L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S
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21.4.13

Tout feu tout femme

Il est toujours intéressant de suivre l'évolution d'un travail, surtout quand celui-ci surprend, quitte à perdre quelques adeptes en route. Barbara Lehnhoff, qui vient de sortir un nouveau single dans la peau de Camilla Sparksss exemplifie à merveille ce lieu commun. Plus connue jusqu'ici pour son duo avec Aris Basseti en tant que Peter Kernel, la suisso-canadienne est désormais au manettes d'un projet plus électronique, épaulée à la tâche par une copine danseuse (celle qui se déshabillait dans le clip "Panico" ouais ouais). Ceux qui aimaient la franchise des riffs coup de poing de Peter Kernel auront sans doute plus de peine avec le côté "crystal castles couche avec the soft moon" de Camilla Sparksss. Reste que les t-shirts déformés, les cheveux dans les yeux et l'énergie sauvage de Barbara n'ont pas disparu pour un sou. Du coup on a tendance à penser que Camilla Sparksss, c'est cool aussi.



Le "Precious People" sorti mercredi ponctue non seulement le tournant musical, il affirme aussi une nouvelle esthétique visuelle plus pastelle, plus "féminine" pourrait-on même avancer, puisque les figurantes dans les clips de Camilla Sparksss sont toujours des filles. "Les" clips d'ailleurs, parlons-en : ils sont deux et ont été tournés par Barbara, cinéaste de formation. Tandis que "Precious People" mélange les fleurs et les claques, le premier single "I'll Teach You To Hunt" se termine en une espèce de cirque bizarroïde de jambes écartées et allumettes de bengale. On se croirait dans un univers tumblr mais les visages impassibles transmettent plus le malaise que l'euphorie enfantine. Là :


1.4.12

"Nous chantons comme des poulets"

Peter Kernel n'existe pas, c'est un groupe. Il est tessinois (une région italophone au sud de la Suisse) et elle est canadienne. A la manière de Betty Bossi, ils ont choisi un nom de personnage fictif pour labelliser leurs créations. Parmi lesquelles, cette musique qu'ils qualifient d'"art-punk", soit un bon coup de pied dans les fesses de auditeurs blasés qui pensent que la musique suisse est ennuyeuse. Lors de leur passage à Fri-Son vendredi dernier, on les a rencontrés pour discuter et rire (beaucoup). Ils ont ensuite bien profité du distributeur de bières des backstages avant de livrer un concert énervé comme on les aime. Une prestation marquée par la complicité entre la chanteuse et le guitariste sautillant ainsi qu'un bel esprit punk.

INTERVIEW PETER KERNEL

TEA : Commençons par clarifier un peu le line up du groupe. La dernière fois qu'on vous a vus, vous aviez un batteur avec des dreads (vraiment) et là vous n'êtes que deux. Comment ça se fait?
Aris: A la base, on a essayé de créer un vrai groupe, pas un duo. Mais comme nous sommes un couple dans la vraie vie, pour nous c'est très facile d'agender des concerts et des répèts. Les autres musiciens, en revanche, ont leurs propres familles, leurs propres boulots, on a de la peine à s'arranger.
Vous pourriez faire un couple à trois.
Barbara: On a essayé mais je ne crois pas que Ema s'intéresse à moi. Il aime bien Aris par contre (rires). En fait je pense que si on lui proposait, sa femme ne serait pas très contente.
Aris: Finalement nous avons opté pour une autre solution: Peter Kernel, c'est juste nous deux, et puis nous avons 2-3 amis qui se relaient à la batterie, en fonction de leurs disponibilités.
Barbara: Sur le premier album toutefois (How To Perform A Funeral, ndlr), nous étions quatre. Deux couples en fait. Mais la guitariste et le batteur ont rompu, puis ils ont quitté le groupe.
Et si vous vous séparez, il n'y aura plus de Peter Kernel?
Aris: Je ne sais pas. Je me suis déjà posé la question mais sérieusement, je sais pas. Peut-être qu'on peut continuer à faire de la musique tout en se disputant tout le temps.
Barbara: On pourrait être des lutteurs.
Aris: De toute façon on se dispute déjà tous les jours.
Barbara: On se dispute seulement à propos de Grégoire (leur batteur ce soir là, ndlr).

19.1.12

"On va à l'extrême de ce qu'on sait faire"

Julien Fernandez est le grand manitou de la tribu Africantape. Accessoirement, il joue aussi dans deux groupes géniaux: Chevreuil et Passe Montagne. On a parlé de ses activités au sein de son label dans la première partie de cette interview. Il s'agit maintenant d'en apprendre un peu plus sur son moi-batteur. Celui qui a transpiré la bouche ouverte au milieu de la Case à Chocs puis du Romandie en éclatant vigoureusement nos tympans joyeusement consentants. 


INTERVIEW JULIEN FERNANDEZ
PARTIE 2 : CHEVREUIL ET PASSE MONTAGNE

Il parait qu'avec Africantape, tu produis des groupes dont tu rêves d’être le batteur. Ce n'est pas un peu frustrant ?
Je ne rêve pas de prendre la place de leur batteur. Mais c'est vrai que souvent, je me reconnais dans la batterie d'un groupe. Je me dis que j’aimerais bien faire ce que le batteur fait.
Et si tout à coup il y avait une place vacante, tu remplacerais ?
Oui, pourquoi pas.
Mais aurais-tu le temps ? Tu joues déjà dans deux groupes...
On peut toujours s'arranger.

