L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S

4.11.09

"On veut lancer la mode des chats sans poils"


ITW THE RAMBLING WHEELS

"Parce que la vie c'est comme ça qu'elle te roule. Elle te saute dessus quand tu as l'âme encore tout endormie, elle t'y fait germer une image, ou une odeur, ou un son qu'ensuite tu ne peux plus ôter de là." Barrico

Dans un style moins littéraire, ils ont répondu à nos questions. "Ils" c'est pas lui, avec sa frange si longue qu'il ne voit plus rien mais plutôt Docteur Wheels, ses sourcils touffus + Mister Jonfox et sa moustache distinguée. En méga bonus, on a même eut droit à leur pote anglophone barbu.

Les poilus, c'est The Rambling Wheels de Neuchâtel. L'âme endormie? Que nenni. La preuve par une demi-heure d'entretien - entre confidences musicales et trips velus: Optime.
Au centre
Salut les Wheels, ça roule ?
Docteur Wheels : Ca roule. Ce soir, ça roule bien.
Mr Jonfox : Ah, ça roule vraiment bien. Ce soir, c’est un peu comme ces grands camions à 30 ou 40 roues qu’il y a en Australie.
DW : Et puis, ça roule tout droit, à travers le désert.
J : On verra !
DW : On se réjouit de jouer en tout cas.
On a cherché à définir l’émotion du moment où on est sur la scène et on a remarqué que c’est un peu comme dans l’enfance. Quand t’avais 10 ou 12 ans que tu faisais un sapin de Noël. Il y avait de gros cadeaux, tu savais que c’était des Legos – en tout cas pour les mecs – et tu te réjouissais d’aller les ouvrir et d’aller jouer.
Donc ce soir, c’est un peu comme un cadeau.
DW : Voilà. Un beau cadeau.


Vous avez choisi des surnoms assez originaux…pourquoi ?
DW : Une fois qu’on est sur scène on est vraiment un personnage différent. Ce n’est pas réfléchit mais naturellement on n’est pas la même chose que dans la vie réelle.
Un trip schizo ?
DW : Non.
J : Si, pour moi oui !
DW : Mais pas schizo, sinon ça serait un peu malsain. T’es pas malsain.
J : Ben si, sur scène, des fois je me sens un peu schizo.
DW : Ah bon ? (rires)
J : Je deviens un autre personnage, je suis vraiment autre chose. Des fois, je remarque que je suis ailleurs, complètement, et puis c’est vrai que quand je sors de scène, c’est toujours assez drôle parce que y a tout le trac qui est sorti et là, je deviens un peu plus discret, renfermé.
Mais est-ce que sur scène, il arrive que la « vraie » personne reprenne le dessus ?
J : Oui, des fois je pars dans une espèce de folie et tout d’un coup je me demande ce que je fais là. C’est cool aussi parce que c’est là que tu réalises vraiment.
DW : Il est vraiment schizo ! (rires)
J : Bon, ce soir, on a préparé un bon concert, prévu pas mal de choses donc Mr Jonfox va être présent mais derrière il y aura toujours l’autre qui va me retenir un peu, pour rester concentré.

Ce soir, toutes les toutes les prélocations ont été vendues (ce qui représente quand même 300 places), alors, stressés ou juste contents de jouer à la maison ?
DW : On ne se rend pas encore compte de la pression. Pour l’instant, je ne suis pas trop stressé mais euh…ne posez pas ce genre de questions, plus on en parle, plus ça monte ! (rires)
J : Si je sais à l’avance qu’il y aura du monde je me sens bien.
C’est toujours mieux que de jouer devant une salle vide.
J : Oui, c’est un poids en moins. On sait que le public sera là et qu’il est venu pour nous.
DW : De toute façon, même si la salle est vide, il faut donner la même chose.
J : Mais là, on sait que ça va prendre.

Vous êtes neuchâtelois – un handicap dans l’industrie de la musique ?
J : Il n’y a pas beaucoup de groupes de rock à Neuchâtel, on est assez vite « Le groupe de rock de Neuch’ ».
DW : Non, il y en a d'autres…mais on a remarqué qu’il suffisait d’être motivé, d’avoir des contacts et après on peut aller bosser dans d’autres villes plus importantes, comme on le fait avec notre label à Zürich. Là-bas, il y a plus de monde qui travaille dans la musique.
On a donc les même chances qu’à Lausanne par exemple.
DW : Oui.
J : Quand même, il y a eut une période où on n’arrivait pas à jouer sur l’arc lémanique, c’était difficile, on allait plus facilement en suisse-allemande. En fait, il faut juste se donner et y croire. Tout le monde s’en fout que tu sois neuchâtelois, lausannois ou zurichois, t’incarnes juste un groupe.

