qui s'évade via cette musique. Je me suis toujours dit qu'il y avait un décalage entre les paroles de ces groupes et leur quotidien, mis à part quelques rares exceptions comme des chanteurs aux idées tellement nauséabondes qu'ils produisent des disques seuls - lorsqu'ils ne sont pas en prison. Je me suis toujours dit que de gros labels ne signeraient jamais des groupes réellement instables. J'avais tort.

7.4.12

Verschwände deine Jugend

Y a de ces vieux groupes, on ne sait même plus comment on les connait. D.A.F. par exemple. Peut-être que c'est inscrit dans les gènes de chaque germanophone. Peut-être que c'est les scandales engendrés à l'époque par cette musique crue, brutale et puissante qui a suinté jusqu'à nous. Peut-être qu'ils ont influencé des générations de musiciens à tel point qu'écouter D.A.F est un retour aux sources... Peut-être que c'est un mélange de tout ça. Toujours est-il que quand on a vu que D.A.F jouaient à l'Electron, à Genève, on n'avait pas d'excuse pour ne pas y aller. Au final, on a bien aimé le festival en question mais c'est surtout le concert pour lequel on s'était déplacé qui nous a fait vibrer. Nous sommes donc en mesure de proclamer à l'adresse de ceux qui ne le savaient pas déjà: Deutsch Amerikanische Freundschaft c'est de la bombe. C'est encore plus vrai en concert. Et si tu doutes encore, saches que mon poteau a pleuré d'émotion. Das ist Liebe.


D.A.F @Electron Festival, Genève
05/04/12

Déjà, on s'est fadé un bout de l'artiste d'avant - Kangding Ray - pour pouvoir accéder au premier rang. Ca n'était pas terrible (ça n'était pas du tout new wave quoi) mais à voir les visages ravis autour de nous, ça a plu quand même. De toute façon, on s'en fichait, on était là pour D.A.F. Tout comme pas mal de gens en fait. Et parmi eux des mecs un peu plus âgés qui nous ont raconté qu'ils avaient déjà vu D.A.F en 81. Genre l'année de la sortie de l'album culte Gold Und Liebe, genre en  trois ans d'existence, le duo hispano-allemand avait déjà sorti tous mes morceaux préférés et genre ils étaient encore jeunes et sûrement plein de fougue. Qu'est-ce que ça devait être de les voir en 81!

Heureusement, on n'a pas eu à regretter longtemps de ne pas être né vingt ans plus tôt, parce qu'à l'Electron, les concerts s'enchaînent rapidement (tellement agréable). Robert Görl est donc entré sur scène avant même qu'on ai l'impression d'attendre. Il a pressé un bouton sur une machine et s'est mis à la batterie. Tout de suite, ça a martelé sec. Et puis on n'a plus vu Görl jusqu'à la fin du live parce que le charismatique Gabi Delgado, svelte et apparement en pleine forme a débarqué et s'est emparé du micro. A partir de ce moment là, on n'a plus trop capté d'où venait la musique car d'une part, il n'y avait rien à voir. D'autre part, parce que toute l'attention se focalisait sur Delgado. Sérieusement, ce type est un aimant pour les yeux. Et il joui de ce pouvoir en parcourant la scène a grandes enjambées, un sourire goguenard fendant son visage.

 
 

Dès le début, le public était (évidemment) assez agité. D.A.F dégagent vraiment une énergie impressionnante et communicative. Le pire ça a été à partir du tube ultime, "Tanz der Mussolini", en deuxième ou troisième place sur la setlist. Les gens (dont une partie semblait ne connaître que ce titre) sont devenus fous. On se baissait, tapait dans ses mains, allait à gauche ou à droite selon les ordres chantés et puis des coups de coudes vicieux s’échangeaient çà et là parce qu'il fallait défendre sa place avec hargne. Dans la volée, "Verschwände deine Jugend" et tout le reste ("Sato-Sato", "Ich und die Wirklichkeit", "Kebab Träume, "Mein Herz macht Bum", etc., etc.) se sont enchaînés sans qu'on aie le temps de dire ouf. Delgado se versait des bouteilles d'eau entières sur le corps et serrait les mains tendues vers lui. Il en donnait à tout le monde et semblait vraiment content d'être là. A la fin, on a eu droit à un rappel sur "Der Räuber und der Prinz" et puis c'était vraiment fini. L'Electron est un festival, oh, fallait pas déconner avec l'horaire.


Donc D.A.F. c'était super. Le concert est passé vite et fort, tel un ouragan. Et comme le duo jouait tard dans la nuit, on a eu le temps de voir deux-trois trucs pas mal avant. On retiendra avant tout la sculpture mouvante "Cycloid" exposée au théatre Grü ainsi qu'un super concert hommage à John Cage et la prestation rafraichissante de Django Django. Le reste, on ne s'en souvient guère, assomés qu'on était par la force du duo doyen du festival.