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24.3.12

"Tu devrais monter un groupe et l'appeler "The Tea's""

S'il n'y avait pas eu un bug à London Bridge lors d'une soirée pluvieuse, on n'aurait jamais vu les Still Corners au Bad Bonn. Du moins, pas sous cette forme. En effet, chez ce groupe américo-briton, tout repose sur l'heureux hasard de la rencontre entre le musicien Greg Hughes et Tessa Murray, la chanteuse à la voix éthérée. Ensemble, ils ont réalisé un premier LP  dream pop langoureuse plutôt réussi -  Creature of an Hour. On les a découverts en concert mercredi dernier et c'était bien, gentil, atmosphérique. Dans sa robe blanche, Tessa prenait des airs d'enfant perdue, comme s'il n'y avait pas d'autre moyen d'incarner une voix de petite fille timide. Pendant ce temps, en retrait, à la batterie, Greg supervisait les opérations. Épaulés par un guitariste et un bassiste, le duo a enchaîné les titres pendant qu'en fond s'égrainaient des images de vieux films. Un peu comme dans "Video Games" tsé, mais en plus joli. On retient notamment cette version d'Alice au Pays des Merveilles en carton ainsi que les jolis losanges N/B. Paradoxalement, notre moment musical favori fut celui où, pendant quelques minutes, les musiciens se sont adonnés à une partie instrumentale à la croisée entre mantras kraut et intro à la "Sea Within A Sea". Cela dit, on a quand même bien apprécié les "History of Love" et autres "Endless Summer" exécutés avec précision (comprendre ici "exactement comme sur l'album"). Sans parler de la nouvelle chanson "Blue Eyes", en mode Beach House blond. Mais ce qui importe ici, c'est qu'on a  discuté avec le groupe autour d'une eau citronnée en début de soirée. On pense avoir tout compris et bien retranscrit malgré le soundcheck de Buvette, qui dévoilait son nouvel album en première partie ce soir là.


 INTERVIEW STILL CORNERS

On peut lire partout que vous vous êtes rencontrés par hasard sur un quai. Que se serait-il passé si vous n'aviez pas pris le train ce jour là?

Greg Hughes: Je ne sais pas.
Tessa Murray: Il aurait sûrement rencontré une autre chanteuse.
Greg: Tu crois? Je ne sais pas.
Tessa: Still Corners serait très différent.
Greg: Ca c'est certain.
Y aurait-il tout de même un groupe du nom de Still Corners?
Greg: Oui. Je sortais déjà des trucs sous ce nom avant.
Donc sur l'EP "Remember Pepper", ce n'est pas Tessa qui chante?
Greg: Non, c'est une autre personne. Mais parfois, les gens confondent.
Tessa: Je crois qu'ils aiment bien ce côté romantique de la formation du groupe, basé sur une rencontre inattendue. Mais en fait, je n'ai fait que rejoindre un groupe déjà existant.



7.3.12

Petit canari ébouriffé chantant comme Dieu


Les rééditions ont cette capacité de nous rappeler l'existence de groupes géniaux (parfois) mais dont on avait quelque peu oublié l'existence. Le label 4AD vient de ressortir en vinyle Stars And Topsoil, une compilation des meilleurs morceaux des Cocteau Twins, initialement parue en 2000.  L'occasion idéale pour se (re)plonger dans la  dense discographie de ce trio des années 80. 

La vie à Grangemouth, morne ville d'Écosse, doit sentir un peu le moisi quand on est jeune en 1979. Deux garçons d'à peine 20 piges décident de faire de la musique. Un soir dans un club ils remarquent une fille qui danse, et ils lui demandent de chanter pour eux. Coup de bol,  Elizabeth Fraser a une voix magnifique. Le groupe se baptise d'après une chanson de Simple Minds quand ils ne s'appelaient pas encore Simple Minds et faisaient encore du punk. Très vite, les Cocteau Twins signent chez 4AD, le label britannique qui connait ses grandes heures dans ces années-là justement. A la sortie de Garlands, en 1982, la critique voit une grande parenté avec Siouxsie And The Banshees et qualifie hâtivement le trio écossais de gothique. S'il est vrai que ce premier album est plutôt sombre, à l'image de l'excellent "Blind Dumb Deaf", les Cocteau Twins, au fil d'années prolifiques (six LP entre 1982 et 1990) explore plutôt du côté de la dream pop, mâtinée de guitares plus heavy. Mais la grande caractéristique des Cocteau Twins est la voix de leur chanteuse. Elizabeth Fraser, bien qu'elle fasse un peu peur avec ses grands yeux clairs et sa coiffure de petit canari énervé, gagne mille points de charisme quand elle émet des sons. La soprano a la voix féérique (on parlera plus tard de heavenly voices), habitant chaque morceau d'une aura singulière. Quelqu'un a dit une fois que c'était "la voix de Dieu", ni plus ni moins. Elle a aussi une façon toute particulière de chanter ses textes, la plupart du temps on ne comprend même pas ce qu'elle raconte, comme si elle s'attachait plus à la façon de chanter des paroles qu'aux paroles elles-mêmes. Après la période 4AD, les Cocteau Twins ont signé deux albums sur une major, avant de se séparer en 1997. Depuis, chaque membre s'est essayé à la carrière solo et Robin Guthrie et Simon Raymonde ont fondé le label Bella Union, qui a un catalogue plutôt recommendable.