Racontez-nous votre pire concert.
J : On va essayer d’en trouver un autre que…
Il y en a donc plusieurs ?
DW : Non, non, celui de Londres, il n’est pas horrible, on avait juste mangé un truc qui nous a retourné le ventre. On était tous malade mais, mis à part ça, le concert s’est bien passé. Par contre, au Tessin…
J : La salle était grande et équipée mais c’était un squat. Personne n’y travaillait vraiment, ils ne faisaient aucune publicité. En plus, moi j’étais foutu, je ne sais pas si c’était le voyage…
DW : Un jet lag jusqu’au Tessin ! (rires)
J : …on m’a réveillé 5minutes avant le concert. Je n’étais absolument pas dans le truc. En plus il n’y avait personne. C’était glauque.
Le pire c’est qu’on dormait sur place. Ils nous ont emmené dans une espèce d’annexe où ils ne retrouvaient plus la lumière. Les interrupteurs sortaient du mur. On a dormi dans une salle pleine de matelas et de coussins mais le matin, quand tu te réveilles et que tu vois l’état du lieu… DW : T’as le coussin qui te reste collé à l’oreille ! (rires)

Dans la série des pires : quelle est votre pire expérience avec le Show-biz ?
J: On le découvre donc pour l’instant, c’est bien.
Il n’y a pas encore eut de déceptions.
DW : Non, il y a juste les disques qui sont arrivés un peu en retard dans les magasins mais on fait un peu les premiers pas. Au lieu de bosser tout seuls, on est entourés et aidés par des organismes et c’est totalement nouveau donc pour l’instant, pas de « pire truc » à raconter…faudra redemander dans 10ans...
On prend note.
DW : Si dans 10ans vous revenez, ça nous fera plaisir parce que ça voudra dire qu’on fera toujours de la musique.
J : Une déception quand même, c’était le concours du Caprices Festival. Ils mettaient beaucoup de choses derrière, disaient qu’il y avait une bonne reconnaissance à gagner, notamment dans l’arc lémanique. On a finit 3e, cool, mais sur place, ils profitaient un peu des groupes pour se faire de la musique gratuite. Finalement, question reconnaissance, c’était très moyen et l’accueil était détestable…
DW : Bon, ‘faut passer par là.
J : C’est vrai qu’on n’a pas le statut du grand groupe qui a ce qu’il veut. Quand même, il y a des endroits qui sont super sympas même à notre niveau.
MyCokeMusic, c’était mieux de ce point de vue là ?
J : En tout cas pour nous, étant donné qu’on a gagné. Mais les deuxièmes ont également reçu un prix qui était correct. C’était surtout bien pour la visibilité en fait. D’ailleurs, on a trouvé notre label par ce concours. En fait, il nous avait déjà repéré avant, parmi les 300 candidats. Sinon il y a aussi une marque de vêtements qui nous soutient maintenant. Ca montre qu’ils font un bon travail de promotion, auprès des professionnels aussi, et cela amène vraiment des choses au groupe.

Si vous étiez une femme célèbre ?
Elle est belle, c’est une actrice, elle chante bien et elle joue dans des bons films.
J : Actuellement, je ne sais pas. Par contre, j’ai longtemps bien aimé Sandra Bullock.
C’est marrant parce qu’on aime des actrices plutôt que des chanteuses.

Là, l’ingénieur du son débarque, il cherche un truc. S’il pouvait être une femme célèbre, ce serait Catherine Zeta-Jones (« parce qu’elle est bonne »). Son nom à lui, c’est Mister i. Du coup, cela inspire quelques questionnements existentiels à Mister Jonfox :

JF : Au fait, je me suis toujours demandé : moi, c’est Mister Jonfox mais on peut m’appeler Jonfox et c’est cool. Mais toi, on t’appelle comment, Wheels ?
DW : Ouais, Wheels…
JF : Et Fuzzy O’Bron on peut aussi l’appeler Fuzzy
DW :…ou alors « W »...Dobeuliou ! (rires).
Mais Docteur Wheels ça me va…ou alors Docteur !
J : Aaah, ouais !
DW : Mais ça fait un peu pervers.
Mister i and Docteur Jeckyll (hahaha)
J: Bon lien avec la schizophrénie.

Les petits rigolooos!


Vous nous racontez des contes velus, vous avez des cheveux bizarres…d’où vous vient cette passion pour les poils ?

DW : Déjà, on aime bien déconner avec plein de choses, plein de mots. « Furry Tales », c’est un jeu de mot avec « Fairy Tales », qui veut dire « contes de fées ». Après, on a plein de cheveux, des moustaches, des sourcils, des poils…On a créé un univers autour de tout ce qui est poilu parce que c’est un peu kitsch, années 70…en fait, on aime bien tout ce qui est à poils.

