Julien Fernandez est le grand manitou de la tribu Africantape. Accessoirement, il joue aussi dans deux groupes géniaux: Chevreuil et Passe Montagne. On a parlé de ses activités au sein de son label dans la première partie de cette interview. Il s'agit maintenant d'en apprendre un peu plus sur son moi-batteur. Celui qui a transpiré la bouche ouverte au milieu de la Case à Chocs puis du Romandie en éclatant vigoureusement nos tympans joyeusement consentants.
PARTIE 2 : CHEVREUIL ET PASSE MONTAGNE
Il parait qu'avec Africantape, tu produis des groupes dont tu rêves d’être le batteur. Ce n'est pas un peu frustrant ?
Je ne rêve pas de prendre la place de leur batteur. Mais c'est vrai que souvent, je me reconnais dans la batterie d'un groupe. Je me dis que j’aimerais bien faire ce que le batteur fait.
Et si tout à coup il y avait une place vacante, tu remplacerais ?
Oui, pourquoi pas.
Mais aurais-tu le temps ? Tu joues déjà dans deux groupes...
On peut toujours s'arranger.
Sauf erreur, le premier des deux - Chevreuil - a démarré à l'école d'art de Nantes. Avais-tu déjà joué de la musique avant cela ?
Quand j’étais ado, oui, j’avais un groupe. J'écoutais des trucs qui me motivaient et j'essayais de faire la même chose avec des copains. Mais on a abandonné.
Après, je n'ai plus du tout joué pendant trois ans passés à l'école d'art. Puis j’ai rencontré Tony et on s’est mis à faire de la musique ensemble. On a tout de suite créé Chevreuil. C’était vraiment notre truc. On n'aimait pas trop l'école parce qu'on s'y ennuyait beaucoup donc on a eu l’idée de faire ce nouveau truc beaucoup plus divertissant : Chevreuil.
Ca a tout de suite marché ?
Non, pas vraiment. C’était un peu flip flop parce qu'on était des losers. Techniquement, on était vraiment nuls. Et puis les gens pensaient qu’on était extrêmement prétentieux. D'une part parce qu’on voulait absolument jouer au milieu du public. Et aussi parce qu’on utilisait quatre amplis.
Effectivement, le système que Tony a inventé, c'était un peu bizarre à l'époque. C'était presque comme s'il avait inventé une machine pour aller dans le futur.
Effectivement, le système que Tony a inventé, c'était un peu bizarre à l'époque. C'était presque comme s'il avait inventé une machine pour aller dans le futur.
C’est quoi ce truc ?
C'est un système quadriphonique. Tony joue avec une seule guitare mais créé des boucles différentes pour chaque ampli. C’est devenu hyper commun maintenant, mais à l’époque c’était…voilà. Et donc on passait pour des gros prétentieux.
Pour ne rien arranger, nos concerts étaient très mauvais. Nous avions de l'idée mais nous n'étions pas bons du tout. Heureusement, au bout d'un moment, à force de jouer, on a commencé à s'améliorer un peu. On a même fait des disques et plusieurs labels nous ont suivis. Il y a un label parisien qui était avec nous dès le début. Et maintenant on a aussi un label au Japon et un autre aux Etats-Unis. Grâce tout ça, on a persisté dans notre voie.
Mais à un moment, vous avez fait une pause.
Mais à un moment, vous avez fait une pause.
Oui. On a arrêté pendant six ans. On a repris en novembre dernier et maintenant, on sait vraiment bien jouer notre musique... après dix ans !