Sauf erreur, le premier des deux - Chevreuil - a démarré à l'école d'art de Nantes. Avais-tu déjà joué de la musique avant cela ?
Quand j’étais ado, oui, j’avais un groupe. J'écoutais des trucs qui me motivaient et j'essayais de faire la même chose avec des copains. Mais on a abandonné.
Après, je n'ai plus du tout joué pendant trois ans passés à l'école d'art. Puis j’ai rencontré Tony et on s’est mis à faire de la musique ensemble. On a tout de suite créé Chevreuil. C’était vraiment notre truc. On n'aimait pas trop l'école parce qu'on s'y ennuyait beaucoup donc on a eu l’idée de faire ce nouveau truc beaucoup plus divertissant : Chevreuil.
Ca a tout de suite marché ?
Non, pas vraiment. C’était un peu flip flop parce qu'on était des losers. Techniquement, on était vraiment nuls. Et puis les gens pensaient qu’on était extrêmement prétentieux. D'une part parce qu’on voulait absolument jouer au milieu du public. Et aussi parce qu’on utilisait quatre amplis.
Effectivement, le système que Tony a inventé, c'était un peu bizarre à l'époque. C'était presque comme s'il avait inventé une machine pour aller dans le futur.
C’est quoi ce truc ?
C'est un système quadriphonique. Tony joue avec une seule guitare mais créé des boucles différentes pour chaque ampli. C’est devenu hyper commun maintenant, mais à l’époque c’était…voilà. Et donc on passait pour des gros prétentieux.
Pour ne rien arranger, nos concerts étaient très mauvais. Nous avions de l'idée mais nous n'étions pas bons du tout. Heureusement, au bout d'un moment, à force de jouer, on a commencé à s'améliorer un peu. On a même fait des disques et plusieurs labels nous ont suivis. Il y a un label parisien qui était avec nous dès le début. Et maintenant on a aussi un label au Japon et un autre aux Etats-Unis. Grâce tout ça, on a persisté dans notre voie.
Mais à un moment, vous avez fait une pause.
Oui. On a arrêté pendant six ans. On a repris en novembre dernier et maintenant, on sait vraiment bien jouer notre musique... après dix ans !

17.1.12

"Les CDs c'est de la merde"

Julien Fernandez est batteur dans les groupes Chevreuil et Passe Montagne. Accessoirement, il gère aussi son propre label : Africantape. Ses multiples activités l'ont amené en Suisse en novembre dernier alors on en a profité pour le rencontrer. D'abord autour d'une dîner où le type jonglait avec les trois langues des convives sans même avoir l'air de s'en rendre compte. Puis dans le seul coin à peu près tranquille des coulisses du Romandie, pour un entretien d'une heure à propos de tous les trucs trop cools qu'il fait. En résulte une interview fleuve qu’on a divisé en deux rivières de taille moyenne. D'un côté, le bras "Julien F., Producteur", charriant des groupes trop cools qui plairont à tout ceux qui affectionnent "des trucs extrêmes, très viscéraux". De l'autre, "Julien F., Musicien", lequel fait pression sur les tympans jusqu'à l'extrême à coups de baguettes (mais ça pourrait tout aussi bien être des battes). En résumé, Julien Fernandez est un type hyperactif mais aussi hyper intéressant. Voyez par vous-même.


INTERVIEW JULIEN FERNANDEZ
PARTIE 1: AFRICANTAPE

Comment est-ce que tout à commencé ?
En fait, je n’ai jamais eu l’ambition d’avoir un label. C’est arrivé un peu par hasard. Un jour, j’ai reçu un enregistrement qui m’a plu et j’ai décidé de le sortir avec mon propre label.
Ca n’a pas été trop dur ?
J’avais déjà travaillé pour des labels auparavant donc je connaissais déjà un peu le fonctionnement. J’avais aussi rencontré beaucoup de gens en tournant avec Chevreuil donc je pouvais m’appuyer sur une base très solide pour commencer le projet. J’ai fait un premier disque début 2008. Puis un deuxième, la même année. En 2009 je crois que j’en ai fait 4 et puis en 2010, j’en ai fait 10.
Comment es-tu passé de 4 à 10 ?
J’ai reçu plein de trucs super et j’ai eu envie de tout faire ! Mais ouais, 10 par an ça représente un rythme extrêmement soutenu. En 2011 j’en ai fait presque 10 aussi. Mais je vais me calmer un peu je crois. Je n’ai pas envie que ce soit tout le temps aussi intense.

Y a-t-il des labels qui t’ont inspiré dans ta démarche ?
Aujourd’hui ? Non. Mais quand j’étais plus jeune, y a plein de labels qui m’ont inspiré. Touch and Go en particuler. Sinon, j’ai commencé par travailler dans l’édition de livres. Dans ce milieu là, il y a les éditions Allia et Christian Bourgois qui m’ont aussi beacoup inspiré.
Ce sont eux qui t’ont donné envie de te lancer ?
Non, mais je me rappelle que quand je regardais ce qu’ils faisaient je me disais : "Putain, comment ils font ? Ca doit être génial !" Et puis ça a été mon tour. Mais mon label a une image complètement différente. Peut-être qu’en le développant, j’avais ces modèles là un peu inconsciemment dans ma tête.

Tu habites à Pescara, en Italie. Comment gères-tu ton label alors que tu es géographiquement plutôt isolé ?
Pescara c'est la zone. C'est une plutôt grande ville mais au fond, c'est un trou paumé. J’aime bien être un peu coupé des trucs, près de la mer, dans un lieu de vacances. J'y habitais déjà avant de faire le label. C'est peut-être justement parce que j'étais isolé que j'ai décidé de faire Africantape. Ou alors c'est parce que je m'emmerdais trop.