Et au milieu de tout cela, vous avez un chat sans poils qui contraste…comment vous est venue cette idée ?
J : C’est un chat Sphinx.
DW : L’idée nous est venue tout naturellement.
J : Il nous fallait un animal qui soit à l’opposé de toute cette fourrure noire.
Mais vous connaissiez déjà ?
J : Non, en fait on a tapé « chat sphinx » sur le net…
DW : « chat à poil » - on voulait voir comment c’est un chat tout nu.
J : …et on est tombé sur un élevage à la Chaux-de-Fonds ; une dame très sympa.
Et il s’appelle comment LE chat ?
DW : Damas
J : En fait, il n’y en a pas qu’un seul.
DW : C’est vrai, il y en a des roses, des gris,…de toutes les couleurs en fait. Peut être pas fluo mais…
Des chats OGM.
DW : Oui, ces chats, c’est comme la mode des Chihuahuas. Personne ne les aimait et maintenant, tout le monde les adore. On a donc envie d’être les précurseurs de la mode du chat sans poils.
J : Le problème c’est que « Chihuahua », c’est quand même vachement bien pour une chanson.
DW : Mais il y a déjà un type qui l’a fait.
J : C’est pour cela que ça marche, les Chihuahuas. Parce que chanter « Chat sphinx, chat sphinx»…
DW : Naked cat !...faut qu’on y réfléchisse.

Pour en revenir aux poils. Vos coupes de cheveux, c’est pour le groupe ?
DW : J’ai fait des implants aux sourcils. On m’avait dit, « Tu n’as pas tellement de cheveux, tu les perds, t’es poilu mais ça se voit pas quand tu mets des costumes, alors qu’est ce que tu peux faire… »
Ben, à poil.
DW : Oui mais je n’assumerais pas.
Et Jonfox ?
J : Ce n’est pas vraiment exprès dans le sens où quand on a fait le groupe, je ne me suis pas dit « je vais faire des cheveux longs pour le groupe » mais plutôt « j’ai un groupe et je peux avoir les cheveux longs. » C’est vrai qu’avant, j’avais vraiment une gueule de con. (rires.)
Maintenant j’ai peut être encore une gueule de con mais c’est plus rigolo. Parce qu’avant, j’avais les cheveux en pics.
DW : Argentés !
Sympa. (Nous n’avons malheureusement pas obtenu de pièce à conviction.)
J : En fait, j’aime bien les vraies « gueules ». Je ne cherche pas absolument à être une de ces personnes mais lorsque quelqu’un a une particularité comme ça, ça me fait rire et je trouve ça bonnard.
Et c’est un peu votre marque de fabrique; dans chaque article on parle de vos coupes, moustaches, sourcils…
J : Oui. Mais je vais les couper.
Le scoop !
DW : Les confidences !
J : Pour le prochain album peut être. Je ne sais pas trop.
En fait, dans ma famille, ils ont tous des calvities donc je n’ai pas le choix, je vais devoir couper mes cheveux.

Pour en revenir à la musique, vous avez collaboré avec Mark Kelly. Qui est-ce ?
DW : C’est un Songwriter qui vient de Manchester.
Un géant velu débarque à l’instant « Ah tiens, on parlait de toi. ».
DW : Bon, Mark Kelly c’est un grand artiste qui a une présence scénique et des chansons très belles.
Mark Kelly avec son accent : Mais là, tu suces ma bite ! (rires)
DW : Notre label avait bossé avec lui et étant donné qu’on voulait faire des textes en anglais bien faits, bien corrigés, bien prononcés, ils nous ont proposé de travailler avec Mark.
Au début, je n’avais pas envie parce que j’ai pensé que j’allais devoir faire du reggae…en fait, pas du tout. On a fait une chanson et ensuite c’était logique qu’on les fasse toutes ensemble.
Ca a changé votre approche de la musique?
DW : Oui, maintenant, je n’ai plus honte de chanter.
J : On a remarqué qu’avant, sans vouloir être méchant, Raph’ était un excellent guitariste qui chantait et maintenant, pour moi, c’est un excellent guitariste et un excellent chanteur.
Et donc, Mark, comment c’était de bosser avec eux ?
MK : Le premier jour c’était difficile.
DW : Ouais, j’étais seul avec lui, on a bossé sur les paroles, on a aussi modifié certaines mélodies.
MK : La première fois, il est venu chez moi et c’était assez vague parce qu’on m’avait dit « tu bosses avec un chanteur » et moi, je n’avais jamais bossé avec un chanteur. C’était…choquant (rires)
DW : C’est vrai que le premier morceau, c’était dur quand même
MK : Mon travail, c’était de tourner les mauvaises paroles en de bonnes et aussi de travailler l’accent de Raph’.
DW : J’ai compris que quand tu chantes les bons mots, ça dégage beaucoup plus.

On s’appelle TEA, vous aimez le thé ?
DW : J’adore le thé. J’invite même des filles à venir en boire chez moi.
C’est un petit truc.
DW : Oui, mais ‘faut pas le dire. Non, en général c’est parce que j’aime le thé.
MK : J’adore le thé. J’aime bien celui au gingembre, avec du miel et du gingerbread.
J : Moi je n’aime pas trop le thé sauf quand je suis malade et comme actuellement je suis malade, j’aime bien le thé.

Pour terminer, on a lu que votre but était de faire danser les filles et que, finalement, vous les faites rire. On est des filles et on aime bien rire – vous nous racontez un witz ?
DW : Que disent deux chats qui s’aiment ?
On est félin pour l’autre.
J : Mais elles rigolent pas beaucoup !
DW : Elles la connaissaient déjà.


Et vous, vous avez rit ?


Sinon, les Wheels c'est chouette en live aussi - ici.